La justice polonaise refuse d'extrader Roman Polanski aux Etats-Unis

  • Roman Polanski, le 30 octobre 2015 à Cracovie après la décision du tribunal de refuser son extradition aux Etats-Unis
    Roman Polanski, le 30 octobre 2015 à Cracovie après la décision du tribunal de refuser son extradition aux Etats-Unis AFP - JANEK SKARZYNSKI
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Centre Presse Aveyron

La justice polonaise a refusé vendredi l'extradition aux Etats-Unis du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, 82 ans, accusé du viol d'une mineure en 1977 en Californie.

"Je suis évidemment très heureux que cette procédure touche à sa fin. Cela m'a coûté beaucoup d'efforts, de problèmes pour ma santé et aussi pour ma famille", a déclaré le réalisateur au cours d'une conférence de presse après l'annonce du verdict.

Le tribunal régional de Cracovie (sud) "a conclu à l'irrecevabilité de la demande d'extradition aux Etats-Unis du citoyen polonais et français Roman Polanski", a déclaré devant la presse le juge Dariusz Mazur.

Dans les attendus de la décision de justice lus pendant plus de deux heures, le juge Mazur s'est livré à un virulent réquisitoire contre la justice américaine. Selon lui, des juges et des procureurs américains ont "gravement violé les règles d'un +fair trial+ (procès équitable)" dans l'affaire Polanski.

"Si la Pologne avait accepté la demande américaine d’extradition, elle aurait violé les droits de M. Polanski et du même coup, la Convention européenne des droits de l'Homme", a-t-il estimé.

Le verdict du tribunal de Cracovie n'est toutefois pas définitif, le parquet polonais qui représente la partie américaine pouvant encore faire appel.

"La Cour d'appel pourra maintenir le verdict, le modifier ou renvoyer l'affaire pour un nouvel examen devant le tribunal de première instance", a expliqué à l'AFP une porte-parole du tribunal de Cracovie, Beata Gorszczyk.

Les Etats-Unis avaient adressé en janvier à la Pologne une demande d'extradition de Roman Polanski, qui vit en France, après une apparition publique à Varsovie du réalisateur du "Bal des Vampires" et de "Rosemary's Baby".

Les avocats de M. Polanski ont démenti les informations de médias polonais, selon lesquels le réalisateur attendait le verdict à bord d'un avion affrété à l'aéroport Cracovie, prêt à quitter la Pologne en cas de décision défavorable.

La loi polonaise dispose que c'est d'abord un tribunal qui statue sur une demande d'extradition. Un refus, confirmé après un éventuel appel d'une des parties devant une instance supérieure, clôt l'affaire. En cas d'approbation, la décision finale appartient au ministre de la Justice.

Un ex-ministre de la Justice et ténor de la droite conservatrice, victorieuse aux législatives de dimanche en Pologne, s'était prononcé cette semaine en faveur de cette extradition.

"Nous devrions autoriser l'extradition de Polanski. On ne peut protéger personne contre sa responsabilité pour un acte aussi odieux que celui d'avoir abusé d'une mineure", a déclaré Zbigniew Ziobro, élu député sur les listes du parti conservateur catholique et populiste Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski.

"Si une telle décision doit être prise par le futur ministre de la Justice, quel qu'il soit, il devra donner son accord à l'extradition", a insisté M. Ziobro, dont le parti a la majorité absolue au parlement et va donc former le futur gouvernement.

Interrogé sur ces propos, le cinéaste a estimé qu'ils n'avaient "rien à voir avec la loi".

"Si la décision doit être fondée sur la loi, tous les éléments jouent en ma faveur. Mais si elle devait être politique, il faudrait que je m'inquiète", a-t-il ajouté.

- Aucune mesure préventive -

En 1977, en Californie, Roman Polanski, à l'époque âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans.

Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de "rapports sexuels illégaux" avec une mineure s'était enfui des Etats-Unis avant l'annonce du verdict, craignant d'être lourdement condamné.

La ligne de défense de ses avocats polonais consistait à démontrer que la demande d'extradition n'était pas fondée, compte tenu de l'accord passé à l'époque entre le cinéaste et la justice américaine.

Aux termes de cet accord, accepté par le procureur et les avocats de la victime, selon eux, la peine prévue a été purgée par leur client, un point de vue partagé par le tribunal de Cracovie.

Le 22 septembre, en présence du cinéaste, ses avocats avaient présenté au tribunal de nouveaux documents, analyses d'experts et témoignages réunis pendant les précédents procès aux Etats-Unis et en Suisse.

Le 25 février, à la première audience, le cinéaste avait fourni pendant neuf heures des explications, à huis clos.

Aucune mesure préventive n'a été prise en Pologne contre Roman Polanski, qui reste entièrement libre de ses mouvements.

Source : AFP

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