L'Ukraine retient son souffle à la veille des législatives anticipées

  • Une affiche montrant des soldats ukrainiens avec des habitants de Slavyansk, déplopyée le 24 octobre 2014 place de l'Indépendance à Kiev
    Une affiche montrant des soldats ukrainiens avec des habitants de Slavyansk, déplopyée le 24 octobre 2014 place de l'Indépendance à Kiev AFP - Sergei Supinsky
  • Date des élections législatives, nombre de députés à élire, modes de scrutin, nombre de partis et de candidats, sondage, particularités régionales en Crimée, à Donetsk et Lougansk
    Date des élections législatives, nombre de députés à élire, modes de scrutin, nombre de partis et de candidats, sondage, particularités régionales en Crimée, à Donetsk et Lougansk AFP - J.M. Cornu/P. Defosseux
  • Des passants devant une affiche d'Arseniy Yatsenyuk le 24 octobre 2014 à Lviv
    Des passants devant une affiche d'Arseniy Yatsenyuk le 24 octobre 2014 à Lviv AFP - Yurko Dyachyshyn
  • Un convoi de soldats ukrainiens le 22 octobre 2014 à Slavyansk
    Un convoi de soldats ukrainiens le 22 octobre 2014 à Slavyansk AFP - Dominique Faget
  • Répartition des députés au Parlement ukrainien sortant
    Répartition des députés au Parlement ukrainien sortant AFP - S.Ramis/D. Mayer
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Centre Presse Aveyron

L'Ukraine retient son souffle avant les élections législatives anticipées de dimanche, lors desquelles les pro-occidentaux comptent renforcer leur pouvoir, en pleine crise dans l'Est séparatiste prorusse.

"Nous allons enfin élire un Parlement pro-Ukraine et non pro-Moscou, déterminé à lutter contre la corruption au lieu d'être rongé par les pots-de-vin, et pro-européen", a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko lors de sa dernière visite de la campagne électorale, qui s'est achevée vendredi.

Les élections se déroulent pendant une période extrêmement difficile pour cette ex-république soviétique située aux portes de l'Union européenne. Elle a perdu en mars la Crimée, rattachée à la Russie à la suite d'un référendum non reconnu par les Occidentaux, et elle est confrontée à une insurrection armée prorusse dans le bassin minier du Donbass. Les combats entre les forces de Kiev et les insurgés ont fait plus de 3.700 morts depuis la mi-avril, selon l'ONU.

Plus de 824.000 personnes ont été forcées de fuir leur foyer à cause des hostilités, selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR): 430.000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays, 387.000 ont fui en Russie, et 6.600 ont demandé l'asile dans l'UE.

Le processus de paix lancé par M. Porochenko n'a pas mis totalement fin aux combats entre l'armée et les séparatistes, qui contrôlent une partie des régions de Donetsk et Lougansk, s'apprêtent à organiser leurs propres élections le 2 novembre.

- Tirs à Donetsk -

Un cessez-le-feu a été conclu début septembre entre Kiev et les rebelles avec la participation de la Russie, mais des combats se poursuivent dans quelques poches de résistance, provoquant presque quotidiennement la mort de civils.

A Donetsk, des tirs d'artillerie ont régulièrement retenti vendredi dans le secteur de l'aéroport, un des points les plus disputés ces dernières semaines.

Aussi bien les insurgés que les autorités de Kiev ont dit à l'AFP s'attendre à une recrudescence prochaine des combats.

Alors que la Russie est accusée par Kiev et par les Occidentaux de fournir des armes aux rebelles dans l'Est et d'y avoir déployé des troupes régulières, le président russe Vladimir Poutine a déploré vendredi "le manque de bonne volonté de la part des autorités de Kiev" pour résoudre le conflit "par la voie pacifique".

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a affirmé que des soldats des forces régulières russes se trouvaient toujours sur le territoire ukrainien et a appelé Moscou à les retirer.

La Russie, pour sa part, nie que ses forces régulières soient présentes en territoire ukrainien.

- Réformes urgentes -

M. Porochenko a appelé les Ukrainiens à voter en masse pour "achever la formation d'un nouveau pouvoir commencé en juin", avec son entrée en fonction à la place du prorusse Viktor Ianoukovitch, en fuite en Russie depuis février.

A ce propos, M. Poutine a déclaré, pour la première fois, que la Russie avait aidé en février M. Ianoukovitch à se réfugier en Crimée, puis en Russie.

M. Ianoukovitch avait fui Kiev alors en proie aux violences. "Dans de telles circonstances, un retour à Kiev aurait été insensé", a déclaré le président russe lors du forum du Club de Valdaï à Sotchi, sur les bords de la mer Noire. "Ianoukovitch a demandé qu'on l’emmène en Russie, et nous l'avons fait", a-t-il dit.

Pour la première fois de l'histoire de l'Ukraine post-soviétique, le Parlement devrait être largement dominé par les pro-occidentaux en raison de la montée des sentiments antirusses. Mais le vote n'aura pas lieu dans les zones traditionnellement prorusses du Donbass tenues par les insurgés.

La France, l'Allemagne et la Pologne ont apporté vendredi leur soutien au processus électoral en Ukraine, lors d'une réunion ministérielle près de Paris.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a souhaité qu'il n'y ait "pas de perturbations dans des circonscriptions et des bureaux de vote". Son homologue français, Laurent Fabius, a souhaité que l'Ukraine "ait à la fois de très bonnes relations avec l’Union européenne et de très bonnes relations avec la Russie".

Deux formations héritières du Parti des régions du président déchu Ianoukovitch, Ukraine forte et Bloc d'opposition, pourraient franchir la barre des 5% nécessaires pour entrer au Parlement, mais les communistes risquent de ne plus être représentés.

Le mouvement du président est en tête des sondages avec plus de 30% des intentions de vote, suivi d'autres formations pro-occidentales. Il espère une majorité suffisante pour permettre la conduite de réformes vitales pour ce pays très corrompu et qui subit une profonde récession aggravée par le conflit armé.

Avec l'arrivée de la saison froide, le nouveau Parlement devra en outre résoudre d'urgence le conflit gazier avec Moscou, qui prive l'Ukraine de gaz russe depuis juin et risque de perturber les approvisionnements européens.

Les négociations doivent reprendre la semaine prochaine et Kiev a d'ores et déjà demandé aux Occidentaux une rallonge de 2 milliards de dollars pour acheter du gaz russe.

Source : AFP

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