Mort de Charles Pasqua, gaulliste et ancien premier flic de France

  • Charles Pasqua lors du congrès fondateur des Républicains, le 30 mai 2015 à Paris
    Charles Pasqua lors du congrès fondateur des Républicains, le 30 mai 2015 à Paris AFP/Archives - Stephane de Sakutin
  • Charles Pasqua à son arrivée au palais de justice le 18 mai 2015 à Versailles
    Charles Pasqua à son arrivée au palais de justice le 18 mai 2015 à Versailles AFP/Archives - KENZO TRIBOUILLARD
  • Le président du groupe RPR au Sénat, Charles Pasqua, et le président du parti, Jacques Chirac, le 13 décembre 1983 au Sénat à Paris
    Le président du groupe RPR au Sénat, Charles Pasqua, et le président du parti, Jacques Chirac, le 13 décembre 1983 au Sénat à Paris AFP/Archives - PHILIPPE BOUCHON
  • Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy le 30 juin 2009 à Paris
    Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy le 30 juin 2009 à Paris POOL/AFP/Archives - Francois Mori
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Centre Presse Aveyron

Charles Pasqua, pilier de la famille gaulliste, personnage fort en gueule, parrain politique de Jacques Chirac, avec lequel il avait fini par rompre, et ancien premier flic de France à la réputation sulfureuse et aux démêlés judiciaires, est décédé lundi à l'âge de 88 ans.

M. Pasqua est décédé lundi à l'hôpital Foch de Suresnes, a indiqué dans un communiqué le président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian (Les Républicains).

Par deux fois ministre de l'Intérieur, ex-sénateur des Hauts-de-Seine, ce personnage fort en gueule avait mis un terme en 2011 à une longue carrière politique marquée par une part d'ombre liée à ses activités au sein de services d'ordre parallèles, ses réseaux africains et ses démêlés judiciaires. M. Pasqua était apparu la dernière fois en public le 30 mai pour le congrès fondateur des Républicains.

Cité dans près d'une dizaine d'affaires (financement politique, vente d'armes à l'Angola), il avait été condamné définitivement en 2010 dans deux dossiers: à 18 mois de prison avec sursis pour le financement illégal de sa campagne européenne de 1999, via la vente du casino d'Annemasse (Haute-Savoie), et à un an avec sursis par la Cour de justice de la République (CJR) dans l'affaire des détournements de fonds au préjudice de la Sofremi (exportation de matériel de sécurité).

Il avait encore eu maille à partir avec la justice en mai dernier, avec le procès en appel de détournement de fonds publics dans la fondation d'art Hamon.

Né le 18 avril 1927 à Grasse (Alpes-Maritimes), Charles Pasqua, petit-fils de berger corse, s'était engagé à 16 ans dans la résistance et, gaulliste convaincu, il avait adhéré dès 1947 au Rassemblement du peuple français (RPF). Il avait fait carrière dans la société Pernod-Ricard.

- 'Trahison' de 1995 -

Pièce maîtresse de l'équipe de Jacques Chirac dans les années 80, M. Pasqua était devenu ministre de l'Intérieur en 1986-1988 sous la première cohabitation. Il avait à nouveau occupé cette fonction avec rang de ministre d'Etat en 1993-1995 dans le gouvernement d'Edouard Balladur, qu'il avait d'ailleurs préféré à M. Chirac pour la présidentielle de 1995.

Les blessures, liées à l'Europe mais surtout à cette "trahison" de 1995, étaient restées vives entre les deux hommes, Jacques Chirac et Charles Pasqua ne s'étaient jamais réconciliés. Au point que M. Pasqua avait même nommément mis en cause son ancien mentor lors d'une conférence de presse en 2009.

Pilier des Hauts-de-Seine, département qu'il a présidé de 1973 à 1976 et de 1988 à 2004, ancien député et ancien sénateur, il s'était fait souffler la mairie de Neuilly-sur-Seine en 1983 par un jeune et ambitieux Nicolas Sarkozy, dont il avait contribué à l'ascension et dont il était redevenu proche par la suite.

Il avait claqué la porte du RPR en 1999 pour fonder et présider un temps le Rassemblement pour la France (RPF), parti souverainiste, à la tête duquel, associé avec Philippe de Villiers, il avait fait un meilleur score que la liste RPR-DL de Nicolas Sarkozy.

Connu pour ses formules choc -"il faut terroriser les terroristes" avait-il lancé place Beauvau- il restera lié aussi au Service d'action civique (SAC), sorte de police secrète créée à la fin des années 1950 et à une législation restreignant le droit d'asile en juin 1993. Son nom est aussi associé à la mort, en 1986, d'un jeune homme d'origine marocaine, Malik Oussekine, décédé sous les coups de la police pendant une manifestation étudiante à Paris pendant qu'il était ministre de l'Intérieur.

La mort de son fils unique, Pierre Philippe, d'une longue maladie en février l'avait très profondément affecté et avait accéléré son affaiblissement physique, constaté ces dernières années.

"La France perd l'un de ses plus grands serviteurs", a aussitôt réagi Nicolas Sarkozy. "Gaulliste, homme d'engagement et de convictions, Charles Pasqua aura marqué de son empreinte la vie politique et publique de la Ve République. Il était l'incarnation d'une certaine idée de la politique et de la France, faite d’engagement, de courage et de convictions.

"Il a été de tous les combats du gaullisme et de tous les partis politiques qui se sont reconnus dans l'action, puis dans l'héritage du général de Gaulle. Député, puis sénateur et président du conseil général des Hauts de Seine jusqu’en 2004, Charles Pasqua a fortement marqué l’histoire de ce département et l’empreinte de son œuvre est présente partout dans ce département", note M. Sarkozy

"Nous avons aux côtés de J. Chirac mené bien des combats ensemble. Puis nos routes ont divergé. Mais sa personnalité m'impressionnait", a réagi sur Twitter Alain Juppé.

Il a "inlassablement terrorisé la pensée unique", a salué Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) tandis que le numéro deux du FN, Florian Philippot, a rendu hommage à "un grand patriote", à l'unisson, une fois n'est pas coutume, de Jean-Marie Le Pen.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a salué sa "mémoire", dans un bref communiqué rappelant que la carrière politique de M. Pasqua "fut notamment marquée par deux passages" place Beauvau.

"Même si son action fut controversée, je veux saluer le résistant attaché à la République", a tweeté Bruno Le Roux (PS). Seule à ne pas le saluer, Emmanuelle Cosse (EELV) a lancé: "On évoque le résistant (...) Et moi je pense à Malik Oussekine". Ian Brossat (PCF) a provoqué de très vives réactions en lâchant sur Twitter: "En tête, ce soir, le visage de Malik Oussekine qui, lui, n'a pas eu la chance de vivre jusqu'à 88 ans..."

Source : AFP

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