Tueries de Merah: son frère et un autre homme renvoyés aux assises

  • Un soldat monte la garde lors d'une commémoration en mémoire des victimes du jihadiste Mohamed Merah, à Sarcelles, le 19 mars 2015
    Un soldat monte la garde lors d'une commémoration en mémoire des victimes du jihadiste Mohamed Merah, à Sarcelles, le 19 mars 2015 AFP/Archives - DOMINIQUE FAGET
  • L'affaire Mohamed Merah
    L'affaire Mohamed Merah AFP - Simon MALFATTO, Iris ROYER DE VERICOURT
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Centre Presse Aveyron

Quatre ans après les tueries de Mohamed Merah qui avaient replongé la France dans le jihadisme sanglant, son frère Abdelkader a été renvoyé devant la cour d'assises spéciales, où il sera accusé de complicité des assassinats terroristes de Toulouse et Montauban.

Abdelkader Merah, 33 ans, ne sera pas seul dans le box, car les juges antiterroristes ont aussi ordonné un procès pour Fettah Malki, un délinquant toulousain soupçonné d'avoir fourni un pistolet mitrailleur Uzi et un gilet pare-balles au tueur.

Un non-lieu a en revanche été ordonné pour Mohamed Mounir Meskine, soupçonné d'avoir participé avec les frères Merah au vol du scooter utilisé lors des tueries, ce qu'il niait.

Mohamed Merah a tué sept personnes: le militaire Imad Ibn-Ziaten, 30 ans, le 11 mars 2012 à Toulouse puis, le 15, deux parachutistes de Montauban, Abel Chennouf, 25 ans, et Mohamed Legouad, 23 ans, avant d'assassiner le 19 dans une école juive toulousaine Jonathan Sandler, 30 ans, ses fils Arié et Gabriel, cinq et trois ans, et Myriam Monsonego, huit ans. Il a été abattu le 22 mars par la police dans l'appartement où il était retranché.

Ces crimes, en pleine campagne présidentielle, avaient plongé dans la stupeur un pays où la menace jihadiste s'est ensuite ancrée avec les attaques de 2015.

Merah a frappé avant la vague de départs en Syrie de jeunes Français. Pour justifier ses crimes, il invoquait plutôt l'Afghanistan et les Territoires palestiniens. Al-Qaïda, dont il se réclamait, a depuis été supplanté dans l'imaginaire jihadiste par l'organisation Etat islamique (EI).

"Merah a été le premier terroriste global. Il a réussi à construire une mythologie, un personnage qui voyage dans le monde entier et ensuite revient en France", explique à l'AFP Mathieu Guidère, professeur d'islamologie à l'Université Toulouse-Jean Jaurès. Il a également "fait sauter le verrou de la multiplicité des cibles, non seulement les juifs mais également des civils et des militaires."

Tout comme son frère, il était connu des services antiterroristes pour sa proximité avec d'autres membres de la mouvance islamiste radicale toulousaine. Parmi eux, Sabri Essid, qui a rejoint l'EI en zone irako-syrienne, ou les frères Fabien et Jean-Michel Clain, les voix de la revendication des attentats du 13 novembre.

- Impatience et amertume des parties civiles -

Dans ses réquisitions, le parquet de Paris relevait que même s'il a agi seul sur les lieux des tueries, Mohamed Merah, délinquant franco-algérien de 23 ans, était "loin d'être un +loup solitaire+". Etaient relevés ses voyages au Pakistan et en Afghanistan, et "la responsabilité d'individus rencontrés (...) dans les zones tribales du Waziristan, tel que Moez Garsallaoui", recruteur pour Al-Qaïda en Europe, lui-même abattu par des drones au Pakistan.

Mais les investigations n'ont pas permis d'identifier un commanditaire.

Quant à Abdelkader Merah, malgré ses dénégations, "il apparaît comme un élément central et moteur des actions mortifères", estimait le parquet, pour qui sa proximité avec Mohamed et les documents retrouvés chez lui relatifs au jihad armé montrent qu'il ne pouvait ignorer ses projets.

Il lui est aussi reproché d'avoir participé au vol du scooter.

Contacté par l'AFP, son avocat Eric Dupond-Moretti n'a pas donné suite.

Fettah Malki a été renvoyé pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, recel de vol, et détention d'armes. "Il n'a aucune complicité dans les actes de Mohamed Merah", a déclaré son avocat Christian Etelin, assurant que l'arme a été fournie "dans le cadre d'une relation de voyous de quartiers".

De leur côté, les parties civiles ont dit attendre avec "impatience" le procès, tout en exprimant leur amertume.

"Alors qu'il s'agit d'un réseau terroriste organisé et tentaculaire, seul Abdelkader Merah devra répondre des assassinats commis par son frère", a déploré Samia Maktouf, avocate de la famille d'Imad Ibn-Ziaten. Elle regrette que d'autres protagonistes à ses yeux n'aient pas été visés par les poursuites, tels que Fabien Clain ou Sabri Essid.

La famille de Mohamed Legouad a elle déploré, par la voix de son avocat Olivier Morice, "que Mohamed Merah soit le grand absent, du fait des dysfonctionnements liés aux circonstances qui n'ont pas permis de l'interpeller vivant".

Source : AFP

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