Les Français plus tolérants mais beaucoup plus tendus

  • Après quatre années de baisse consécutive, l’indice de tolérance, calculé à partir d’une série de questions posées aux sondés, marque une stabilisation.
    Après quatre années de baisse consécutive, l’indice de tolérance, calculé à partir d’une série de questions posées aux sondés, marque une stabilisation. Archives JAT
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Société. Les pratiques liées à l’islam dérangent et les vieux clichés antisémites ont la vie dure, mais la «tolérance» des Français s’améliore, malgré les attentats de janvier.

Après quatre années de baisse consécutive, l’indice de tolérance, calculé à partir d’une série de questions posées aux sondés, marque une stabilisation, voire une légère progression, estime la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) dans son rapport annuel.

La proportion de Français se déclarant «pas racistes du tout» est en hausse pour la première fois depuis 2010, atteignant 43%. Mais «des points de crispation persistent voire s’aggravent», constate la CNCDH: «Revitalisation des vieux clichés antisémites, persistance des préjugés antiroms, rejet des pratiques liées à l’islam dans leurs manifestations tant dans l’espace public que dans la sphère privée, et chez certains, une acception dévoyée de la laïcité comme devant faire rempart à l’islam»Quatre Français sur dix affirment que l’interdiction de consommer de la viande de porc ou de l’alcool (40%, +24 pts) ainsi que le jeûne du ramadan (38%, +18 pts) posent problème à la vie en société.

Deux groupes sont toujours perçus comme étant à part dans la société : les Roms (82%), qui souffrent de l’image la plus négative, et les gens du voyage (80%). Les Juifs restent la minorité la mieux acceptée, mais les préjugés antisémites progressent, comme le sentiment qu’ils ont «trop de pouvoir» ou un «rapport particulier à l’argent». Et si les Français estiment que les responsables politiques doivent s’investir davantage contre la discrimination, ils restent crispés sur la question de l’immigration: 72% estiment qu’il y a trop d’immigrés en France. 

«Devant les tragiques événements, le lien social s’est plutôt resserré que distendu», s’est félicitée hier Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, Les actions et menaces à caractère raciste, antisémite et antimusulman ont en revanche grimpé de 30%, passant de 1274 faits en 2013 à 1662 en 2014. Les infractions antisémites ont augmenté de 101% atteignant 851 faits en 2014, tandis les faits antimusulmans ont diminué de 41%, à 133 faits délictueux.

Mais la CNCDH attribue la baisse des actes antimusulmans plutôt à une «difficulté à porter plainte qu’à une chute des menaces». Les discours de haine se multiplient sur internet, s’alarme la CNCDH, qui tacle le «manque d’efficacité des politiques et des moyens mis en œuvre». Parmi ses recommandations, la CNCDH «attend beaucoup de l’école», et du côté de la justice, il faut «renforcer les pôles antidiscriminations des tribunaux de grande instance» et mieux prendre en charge les victimes qui restent «en très grande difficulté pour se faire connaître et pour pouvoir porter plainte».

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