Israël: l'ex-Premier ministre Olmert derrière les barreaux

  • L'ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert à son arrivée le 15 février 2016 à la prison de Maasiyahu à Ramleh
    L'ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert à son arrivée le 15 février 2016 à la prison de Maasiyahu à Ramleh AFP - JACK GUEZ
  • Le véhicule transportant Ehud Olmert à son arrivée le 15 février 2016 à la prison de Ramleh, près de Tel Aviv
    Le véhicule transportant Ehud Olmert à son arrivée le 15 février 2016 à la prison de Ramleh, près de Tel Aviv AFP - JACK GUEZ
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Centre Presse Aveyron

L'ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert, connu pour son goût du luxe, a découvert lundi l'austérité de la prison où il purgera une peine de 19 mois pour corruption, devenant le premier ancien chef de gouvernement israélien incarcéré.

Condamné à 18 mois de prison pour avoir reçu des pots-de-vin et à un mois pour entrave à la justice, l'ancien Premier ministre (2006-2009), âgé de 70 ans, est arrivé en voiture par l'arrière de la prison, tentant d'éviter la majorité des équipes de télévision qui retransmettaient cet événement en direct.

Après avoir traversé la cour d'un pas lourd, il est entré seul, par une petite porte, dans le pénitencier.

Son emprisonnement parachève la déchéance de celui qui fut longtemps un des hommes forts d'Israël et que la justice, après des années d'enquêtes, a fini par rattraper avec une condamnation définitive prononcée en décembre 2015.

Initialement condamné à six ans ferme, essentiellement pour des dessous-de-table perçus dans le cadre du pharaonique projet immobilier Holyland, à Jérusalem, alors qu'il était maire de cette ville (1993-2003), il avait été relaxé en décembre de la plupart de ces accusations.

Sa peine avait été ramenée à 18 mois pour un bakchich de 60.000 shekels (13.700 euros) dans une affaire incidente touchant au financement de ses campagnes alors qu'il était ministre de l'Industrie et du Commerce (à partir de 2003).

- "Je vous laisse imaginer..." -

L'ancien avocat d'affaires, grand amateur de costumes chic et de bonne chère, a été incarcéré dans une aile réservée à certains détenus protégés.

Le traitement particulier auquel il aura droit tient à sa sécurité et au fait qu'il est dépositaire d'informations sensibles en tant qu'ex-Premier ministre, a indiqué une source pénitentiaire.

Pour l'instant, seuls cinq prisonniers sont enfermés dans cette aile, dite "bloc 10" . Mais elle a une capacité de 18 détenus, et à terme M. Olmert devra partager sa cellule dotée de trois lits, d'une douche, de toilettes et d'une table et d'une télévision.

M. Olmert rejoint à Ramleh l'ancien président Moshé Katzav, qui purge une peine de sept ans pour viols.

Il s'est défendu une dernière fois dans une vidéo publiée juste avant de prendre le chemin de la prison.

"Je démens toutes les accusations de corruption portées contre moi", dit-il, l'air profondément abattu.

"Je vous laisse imaginer combien ce changement est douloureux et singulier pour moi, ma famille, mes proches, mes supporteurs", ajoute-t-il.

"Au cours de ma longue carrière, j'ai moi aussi commis des erreurs, même si, à mes yeux, aucune n'était passible des tribunaux. Je paie cher pour certaines d'entre elles, peut-être trop cher", estime l'ex-Premier ministre, sous-entendant qu'il aurait été visé par des manœuvres politiques.

"C'est le cœur très gros que j'accepte ma condamnation aujourd'hui. Personne n'est au-dessus des lois", poursuit-il.

- "Egalité devant la loi" -

"Aussi triste qu'il soit, le spectacle d'un ancien Premier ministre condamné et entrant en prison témoigne de la robustesse de notre démocratie, de l'égalité devant la loi", a réagi Shelly Yachimovich, membre de l'opposition travailliste.

La descente aux enfers n'est peut-être pas terminée pour l'ancien Premier ministre de centre droit qui, après une longue carrière politique, prit le pouvoir en mars 2006 à la place d'Ariel Sharon, victime d'une attaque cérébrale.

Il attend en effet le verdict en appel dans une autre affaire pour laquelle il a été condamné en première instance en mai 2015 à huit mois ferme pour avoir perçu et dissimulé des dizaines de milliers de dollars de l'homme d'affaires américain Morris Talansky alors qu'il était ministre du Commerce.

Les soupçons de corruption pesant contre lui avaient contraint M. Olmert à renoncer à se présenter aux primaires du parti Kadima et à quitter la tête du gouvernement, ouvrant la voie à Benjamin Netanyahu, qui dirige Israël depuis 2009.

M. Olmert est le dernier Premier ministre à s'être autant investi dans des négociations, intensives mais infructueuses, pour faire la paix avec les Palestiniens.

Source : AFP

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