Français condamné à mort en Indonésie: la France espère la clémence

  • Serge Atlaoui et son avocate Nancy Yuliana Sanjoto le 11 mars 2015 à Jakarta
    Serge Atlaoui et son avocate Nancy Yuliana Sanjoto le 11 mars 2015 à Jakarta AFP/Archives - ROMEO GACAD
  • L'épouse de Serge Atlaoui, Sabine, et son avocate Nancy Yuliana, le 17 avril 2015 à Jakarta
    L'épouse de Serge Atlaoui, Sabine, et son avocate Nancy Yuliana, le 17 avril 2015 à Jakarta AFP/Archives - ROMEO GACAD
  • Serge Atlaoui et son avocate Nancy Yuliana au tribunal le 1er avril 2015 à Tangerand près Jakarta
    Serge Atlaoui et son avocate Nancy Yuliana au tribunal le 1er avril 2015 à Tangerand près Jakarta AFP/Archives - ROMEO GACAD
  • Serge Atlaoui (D) et son interprète devant les juges au tribunal le 1er avril 2015 à Tangerand près de Jakarta
    Serge Atlaoui (D) et son interprète devant les juges au tribunal le 1er avril 2015 à Tangerand près de Jakarta AFP/Archives - Romeo Gacad
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Centre Presse Aveyron

Laurent Fabius "espère un geste de clémence", la famille en "appelle" au président François Hollande : la France a rapidement réagi mardi à l'annonce du rejet par la Cour suprême d'Indonésie de l'ultime recours d'un Français condamné à mort pour trafic de drogue.

Incarcéré depuis dix ans dans ce pays d'Asie du Sud-Est, Serge Atlaoui risque d'être fusillé dans les prochaines semaines et de devenir le premier Français à être exécuté depuis près de 40 ans.

La France "continue à espérer un geste de clémence", a réagi mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui a averti qu'une exécution de Serge Atlaoui aurait des "conséquences" sur les relations bilatérales.

"Ce qui nous choque dans cette affaire, c'est bien évidemment le sort de notre compatriote, mais aussi le fait que tout le monde reconnaît qu'il n'a joué qu'un rôle mineur, à supposer qu'il ait joué un rôle, et que ceux qui dirigeaient cette affaire de drogue, qui étaient des Indonésiens, n'ont pas été condamnés à la même peine", a poursuivi M. Fabius.

"J'appelle la présidence indonésienne à la grâce", a redit l'épouse de Serge Atlaoui, Sabine, expliquant, sur la radio française RTLF, que son mari n'était pas encore au courant de la décision négative le concernant, et qu'elle devrait la lui annoncer lors de sa prochaine visite en prison, jeudi.

"On a toujours gardé espoir et on va garder espoir. Les juges ont décidé, nous on n'a pas encore décidé que c'était fini!", a-t-elle ajouté interrogée depuis l'Indonésie.

Elle a également lancé un appel aux autorités françaises et à l'UE. "Je relance un appel très fort à ce que la France intervienne (...) Je demande aussi à l'UE de s'exprimer sur ce qui se passe, je suis déterminée", a-t-elle ajouté.

Parallèlement, l'un des frères de Serge Atlaoui, André, a lui aussi appelé les autorités françaises et européennes à "mettre tout en œuvre" pour sauver ce Français, arrêté en 2005 dans un laboratoire clandestin de production d'ecstasy près de Jakarta et condamné deux ans plus tard à la peine capitale.

Cet artisan soudeur de 51 ans s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique.

L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde.

Le Français avait saisi la Cour suprême, espérant obtenir un procès en révision estimant qu'il ne méritait pas la peine de mort. Mais son ultime recours a été rejeté en dépit de l'avis favorable du tribunal de la banlieue de Jakarta qui avait examiné le dossier avant de le transmettre à la Cour suprême.

"Il n'y a pas de nouveaux éléments, et les raisons avancées dans le recours ne peuvent pas effacer le crime commis par le condamné", a déclaré à l'AFP le juge Suhadi. Le recours a été rejeté par un collège de trois magistrats dont il a fait partie.

- Toutes les demandes de grâce rejetées -

Si Serge Atlaoui était passé par les armes, il serait le premier Français à être exécuté en 38 ans, selon l’ONG Ensemble contre la peine de mort (ECPN).

Contacté par l'AFP, son directeur, Raphaël Chenouil-Hazan, s'est dit "choqué particulièrement de la méthode" : "la famille, les avocats de Serge n'ont pas été prévenus officiellement. La Cour Suprême devait mettre sur son site internet la décision, et on l'apprend par voie de presse".

Selon lui, cette décision est "invraisemblable, lamentable et inadmissible". Il demande "que le politique reprenne sa place, que l'Union européenne, l'Etat Français fassent pression pour arrêter cette folie meutrière".

Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des Droits de l'homme a eu "une réaction d'horreur, comme à chaque peine de mort prononcée dans le monde". "C'est encore plus triste parce que c'est un de nos concitoyens", a-t-il ajouté, dénonçant "ce crime d'Etat qu'est la peine de mort".

Marié et père de quatre enfants, Serge Atlaoui pourrait être exécuté avec d'autres étrangers - d'Australie, des Philippines, du Brésil et du Nigeria - également condamnés à mort pour trafic de drogue.

Tous ont vu leur demande de grâce rejetée par le président Joko Widodo, en fonction depuis octobre. Il avait fait savoir qu'aucune clémence ne serait accordée aux condamnés à la peine capitale pour drogue, car la consommation de produits stupéfiants fait des centaines de morts chaque année dans l'archipel.

Le parquet général à Jakarta avait fait savoir que la date d'exécution des prochains condamnés à mort serait annoncée après la fin des procédures en cours, celle du Français devant la Cour suprême étant l'avant-dernière avant le recours d'un Ghanéen, dont le résultat semble imminent.

Serge Atlaoui, originaire de Metz (nord-est de la France), avait raconté en février dans un entretien téléphonique avec l'AFP depuis sa prison, être venu en Indonésie pour travailler dans une "usine d'acrylique" pour un très bon salaire versé au noir.

Il avait affirmé avoir passé moins de deux mois en Indonésie avant son arrestation et n'avoir pas touché l'argent promis.

Il a été condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité et fait appel, avant de se voir infliger la peine de mort, comme huit autres hommes interpellés en même temps que lui.

Source : AFP

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