Procès Bettencourt: l'ex-comptable maintient ses accusations et fait monter la tension

  • Eric Woerth (g), ex-trésorier de l'UMP, et son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne (d) arrivent au palais de justice de Bordeaux, le 10 février 2015
    Eric Woerth (g), ex-trésorier de l'UMP, et son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne (d) arrivent au palais de justice de Bordeaux, le 10 février 2015 AFP - Jean-Pierre Muller
  • Patrice de Maistre (c), ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire Liliane Bettencourt, arrive avec son avocate Me Francoise Laffont (d) au palais de justice de Bordeaux le 10 février 2015 Patrice de Maistre (c), ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire Liliane Bettencourt, arrive avec son avocate Me Francoise Laffont (d) au palais de justice de Bordeaux le 10 février 2015
    Patrice de Maistre (c), ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire Liliane Bettencourt, arrive avec son avocate Me Francoise Laffont (d) au palais de justice de Bordeaux le 10 février 2015 AFP - Jean-Pierre Muller
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le procès Bettencourt est monté en tension mardi à Bordeaux, avec l'audition de l'ex-comptable de la milliardaire, témoin central qui continue d'accuser le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt d'avoir remis des fonds, en pleine campagne présidentielle 2007, à l'ex-ministre UMP Eric Woerth.

Après avoir scruté deux semaines durant des dons et donations par centaines de millions d'euros sur plusieurs années, le procès d'abus de faiblesse aux dépens de l'héritière de L'Oréal s'est soudain focalisé sur quelques jours du mois de janvier 2007, et une somme de 50.000 euros seulement: l'enveloppe que M. Woerth, alors trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy, est soupçonné d'avoir reçu de l'ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre.

"Il y a une chronologie étonnante, une proximité de dates avec des remises d’argent...", a lancé le président du tribunal correctionnel de Bordeaux Denis Roucou, à M. de Maistre, un des principaux prévenus, en soulignant une coïncidence entre sorties de liquidités, remises de fond, et rendez-vous, entre les 17, 18 et 19 janvier 2007.

- 50.000 ? 'Pure invention !' -

"A partir de ces rapprochements de dates, Mme (Claire) Thibout a construit quelque chose pour me nuire", s'est défendu M. de Maistre, en référence à sa principale accusatrice, l'ex-comptable de Liliane Bettencourt. Depuis l'origine, elle assure que M. de Maistre lui a demandé, début 2007, de retirer 150.000 euros destinés à M. Woerth. Et elle assure lui en avoir donné 50.000.

"C'est une pure invention depuis le début (...) Je n'ai jamais demandé cet argent à Mme Thibout, Mme Thibout ne me l'a jamais remis", a martelé M. de Maistre.

Entendue peu après en fin de matinée, par visioconférence depuis le TGI de Paris, l'ex-comptable de 56 ans a maintenu entièrement ses accusations, visiblement tendue mais combative.

Oui, M. de Maistre lui a réclamé 150.000 euros, et quand elle lui demanda pourquoi, il lui répondit, a-t-elle affirmé: "C'est pour remettre à Eric Woerth, je dois le voir, c'est pour la campagne de Nicolas Sarkozy". Elle a ajouté avoir été "un peu estomaquée", mais n'ayant qu'un "accréditif de 50.000 euros", elle s'en était tenu à ce retrait.

L'argent a ensuite été remis, le 18 janvier, dans une enveloppe à Liliane Bettencourt, qui l'a remise à son tour à Patrice de Maistre, lors d'un rendez-vous des trois protagonistes chez sa patronne, a-t-elle réitéré.

"Quelques jours plus tard, Patrice de Maistre m'a dit (...): +Ca sert d'avoir des comptes en Suisse+. J’ai compris qu’il avait récupéré le reste en Suisse", a poursuivi l'ex-comptable. "Il m'a dit cela, je ne l'ai pas inventé. Je m'en rappelle comme si c’était hier", a-t-elle souligné.

Claire Thibout dit avoir pensé que cet argent donné à des politiques était en fait dans la continuité de ce qui se faisait, en "période de campagne", du temps d'André Bettencourt. A l'époque des faits, le mari de Liliane était malade et très fatigué, et il mourra dix mois plus tard.

- Contributions légales -

MM. de Maistre et Woerth, qui doit aussi être entendu mardi, ont reconnu un rendez-vous le matin du 19 janvier, "à l'heure du café". Mais ils nient tout échange d'argent durant cette rencontre.

M. de Maistre dit avoir seulement discuté avec le trésorier de Nicolas Sarkozy d'idées pour la campagne présidentielle, notamment à partir de son expertise "sur les PME." Mis en examen en 2013 dans le cadre de cette affaire d'abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt, M. Sarkozy a depuis bénéficié d'un non-lieu.

M. de Maistre, qui était membre du premier cercle des donateurs de l'UMP, a aussi réaffirmé mardi avoir contribué, légalement, aux campagnes de MM. Woerth et Sarkozy, en 2006 et 2007, et "peut-être 2008".

Témoin "fondamental" de l'accusation, entendue 18 fois dans le dossier, Mme Thibout a été mise en examen fin 2014 pour faux témoignage par un juge parisien, à la suite de plaintes de MM. de Maistre et Banier.

Dix hommes sont jugés à Bordeaux jusqu'au 27 février pour abus de faiblesse, blanchiment ou recel, soupçonnés d'avoir profité de la vulnérabilité de la richissime héritière de L'Oréal. Aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, elle est la grande absente du procès.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?