Réfugiés: la Hongrie ferme sa frontière, les pays européens tentent de réagir

  • Des policiers hongrois regardent un réfugié retrouver sa famille après avoir traversé la frontière entre l'Autriche et la Hongrie, le 14 septembre 2015
    Des policiers hongrois regardent un réfugié retrouver sa famille après avoir traversé la frontière entre l'Autriche et la Hongrie, le 14 septembre 2015 AFP - MICHAEL GRUBER
  • Des migrants sont surveillés par la police hongroise, à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, le 14 septembre 2015
    Des migrants sont surveillés par la police hongroise, à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, le 14 septembre 2015 AFP - ATTILA KISBENEDEK
  • Un véhicule contrôlé par des policiers allemands le 13 septembre 2015 à Freilassing à la frontière de l'Allemagne et de l'Autriche
    Un véhicule contrôlé par des policiers allemands le 13 septembre 2015 à Freilassing à la frontière de l'Allemagne et de l'Autriche AFP - GUENTER SCHIFFMANN
  • Crise des migrants en Europe
    Crise des migrants en Europe AFP - jgd/smi/jj, jj/sim
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Centre Presse Aveyron

Des migrants en pleurs devant des barbelés subitement tendus devant eux : Budapest a fermé lundi le principal point de sa frontière avec la Serbie au moment où les pays européens, réunis à Bruxelles, tentaient laborieusement d'apporter une réponse à l'afflux de réfugiés qui menace la liberté de circuler en Europe.

A Röszke, le principal point de transit des migrants à la frontière serbe, une quinzaine de policiers hongrois en uniforme bleu empêchaient leur passage, pendant que d'autres agents tendaient des fils de fer en travers de la voie, selon des journalistes de l'AFP.

Des migrants arrivant de Serbie éclataient en pleurs en voyant que le passage n'était plus libre. Et dès mardi, la Hongrie devait mettre en oeuvre une nouvelle législation destinée à leur rendre sa frontière infranchissable.

Au même moment, à Bruxelles, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn mettait en garde les dirigeants européens.

"Si nous ne nous ressaisissons pas ensemble aujourd'hui, l'Europe sera totalement déchirée", a averti M. Asselborn, qui présidait un conseil extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'UE.

Ces derniers, divisés, devaient examiner les mesures dévoilées la semaine dernière par la Commission européenne, qui a exhorté les Etats membres à se répartir, suivant des quotas contraignants, la "relocalisation" de 160.000 réfugiés au total.

Ils ont entériné leur décision prise fin juillet de se répartir l'accueil de 40.000 réfugiés se trouvant en Grèce et en Italie (même s'ils ne se sont pour l'instant entendus que sur la destination de quelque 32.000). Mais les discussions s'annonçaient plus difficiles sur les 120.000 supplémentaires.

"L'Allemagne est légitime à rétablir des contrôles, j'ai déjà eu à procéder moi-même à une décision similaire", a souligné le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, arrivé lundi au Conseil au côté de son homologue allemand Thomas de Maizière.

- 'Inaction' de Schengen -

Devenue en quelques semaines une Terre promise pour des réfugiés de plus en plus nombreux qui pourraient atteindre un million cette année, l'Allemagne a justifié sa décision par "l'inaction" de l'UE.

Berlin a toutefois assuré que le rétablissement des contrôles ne signifiait pas que l'Allemagne fermait ses frontières aux demandeurs d'asile et à ceux réclamant le statut de réfugiés.

Cette volte-face de la chancelière Angela Merkel, confrontée à des problèmes logistiques mal anticipés et à la grogne de son camp politique, survient quelques jours seulement après qu'elle eut plaidé auprès de ses partenaires européens pour un accueil des réfugiés sans limite de nombre.

A la frontière germano-autrichienne, le retour des contrôles - "comme dans les années 1980" - a déclenché embouteillages et protestations.

Sur le pont reliant l'Autriche à l'Allemagne entre Salzbourg et Freilassing, les chauffeurs devaient redécouvrir la patience comme avant l'entrée en vigueur progressive à partir de 1985 des accords de Schengen.

Dès l'aube à Freilassing, des bouchons monstres s'étaient formés, passeports et véhicules étant désormais contrôlés par les policiers, qui orientent les réfugiés vers des centres d'accueil.

La capitale de la Bavière, Munich (sud), est proche de la saturation, avec 63.000 réfugiés arrivés en deux semaines.

La décision de Berlin a immédiatement fait des émules parmi les pays de l'Est -- Slovaquie et République tchèque -- qui rejettent depuis des semaines l'idée allemande de quotas de répartition des réfugiés entre les 28 membres de l'UE, mais aussi en Autriche, elle aussi sous pression.

La Pologne, elle, s'est dite prête, en cas de danger pour sa sécurité, à rétablir "sans délai" des mesures de contrôle à ses frontières.

- 'Vide juridique' -

Vienne a aussi décidé de déployer des militaires à sa frontière avec la Hongrie, où le flux de migrants a pris des proportions sans précédent à la veille de la mise en oeuvre des nouvelles dispositions antimigrants de Budapest.

Plus de 4.500 migrants se sont ainsi présentés au poste-frontière autoroutier de Nickelsdorf entre minuit et 06H00.

Lundi, le Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés a mis en garde contre un "vide juridique" auquel seraient confrontés les réfugiés en Europe avec la multiplication des mesures prises isolément par les Etats, et souligné une nouvelle fois "l'urgence d'une réponse globale européenne".

La Commission européenne a jugé que la décision de l'Allemagne "soulignait l'urgence" de parvenir à un plan européen de répartition.

La Grande-Bretagne, qui comme le Danemark et l'Irlande dispose d'une option de retrait de la politique d'asile de l'UE, a annoncé lundi la nomination d'un sous-secrétaire d'État aux réfugiés, au moment où le Premier ministre David Cameron visitait un camp de réfugiés au Liban. Londres a promis d'accueillir 20.000 Syriens en cinq ans.

La crise migratoire, portée par les guerres et la misère au Moyen-Orient et en Afrique, ne donnait aucun signe de ralentissement.

Avant la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE lundi après-midi, les ministres allemand et français ont tenu une réunion à huis clos avec leurs homogues italien, grecque et hongrois, ainsi qu'un membre de la Commission et la présidence luxembourgeoise.

La France et l'Allemagne "ont mis la pression sur les Italiens, les Grecs, et surtout les Hongrois pour qu'ils mettent en oeuvre les +hotspots+", ces centres d'accueil pour faire le tri entre réfugiés et migrants illégaux à renvoyer vers leus pays d'origine, a indiqué à l'AFP une source européenne.

L'UE a par ailleurs annoncé lundi qu'elle recourrait, à partir de début octobre, à la force militaire contre les passeurs de migrants dans le cadre de son opération navale en Méditerrannée.

Source : AFP

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