Un bourreau de l'EI incarnant sa cruauté probablement tué dans un raid américain

  • La "Une" des quotidiens britanniques en date du 27 février 2015 montrant "Jihadi John"
    La "Une" des quotidiens britanniques en date du 27 février 2015 montrant "Jihadi John" AFP - Daniel Sorabji
  • Le Premier ministre britannique  David Cameron le 13 novembre 2015 à Londres Le Premier ministre britannique  David Cameron le 13 novembre 2015 à Londres
    Le Premier ministre britannique David Cameron le 13 novembre 2015 à Londres AFP - NIKLAS HALLE'N
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Centre Presse Aveyron

Les Etats-Unis ont probablement tué dans un bombardement jeudi le bourreau britannique du groupe Etat islamique (EI) "Jihadi John", que l'on voit dans plusieurs vidéos de décapitations d'otages occidentaux et qui était devenu emblématique de la cruauté de l'organisation jihadiste.

"Nous sommes raisonnablement certains d'avoir tué la cible que nous visions, qui est Jihadi John", de son vrai nom Mohammed Emwazi, même si "cela prendra du temps (...) pour formellement (le) prouver", a déclaré vendredi un porte-parole de l'armée américaine depuis Bagdad.

"C'est certainement un coup significatif pour le prestige" de l'EI mais "il n'était pas un personnage important" dans l'organisation opérationnelle, a-t-il précisé.

Le jihadiste, un programmeur informatique de Londres né au Koweït en 1988 d'une famille apatride d'origine irakienne, était surtout "un animal humain", a-t-il estimé.

"Jihadi John" était devenu l'incarnation de la cruauté du groupe EI, s'affichant dans plusieurs vidéos de décapitations, toujours vêtu de noir, masqué et couteau à la main.

Un ancien prisonnier l'avait qualifié de "type froid, sadique et impitoyable".

Devant l'immeuble londonien où il vivait, d'anciens voisins s'interrogeaient vendredi sur la métamorphose de ce garçon "bizarre" en "diable".

- Drone britannique -

L'étau s'est resserré autour du bourreau grâce sans doute à la Turquie et à la Grande-Bretagne, pays où "Jihadi John" vivait depuis 1993.

Un responsable turc a révélé vendredi que les autorités turques détenaient un Britannique, Aine Lesley Davis, figure clé du groupe EI et partenaire présumé de "Jihadi John". Mais il n'a pas dit si cet acolyte avait fourni des informations sur le jihadiste.

"Jihadi John" était suivi depuis "quelque temps", selon le colonel Warren, et se trouvait à Raqa, le fief de l'organisation EI qui contrôle de vastes territoires en Syrie et en Irak.

Britanniques et Américains ont travaillé ensemble pour le "débusquer", a rapporté le Premier ministre britannique David Cameron, qui a justifié le raid contre un de ses citoyens en le qualifiant "d'acte d'auto-défense".

Un drone britannique en mission de "surveillance" a participé à l'opération, qui a impliqué trois drones au total, a indiqué un responsable américain.

Le jihadiste a été repéré dans une voiture à Raqa, où se trouvait aussi un autre homme, qui n'est pas considéré comme "de grande valeur" par les Etats-Unis, a rapporté le colonel Warren.

Deux drones américains ont tiré deux missiles Hellfire contre la voiture.

La mort du jihadiste sera "une maigre consolation", ont réagi les parents du journaliste James Foley, car elle "ne ramènera pas" leur fils, décapité en 2014 par "Jihadi John".

"Sa mort ne ramènera pas Jim. Si seulement autant d'efforts avaient été faits pour retrouver et sauver Jim et les autres otages, qui ont été ensuite exécutés par le groupe EI, ils seraient sans doute vivants aujourd'hui", soulignent Diane et John Foley, qui avaient contesté la stratégie du gouvernement américain sur les otages.

A l'adresse des familles d'otages dénonçant le manque de communication du gouvernement à leur égard, le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a assuré vendredi que des familles avaient été prévenues de l'opération.

"Je peux confirmer que des familles d'otages tués en Syrie ont été contactées avant que des informations soient publiées pour qu'elles sachent que l'opération avait eu lieu", a déclaré M. Earnest.

- "Vos jours sont comptés" -

La dernière apparition de "Jihadi John" remonte à une vidéo du 31 janvier montrant l'exécution d'un Japonais.

Emwazi a participé à des vidéos montrant les meurtres des journalistes américains Steven Sotloff et James Foley, du travailleur humanitaire américain Abdel-Rahman Kassig, des humanitaires britanniques David Haines et Alan Henning, du journaliste japonais Kenji Goto et d'un certain nombre d'autres otages.

Stuart Henning, neveu d'Alan Henning, a dit éprouver "des sentiments mélangés". "Parce que je voulais que le lâche qui se cachait derrière le masque souffre comme ont souffert Alan et ses amis. Mais dans le même temps, je me réjouis de sa destruction", a-t-il tweeté.

La soeur de Steven Sotloff a estimé que "Jihadi John" aurait "dû être décapité lui aussi". "Mais au moins il est mort", a-t-elle écrit sur sa page Facebook, bien que "cela ne change pas les choses".

L'épouse croate d'un otage britannique exécuté par "Jihadi John", Dragana Prodanovic Haines, a confié qu'elle serait soulagée si le bourreau de l'EI était bien mort car "il ne torturera ni ne tuera plus personne".

L'organisation de défense des droits des musulmans basée à Londres Cage a réaffirmé sa condamnation des "exécutions extra-judiciaires". "Emwazi aurait dû être jugé comme criminel de guerre".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry à Tunis a prévenu que "les terroristes associés à Daech (un acronyme en arabe de l'EI, NDLR) doivent savoir ceci: vos jours sont comptés et vous serez vaincus".

Source : AFP

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