Destruels-Bouygues : la plus vieille entreprise aveyronnaise

  • Jérôme et Daniel : la complicité générationnelle entre fils et père.
    Jérôme et Daniel : la complicité générationnelle entre fils et père. PB
Publié le
PH.B.

Longévité. On a beau afficher trois siècles au compteur, ce n’est pas pour autant qu’on n’a plus de vitalité. L’exemple de l’entreprise flagnacoise l’atteste. Portrait de cette doyenne.

Il y a quelques mois de cela, au cœur de la torpeur estivale, l’entreprise Destruels-Bouygues, située au Pont de Limoux, à l’entrée de Flagnac et en bordure de la RD963, fêtait en grande pompe-entendez en compagnie de ses nombreux amis et multiples clients-, mais sans grande couverture médiatique, ses trois siècles d’existence: soit dix générations de Destruels. Ce patronyme qui prend ici un «s» terminal, contrairement à l’orthographe généralement relevée dans le coin pour ce nom relativement courant, semble vouloir indiquer d’entrée de jeu que la lignée va être longue !

Bref, ces trois siècles d’existence font d’elle la plus vieille entreprise du département (cela a été confirmé par la CCI!) et vraisemblablement l’une des plus vieilles de France. La présence de l’entreprise est attestée depuis 1715, avec un dénommé Antoine Destruels. C’est Jérôme, l’actuel dirigeant qui clôt provisoirement la lignée directe. «Et encore, précise ce dernier, nous ne sommes pas allés rechercher plus avant». Le patronyme Bouygues a été accolé à Destruels en 1971 à la suite du mariage d’Anne-Marie, la maman de Jérôme, avec Daniel Bouygues. 

À sang neuf, impulsion nouvelle !

C’est d’ailleurs sous l’impulsion de Daniel, de ce sang neuf, que l’entreprise se développera considérablement, passant de trois à 33 salariés et d’un site unique à cinq sites. À l’origine, il s’agit d’un moulin. Il passera de main en main, de génération en génération et en ligne directe. Sur les registres, les Destruels y apparaissent comme cultivateur, meunier, propriétaire meunier… Le moulin de Limoux sera totalement détruit par les flammes un certain 16 août 1971: une date qui, de funeste mémoire, reste fermement ancrée dans la mémoire familiale. Pourtant, cet incendie aura peut-être été un mal pour un bien. À la fin des années soixante, début des années soixante-dix, le moulin «écrasait», bon an mal an, ses 200 tonnes de farine. Une farine qui alimentait essentiellement les boulangeries du Bassin et celles du sud Cantal jusqu’à Aurillac. Déjà avant que l’incendie ne ravage le moulin, Daniel -jeune professeur de sports- que l’on avait non sans mal convaincu de prendre la direction des affaires, envisageait de diversifier les productions de l’entreprise.

Au lendemain de l’incendie, la décision est prise. On va changer le fusil d’épaule. La loi l’exigeant ainsi, c’est sur les fondations de l’ancien moulin qu’il va ériger la structure de son nouveau projet. La retenue d’eau située à l’arrière du bâtiment est asséchée et de profondes fondations sont coulées. De moulin et minoterie, l’entreprise se transforme en usine de fabrication d’alimentation pour bétail. Plusieurs silos de grosse contenance (100 tonnes chaque) sont érigés à l’arrière et par côté du nouveau bâtiment. On y stocke de l’orge, du maïs, de la mélasse. Dans le même temps, de l’autre côté de la route d’autres bâtiments à vocation commerciale sont construits. L’entreprise prend une dimension tout à fait nouvelle. À l’activité principale d’alimentation pour bétail (bovins, ovins, caprins, volaille) vient s’adosser un négoce de produits agricoles: engrais et autres semences.

Cinq magasins agricoles en libre-service

Mais Daniel a du souffle. Il ne s’arrête pas là. Il voit plus grand. Plus loin. Dès le début des années quatre-vingt-dix, il ouvre des magasins agricoles en libre-service: Capdenac pour s’ouvrir sur le Lot, Le Rouget et Maurs pour les Montagnols, et Villefranche pour l’ouest. Sans oublier Flagnac qui reste le siège social. Destruels-Bouygues pèse à présent 10M de chiffre d’affaires, emploie 33 salariés, produit entre 15 et 20000tonnes de produits d’alimentation animale et rayonne sur un territoire qui court du Lioran et de l’Espalionnais au nord, jusqu’à La Fouillade à l’ouest, au ruthénois et au Lot. Bref, il est loin le temps ou le moulin se contentait «d’écraser» son grain. L’eau du Limoux coule pourtant toujours guillerette en contrebas. Jérôme convaincra-t-il son rejeton à prendre la relève? Il n’ose encore le souhaiter. Le poids des dix générations précédentes l’y invite pourtant. 

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