Gilbert Espinasse, un «agriculteur de conscience»

  • Yves Garric nous invite à rencontrer un agriculteur courageux et tenace, Gilbert Espinasse.
    Yves Garric nous invite à rencontrer un agriculteur courageux et tenace, Gilbert Espinasse. DL
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D.L.

Film. Yves Garric vient de réaliser un long-métrage qui permet de mieux appréhender toute la dimension humaine que revêt le choix d’une agriculture bio. À travers le portrait de Gilbert Espinasse, à Druelle, en courageux et généreux précurseur.

L’homme crève l’écran. Planté comme un roc sur ses terres «maigres et pentues» qui dévalent depuis Sévignac, près de Druelle, jusqu’à la rivière Aveyron. Gilbert Espinasse, pétri d’humanité, ne manque ni d’humour ni de malice. Et l’éclat de son regard signe une vive intelligence, ce bon sens paysan allié à une curiosité portée sur tout ce qui l’entoure.

Yves Garric avait été séduit pas le personnage alors qu’il était encore journaliste à Centre Presse. Attiré par cet agriculteur si typique (au meilleur sens du terme) de la paysannerie aveyronnaise, et pourtant complètement atypique déjà. Car avant même que ne survienne le joli mois de mai 68, il fallait oser ! Oser rompre avec les dogmes qui avaient conduit à la révolution verte.

Cette industrialisation qui devait forcément passer par l’intensification et la spécialisation, les engrais chimiques et les emprunts bancaires. «Être agriculteur bio dans les années 1970, c’était être hérétique!», rappelle Yves Garric. «On ne vous brûlait pas en place publique, mais vous aviez droit à tous les quolibets, à toutes les vexations. Y compris dans les institutions agricoles. Il a vraiment fallu beaucoup de courage à Gilbert Espinasse pour tenir bon !»

Au fil des saisons…

Yves Garric, et son complice Georges Berte à la caméra, se sont incrustés, plus d’un an durant, chez Gilbert Espinasse. Au fil des saisons et des travaux des champs, des visites amies et des paroles glanées auprès des proches, on se retrouve immergé au cœur d’une exploitation agricole, expérience riche et rare en soi. D’autant que ce n’est pas une exploitation comme les autres. Ici, depuis près d’un demi-siècle, la terre est travaillée avec respect, et les animaux qu’elle porte avec amour. Le film porte bien son titre: «Gilbert Espinasse, agriculteur de conscience».

Convaincu et tenace

«Quand j’ai accepté la proposition d’Yves Garric de faire un film sur le bio au travers de mon exemple, c’était pour démontrer que le bio est tout à fait possible, on ne peut plus sérieux et viable économiquement», explique Gilbert Espinasse. Qui insiste, convaincant et tenace: «Je peux l’affirmer après presque un demi-siècle de pratique sur des terrains difficiles et assez pauvres !» Enfin le paysan ajoute, en forme d’hommage au journaliste: «Yves Garric cherche, même à la retraite, à être utile à ses semblables, à les informer le plus consciencieusement qu’il peut. Cet état d’esprit exige beaucoup de travail et de courage car il faut parfois sortir des sentiers battus ou chanter en dehors des chœurs, au risque de déranger certains conformismes…» Et surgit alors une évidence: entre ces deux hommes, que la réciproque est vraie !

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