Battut, vide-président de la FFR : « Ayons le courage de réformer »

  • 60 ans, né à Réalville (Tarn-et-Garonne), après avoir joué au football, il débute le rugby à 21 ans à Caussade. Il jouait 3e ligne, 3e mandat de président et 24 années passées au comité, vice président de la FFR.
    60 ans, né à Réalville (Tarn-et-Garonne), après avoir joué au football, il débute le rugby à 21 ans à Caussade. Il jouait 3e ligne, 3e mandat de président et 24 années passées au comité, vice président de la FFR. repro CP / Comité régional de rugby
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Mathieu Roualdés

Rugby. Pour sa première assemblée générale ordinaire de la saison, le comité Midi-Pyrénées s'est réuni à Villefranche-de-Rouergue. À cette occasion, le président Patrick Battut fait le point sur une actualité rugby particulièrement chargée au lendemain du Mondial marqué par l’échec de l’équipe de France. L’ex-3e ligne de Caussade, également vice-président de la FFR, se positionne en faveur de réformes.

Pour sa première assemblée générale ordinaire de la saison, le comité Midi-Pyrénées s'est réuni à Villefranche-de-Rouergue. À cette occasion, le président Patrick Battut fait le point sur une actualité rugby particulièrement chargée au lendemain du Mondial marqué par l’échec de l’équipe de France. L’ex-3e ligne de Caussade, également vice-président de la FFR, se positionne en faveur de réformes.

L’échec des Bleus à la Coupe du Monde vous a-t-il surpris?

On ne s’attendait pas forcément à cela mais je n’ai pas été surpris. Si ce n’est lors du match de poule face à l’Irlande (défaite 24-9). Je ne pensais pas qu’il y avait une telle différence entre nous. On a été dominé dans tous les compartiments de jeu lors de cette rencontre. Après l’élimination face aux All Blacks, cela ne m’a pas surpris... Quant à l’ampleur du score (62-13), on sait tous que lorsqu’il y a 30 points de différence, on lâche.

Êtes-vous inquiet pour la suite?

Inquiet, je ne sais pas si c’est le terme exact. Mais ce Mondial a été révélateur de l’échec d’une politique sportive. Mais ce n’est pas seulement la résultante des quatre dernières années. La finale en 2011 était l’arbre qui cachait la forêt. Les maux dont souffre le rugby français étaient déjà mis en évidence. On avait soulevé beaucoup de craintes lors des assises du rugby en 2012, déjà.

Lesquelles?

Sur notre formation notamment. Il est notoire qu’on ne travaille pas assez dessus comparé aux nations de l’hémisphère sud. Et quand j’entends Guy Novès en parler, ça rejoint totalement les démarches entreprises à l’époque...

Qu’est-ce qui cloche dans la formation française?

Je ne suis pas un technicien du rugby donc je n’en dirai pas plus. On a lancé un travail pour améliorer la formation, avec Henry Broncan et Fabien Pelous, il y a deux ans. C’est encore trop tôt pour porter ses fruits mais de nombreuses questions doivent se poser. Pourquoi ne fait-on pas jouer nos jeunes issus des filières de haut niveau dans notre championnat? Il faut que nos jeunes aient du temps de jeu à haut niveau car c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Bref, des solutions doivent être trouvées.

L’attrait du Top 14 a-t-il fait passer l’équipe de France en second plan?

Il ne faut pas tout mettre sur le dos du Top 14! On ne doit pas oublier qu’il génère une économie globale du rugby français. Maintenant, sur ce point-là également, de nombreuses questions doivent se poser: doit-on conserver un championnat avec des descentes et des montées ? Car cela a impliqué une course à l’armement, un recrutement massif et une pression du résultat... Avant de parler de contrats fédéraux pour nos espoirs du rugby français, ne doit-on pas parler des contrats que peuvent leur offrir nos meilleurs clubs? Aujourd’hui, on ne peut agir que sur nos compétitions.

Selon vous, des réformes sont-elles obligatoires pour redresser la barre?

Oui. On a l’occasion de réformer, faisons-le, ayons du courage!

L’arrivée de Guy Novès à la tête de l’équipe de France est-elle porteuse d’espoirs?

