Cisjordanie: un jeune Palestinien tué, les heurts se poursuivent

  • Un soldat israélien le 5 octobre 2015 à Bethléem
    Un soldat israélien le 5 octobre 2015 à Bethléem AFP - THOMAS COEX
  • Un Palestinien masqué le 5 octobre 2015 à Bethléem
    Un Palestinien masqué le 5 octobre 2015 à Bethléem AFP - THOMAS COEX
  • Funérailles le 5 octobre 2015 dans le camp de réfugiés Aida près de Bethléem d'Abdel Rahman Abdullah, un Palestinien de 13 ans
    Funérailles le 5 octobre 2015 dans le camp de réfugiés Aida près de Bethléem d'Abdel Rahman Abdullah, un Palestinien de 13 ans AFP - MUSA AL-SHAER
  • Violences en Cisjordanie Violences en Cisjordanie
    Violences en Cisjordanie AFP - INFOGRAPHIE, pld/vl
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Centre Presse Aveyron

Un adolescent palestinien a été tué lundi par l'armée israélienne dans les violents heurts qui se poursuivent en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est où la Vieille ville restait interdite aux Palestiniens dans un contexte extrêmement volatil.

Abdel Rahmane Abdallah, 13 ans, a été mortellement touché au torse lors d'affrontements à Bethléem. Dimanche un Palestinien de 18 ans, Houzeifa Souleimane, a été tué par balles à Tulkarem.

La mort du garçon a provoqué la colère à Bethléem où environ 300 jeunes ont attaqué à coups de pierres les soldats israéliens qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes, de projectiles caoutchoutés et, comme de plus en plus systématiquement désormais, à balles réelles.

Le quartier de Chouafat, à Jérusalem-Est, a lui aussi été secoué par les affrontements entre jeunes et policiers. C'est dans ce quartier que devait être enterré un Palestinien de 19 ans tué dimanche après avoir blessé au couteau un Israélien, selon la police israélienne. Une version contestée par les Palestiniens.

En Cisjordanie, des heurts ont aussi éclaté dans des villages voisins de Ramallah, à Hébron ou le camp de réfugiés de Jalazoun. Une cinquantaine d'élèves n'ont même pas pris la peine de rapporter leurs sacs de classe avant d'aller défier les soldats à coups de pierres au check-point à la sortie de Ramallah et proche de la colonie israélienne de Bet-El.

A ce point de passage, des heurts éclatent souvent depuis samedi. Parmi les manifestants qui jettent des pierres, un Palestinien de 21 ans au visage cagoulé à dit à l'AFP venir participer aux affrontements après son travail. "C'est notre devoir, nous sommes sur notre terre et ils nous tirent dessus".

Un peu plus loin, un étudiant de 18 ans, casquette rouge vissée sur la tête et masque des "Anonymous" sur le visage, a dit "espérer une troisième intifada".

"Les Israéliens souillent notre terre et nos lieux saints, ils rentrent sur l'esplanade des Mosquées sans aucun respect alors que c'est notre lieu saint", a-t-il lancé. "S'ils tirent, nous aussi nous allons tirer, on reste calme pour le moment car la police (palestinienne) est là, mais nous les observons de près pour voir s'ils essayent de venir coloniser ici".

- 'Pas le dernier martyr' -

La Cisjordanie et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem occupée et annexée par Israël, sont agitées depuis plusieurs jours par des troubles rappelant les intifadas meurtrières de 1987 et 2000.

Les affrontements ont fait, outre les deux morts, plus de 180 blessés palestiniens par balles réelles ou caoutchoutées en 48 heures, selon le Croissant-Rouge. Côté israélien, quatre personnes ont été tuées depuis jeudi, deux criblées de balles en Cisjordanie, et deux autres dans une attaque au couteau dans la Vieille ville de Jérusalem dont l'auteur a été abattu.

Ces attentats ont soulevé la colère des colons, envenimant encore davantage la cohabitation entre ces 400.000 Israéliens vivant en Cisjordanie dans des implantations jugées illégales par la communauté internationale et 2,8 millions de Palestiniens.

Des attaques de colons à coups de tirs et de pierres, des incendies d'oliveraies et même une tentative d'incendie contre une maison palestinienne ont été signalés ces derniers jours.

Lundi, des centaines de personnes ont assisté dans son village de Balaa aux funérailles de Houzeifa Souleimane. "Ce n'est pas le premier martyr, et ce ne sera pas le dernier", a dit son père Othmane Souleimane à l'AFP, "mais il est mort pour sa patrie".

Les violences suscitent l'alarme à l'étranger. Berlin a exprimé sa vive inquiétude devant "quelque chose de comparable à une nouvelle intifada".

- 'Jusqu'à la mort' -

Paris s'est dit inquiète du "risque d'une escalade dangereuse", appelant à "relancer un processus politique crédible".

Le Premier ministre israélien Banjamin Netanyahu a, lui, promis "un combat jusqu'à la mort contre le terrorisme palestinien". Il a ordonné d'accélérer les démolitions de maisons d'auteurs d'attentats ou de leur famille.

La mesure a déjà été employée maintes fois avec l'objectif de donner à réfléchir à ceux qui veulent perpétrer des attaques. Elle est pour les Palestiniens une des manifestations insupportables de l'occupation.

M. Netanyahu est soumis à la pression de certains membres de son gouvernement, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, qui le critiquent explicitement et vont jusqu'à réclamer l'annonce d'une nouvelle colonie. Un rassemblement de la droite était annoncé lundi soir à Jérusalem.

Israël a déjà pris une disposition exceptionnelle et peut-être inédite en interdisant dimanche et lundi l'accès de la Vieille ville à l'immense majorité des quelque 300.000 Palestiniens de Jérusalem-Est qui n'y vivent pas.

Habituellement grouillante, la Vieille ville était surtout parcourue par des touristes déambulant dans les ruelles séculaires dressées de barrages filtrants gardés par des centaines de policiers.

Les tensions ont coïncidé avec les trois semaines de grandes fêtes juives qui s'achèvent lundi soir. Les jours qui viennent seront indicatifs d'un possible retour ou non à un calme certainement précaire.

Source : AFP

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