Baisse du chômage en janvier, gâchée par une incertitude statistique

  • Myriam El Khomri au Pôle Emploi de Saint-Ouen, au nord de Paris, le 24 février 2016
    Myriam El Khomri au Pôle Emploi de Saint-Ouen, au nord de Paris, le 24 février 2016 AFP - DOMINIQUE FAGET
  • Baisse du chômage en janvier 2016
    Baisse du chômage en janvier 2016 AFP - VL/FH, L.Saubadu/V.Lefai
  • François Hollande à Lima le 23 février 2016, avant de se rendre en Argentine
    François Hollande à Lima le 23 février 2016, avant de se rendre en Argentine AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
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Centre Presse Aveyron

Le chômage a connu une nette baisse en janvier, potentiellement la plus forte depuis la crise de 2008, mais cette publication est entachée d'événements statistiques "inhabituels" et "inexpliqués", qui la rendent difficilement interprétable.

Le nombre de chômeurs a diminué de 27.900 personnes en janvier en métropole, pour s'établir à 3,55 millions, mais ce chiffre est à prendre avec des pincettes, avertit la Dares, service des statistiques du ministère du Travail.

A la fin de chaque mois, les demandeurs d'emploi sont tenus de déclarer leur situation à Pôle emploi, sous peine d'être désinscrits d'office. En janvier, 238.900 personnes sont sortis des listes pour ce motif, soit plus de 40.000 de plus qu'en décembre.

Cette hausse, "inhabituellement forte" et "inexpliquée", fait baisser le chômage, écrit la Dares, qui appelle à interpréter les résultats "en tendance", c'est-à-dire sur une période plus longue.

"Les chiffres sont honnêtes et corrects, il n'y a aucun bug", s'est pourtant défendue la ministre du Travail Myriam El Khomri, lors d'un point presse. Pôle emploi "dément", de son côté, "tout dysfonctionnement dans le processus d'actualisation des demandeurs d'emploi".

En août 2013, un "bug" de l'opérateur SFR dans l'acheminement des messages de relance rappelant aux inscrits d'actualiser leur situation avait gonflé les désinscriptions (+50.000).

- Reprise poussive -

Mme El Khomri voit dans les chiffres de janvier une "confirmation de la tendance qui se dessine depuis l'été dernier". Selon elle, "nous sommes à une stabilisation du nombre de demandeurs d'emploi", "préalable à la baisse du chômage".

Le chômage est "sur un plateau depuis six mois", estime aussi Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. C'est le reflet, selon lui, d'une "phase de reprise extrêmement poussive", qui reste "insuffisante pour inverser la courbe".

Résultat: le chômage joue au yo-yo depuis juin, sans qu'aucune tendance ne se dessine. Fin janvier, le chômage était en baisse de 27.500 personnes (-0,8%) sur trois mois, alors que les chiffres de Pôle emploi sont révélateurs d'une tendance de fond à partir d'une évolution trimestrielle de 35.000, selon la Dares.

Le chômage reste, en outre, en hausse de 1,8% sur un an.

La tendance est encore moins favorable en incluant l'outre-mer et les demandeurs d'emploi ayant exercé une petite activité. Leur nombre est en hausse de 0,3% sur trois mois, à 5,76 millions.

Les jeunes sont les mieux lotis. En catégorie A (sans activité), les moins de 25 ans reculent de 2,4% sur trois mois et de 5% sur un an. Mais la situation des seniors continue de se dégrader: +0,8% sur trois mois et +7,8% sur un an.

Autre point noir, le chômage de longue durée: fin janvier, 2,48 millions de demandeurs d'emploi (+1,6% sur trois mois, +9,1% sur un an), petite activité comprise, étaient inscrits depuis plus d'un an.

- Signes d'amélioration -

Le doute qui entoure les chiffres de janvier ne fait pas les affaires de François Hollande, qui a récemment réaffirmé qu'il ne briguerait pas un second mandat sans baisse "crédible" du chômage en 2016.

Depuis son élection en mai 2012, Pôle emploi a vu affluer environ 630.000 chômeurs supplémentaires en métropole, mais 2015 a donné des signes d'amélioration: le chômage a connu sa plus faible hausse depuis 2010 et le secteur privé a enregistré, pour la première fois depuis 2011, des créations nettes d'emplois salariés.

Autre "signal positif": les chiffres de Pôle emploi affichent une hausse (+13,7% sur un an) des désinscriptions pour "reprise d'emploi". Cela traduit un "début de frémissement", quoique "très fragile", analyse Mathieu Plane.

L'embellie va-t-elle s'amplifier en 2016 ? Selon l'Unédic, il faut plutôt s'attendre à un scénario de baisse artificielle du chômage.

Selon le gestionnaire de l'assurance chômage, le chômage devrait connaître une baisse minime (-25.000) en 2016, essentiellement due à des entrées en formation dans le cadre du plan d'urgence pour l'emploi.

Le chef de l'Etat a annoncé, pour 2016, 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs les moins qualifiés, soit un doublement des effectifs. L'entrée en formation fait basculer les inscrits dans la catégorie D de Pôle emploi, nettement moins commentée chaque mois que la catégorie A.

Source : AFP

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