Je le pense. N’oublions pas qu’il était le choix N.1 il y a quatre ans... Il avait refusé la proposition de la FFR et je l’ai beaucoup regretté. Le palmarès de Guy Novès suffit à se rendre compte de l’entraîneur qu’il est. Je lui souhaite de réussir.

En voulez-vous à Philippe Saint-André?

Pas du tout! Je suis catastrophé de voir tout ce qu’il se peut se dire sur lui en particulier depuis l’échec des Bleus. Les mots sont blessants, violents... Chacun mérite le respect. Surtout lorsque les critiques viennent de personnes de la famille du rugby.

  • LE MONDE AMATEUR

L’équipe de France est mal en point et le monde amateur ne semble pas aller pour le mieux non plus! Sentez-vous la grogne des clubs de Fédérale notamment?

J’imagine que vous voulez parler de Rodez, des poules de 12 ou 14, etc. Pour être clair, la Fédérale 1 est pour moi l’élite du monde amateur. Quand on y est, on doit s’en donner les moyens. Je pense que les poules doivent être constituées par rapport au classement sportif. Pour ce qui est de la problématique des déplacements, la Fédération doit apporter son aide. Et dans cette configuration, les équipes réserves ne doivent plus être jumelées avec les équipes fanion. Car déplacer deux équipes, ce n’est facile. Les réserves doivent participer à un championnat beaucoup plus géographique.

Classer les équipes par leurs résultats sportifs reviendrait presque à réaliser une forme de Pro D3, vieux serpent de mer...

La Pro D3, je ne pense pas. Je ne pense pas que les clubs de Fédérale1 doivent se professionnaliser. Des contrats de joueurs sont déjà en place et je ne veux pas que le fossé se creuse encore plus entre le haut du panier et le reste. Maintenant, une division intermédiaire peut être envisageable. Mais dans ce cas, la discussion devra se faire avec le monde professionnel également.

Cet été, la Fédération a une nouvelle fois refusé le projet de réforme des championnats qui proposait plus de clubs par poule, pour plus de moyens. Pourquoi ne pas avoir retenu cela?

Il n’y a pas eu de véritable consensus pour dégager une véritable volonté des clubs pour cette réforme. Certains y sont favorables, d’autres moins... Il y a beaucoup de mécontents et ils savent se faire entendre. Ces prochains jours, le président de la Fédération (Pierre Camou) va rencontrer les présidents de Fédérale 1. Déjà, j’espère que tout le monde sera présent à cette rencontre et si certains veulent traiter le sujet de la réforme des championnats, j’espère qu’ils se feront entendre.

À l’heure où de nombreux clubs souffrent économiquement, cette réforme ne vous paraît-elle pas inévitable?

Je serais tenté de dire que si les clubs demandent cela pour équilibrer leurs comptes, c’est qu’ils ont raison. Mais si on veut des poules avec 14 clubs par exemple, il faut prendre en compte tous les éléments comme la difficulté de reporter les matches, les temps de repos, etc. Il n’y a pas de formule miracle et le parfait n’existe pas! Une solution naîtra d’une discussion commune.

  • ÉLECTIONS À LA FFR, PIERRE CAMOU, COMITÉ...

Des élections à la FFR sont prévues en 2016. Fondez-vous des espoirs dessus?

Ce que je constate à ce jour, c’est qu’il n’y a qu’un seul candidat déclaré, Bernard Laporte. Il est bon pour la démocratie et le débat d’avoir plusieurs candidats.

Le président Pierre Camou devrait tout de même en être...

Personnellement, il ne m’a encore rien dit. Et cette décision lui appartient.

Nombreux réclament du changement. Cela vous irrite-t-il en tant que vice-président de la FFR?

Je me méfie beaucoup de l’idée du changement. En revanche, il faut de la nouveauté. On ne peut pas repartir avec les mêmes hommes en place à la Fédération.

D’ailleurs, vous ne briguerez pas un nouveau mandat à la tête du comité Midi-Pyrénées?

Ce n’est pas une surprise. J’ai réalisé trois mandats et je considère que c’est suffisant. J’ai fait mon temps.

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