Syrie: 90 civils tués dans des raids avant des négociations de paix

  • La ville de Deir Ezzor en Syrie, le 4 janvier 2014
    La ville de Deir Ezzor en Syrie, le 4 janvier 2014 AHMAD ABOUD/AFP/Archives - AHMAD ABOUD
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Centre Presse Aveyron

Des raids aériens ont tué plus de 90 civils en quarante-huit heures dans l'est de la Syrie, à quelques jours de l'ouverture de négociations de paix à Genève.

Ces discussions indirectes entre régime syrien et opposition, sous l'égide des Nations unies, doivent théoriquement commencer lundi mais la composition de la délégation de l'opposition semble toujours faire débat. Leur coup d'envoi devrait être reporté de quelques jours, selon l'ONU.

Au lendemain d'un raid aérien qui a tué au moins 44 civils près de la ville de Deir Ezzor, ce secteur de l'est syrien a de nouveau été touché samedi par des raids meurtriers selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Au moins 47 civils, dont neuf enfants et deux femmes, ont péri dans le village de Khasham dans des frappes probablement menées par l'aviation russe, d'après cette organisation qui s'appuie sur un vaste réseau de sources à travers la Syrie.

Khasham se trouve à 20 km de la ville de Deir Ezzor où le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a lancé il y a une semaine un assaut contre les derniers secteurs tenus par le régime, soit un peu moins de la moitié de cette ville de 200.000 habitants -- chef-lieu d'une province riche en pétrole -- et son aéroport.

Depuis, les combats entre jihadistes et forces prorégime, les raids de l'aviation syrienne ou russe et les exécutions de civils et de combattants prorégime par l'EI ont coûté la vie à près de 500 personnes. Le groupe jihadiste retient en outre prisonniers 130 civils de Deir Ezzor.

L’OSDH affirmait mercredi que plus d'un millier de civils avaient péri dans les raids russes depuis le début de l'intervention de Moscou en Syrie, fin septembre.

- Soutien logistique -

Plus au nord de ce pays, dans un secteur sous contrôle des combattants kurdes, des forces américaines aménagent une base militaire aérienne dans le cadre de leur lutte contre l'EI, selon des sources militaires syriennes.

Washington a démenti toute prise de contrôle d'une base aérienne en Syrie mais affirmé chercher les moyens d'améliorer le soutien logistique à ses forces engagées dans ce pays.

Des forces spéciales américaines sont entrées en Syrie en novembre pour entraîner les combattants kurdes luttant contre l'EI, le premier déploiement officiel américain du genre dans ce pays.

Dans le sud du pays, douze personnes ont été tuées par des gardes-frontières jordaniens pour avoir tenté de traverser la frontière du royaume. Amman n'autorise quotidiennement que le passage de quelques dizaines de Syriens et impose des contrôles d'identité stricts.

- 'Bonne volonté' -

Le conflit en Syrie a par ailleurs été l'objet samedi d'une discussion téléphonique entre les chefs russe et américain de la diplomatie, Sergueï Lavrov et John Kerry. Selon Moscou, "une attention particulière a été portée à la nécessité de former une délégation véritablement représentative de l'opposition".

La Russie ne voit pas d'un bon oeil la nomination à la tête de la délégation de l'opposition syrienne de Mohamed Allouche, le chef du groupe rebelle islamiste prosaoudien Jaïch al-Islam, qualifié de "terroriste" par M. Lavrov.

Les prochaines négociations de paix intersyriennes ont également été évoquées par M. Kerry samedi en Arabie saoudite, farouche adversaire du régime syrien. A Ryad, le ministre américain s'est ainsi entretenu avec le coordinateur général de la coalition de l'opposition syrienne, Riyad Hijab.

"Nous sommes confiants qu'avec de la bonne volonté dans les prochains jours, ces discussions (à Genève) vont pouvoir commencer", a dit M. Kerry.

Il a par ailleurs annoncé que le groupe international de soutien à la Syrie composé de 17 pays -- dont les Etats-Unis et la Russie, selon le processus dit de Vienne -- se réunirait "immédiatement après la conclusion du premier cycle" de discussions "indirectes" à Genève entre régime et opposition.

A Ryad, John Kerry a de nouveau souligné les "divisions tranchées" au sein de la communauté internationale au sujet de l'avenir de Bachar al-Assad.

Selon lui, le président syrien est un "aimant qui attire (...) des jihadistes". Et ces derniers "continueront de venir (en Syrie) tant que lui (Assad) ou ses soutiens affirmeront qu'il fait partie de l'avenir", a-t-il jugé. "Ce n'est simplement pas possible".

Plusieurs tentatives de règlement du conflit syrien, qui a fait plus de 260.000 morts et forcé des millions de personnes à quitter leur foyer depuis 2011, ont déjà échoué.

Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), la Jordanie accueille plus de 600.000 des quatre millions de Syriens ayant fui leur pays en guerre depuis 2011.

Source : AFP

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