Airbus marque sa confiance dans l'A400M en le faisant voler au Bourget

  • Un Airbus A400M décolle de Toulouse le 12 mai 2015
    Un Airbus A400M décolle de Toulouse le 12 mai 2015 AFP/Archives - REMY GABALDA
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Centre Presse Aveyron

Malgré le crash d'un appareil début mai en Espagne, Airbus Defence and Space va faire voler l'A400M lors du salon aéronautique du Bourget, pour marquer sa confiance dans son avion militaire à la genèse difficile.

"Nous avons toute confiance en l'A400M et sommes enchantés d'effectuer nos démonstrations en vol comme prévu", a affirmé le patron de la branche d'aviation militaire d'Airbus DS, Fernando Alonso, en annonçant la nouvelle mercredi.

"Nous voulons partager notre fierté de l'appareil avec tous les aviateurs passionnés au Bourget", a-t-il ajouté.

La décision d'Airbus Defence and Space, en charge du programme de l'avion militaire, était scrutée depuis le crash d'un A400M à Séville en Espagne le 9 mai, qui a fait quatre morts et deux blessés graves.

Airbus DS avait déjà annoncé que l'A400M serait présent au salon du Bourget, du 15 au 21 juin, mais la question était de savoir s'il effectuerait des démonstrations en vol ou resterait en exposition statique.

L'enjeu est de taille pour l'avionneur, alors que le programme A400M a connu plusieurs années de retard et d'importants dépassements de budget, avec une facture qui a grimpé à 28 milliards d'euros contre un peu plus de 20 milliards prévus à l'origine.

Des difficultés qui ne sont pas inédites pour un appareil aussi complexe et à la carrière aussi jeune, même si les conséquences ne sont pas toujours aussi tragiques, soulignent les experts aéronautiques.

Airbus DS, qui connaît à présent des retards dans le calendrier de livraison des A400M, espère encore livrer cette année 13 à 17 appareils sur les 174 commandés par huit pays (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg, Turquie et Malaisie).

Dans son communiqué, l'avionneur indique que l'A400M présent au Bourget prendra part aux démonstrations aériennes selon "le même programme que celui qu'il a effectué lors des salons depuis 2010".

"L'appareil immatriculé MSN6 volera tous les jours à partir du lundi 15 jusqu'au vendredi 19 avec les pilotes d'essais Nacho Lombo et Tony Flynn", a précisé Airbus DS.

Airbus veut envoyer un signal fort après la décision de plusieurs pays clients de l'appareil de ne plus faire voler leur appareil dans l'attente des résultats de l'enquête officielle en Espagne.

Seule la France, qui possède 6 des 12 appareils en service, a maintenu ses vols opérationnels prioritaires. "Nous ne pouvons plus nous passer de cet avion", a justifié le chef d’état-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier. "C'est vraiment l'avion qu'il nous faut", a-t-il ajouté devant la presse mercredi.

-"Pas d'autre anomalie" -

Airbus estime visiblement avoir identifié et circonscrit les problèmes rencontrés par l'appareil en Espagne, même si l'enquête officielle n'a pas encore rendu ses conclusions.

Dans une note à ses clients le 3 juin, l'avionneur a indiqué que les premières analyses de la commission d'enquête espagnole (Citaam) ont confirmé un "gel de puissance après le décollage" sur trois des quatre moteurs de l'appareil.

En revanche, "les autres systèmes de l'avion ont fonctionné normalement et il n'y a pas eu d'autre anomalie identifiée durant le vol", a précisé Airbus, en se basant sur l'exploitation des boîtes noires de l'appareil.

Le problème identifié par Airbus porte sur les unités de contrôle électronique (ECU) des moteurs, le système de régulation numérique entre le cockpit et les moteurs de l'appareil.

Pour "éviter tout risque potentiel lors des vols à venir", il avait demandé aux opérateurs de l'A400M le 19 mai d'effectuer une inspection de cet élément sur leurs appareils.

Interrogé sur le sujet, le patron de la branche aviation civile d'Airbus, Fabrice Brégier, a expliqué il y a quelques jours qu'"il y a eu, effectivement, soit une faiblesse dans les procédures de test des avions avant la mise en vol, car il s'agissait du premier vol d'un avion de série, soit un problème qui provenait de la mise en oeuvre de ces procédures".

Pour le directeur de la stratégie d'Airbus Group, Marwan Lahoud, l'appareil n'a pas "de défaut structurel" mais "un sérieux problème de qualité dans l'assemblage final".

Ardent supporter de l'A400M, le général Mercier reste confiant: "les vraies capacités opérationnelles arriveront en 2016 et là nous commencerons à avoir l'avion qu'on voulait", a-t-il dit.

Source : AFP

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