A l'hôpital de Decazeville, la «stratégie» de l’ARS interroge

Les personnels médicaux de l’hôpital decazevillois sont «inquiets et en colère» et ils le font savoir par la voix du Dr Azouz Bédioui, le patron de la commission médicale de l’établissement (CME). Dominique Perrier, l’actuel directeur de l’hôpital Pierre-Delpech sera à la retraite demain soir. Son remplaçant «par intérim» ne serait autre qu’Alain Nespoulous, le directeur de l’hôpital villefranchois qui, de fait, chapeauterait les deux.

Hégémonie villefranchoise ?

«Nous nous opposons à cette nomination, insiste Azouz Bédioui, car jusqu’à présent, nous nous sommes rendu compte lors des nombreuses réunions que nous avons eues en commun lors de l’élaboration de la convention constitutive du Groupement hospitalier de territoire (GHT) que ses prises de position n’allaient pas dans le sens du respect de chaque établissement, mais plutôt dans un esprit hégémonique pour favoriser l’hôpital villefranchois. Cela s’est vérifié ces dernières semaines avec le rapport remis à l’ARS par le Dr Jean-Michel Castex, responsable de la maternité villefranchoise et patron de la CME de l’établissement. Un rapport dans lequel il préconisait, dans le cadre du projet médical de territoire, rien de moins que la transformation de la maternité decazevilloise en centre de périnatalité de proximité (CPP). Or, si on ne peut affirmer que ce rapport avait l’aval d’Alain Nespolous, on ne saurait en revanche douter pour le moins qu’il bénéficiait de sa bénédiction tacite. Nos craintes ne sont donc pas des vues de l’esprit». 

Chaises musicales

Du côté de l’hôpital decazevillois, on craint que cette décision ne soit en fait qu’un «coup» supplémentaire dans le cadre d’une stratégie globale de l’ARS afin de doter les trois établissements hospitalier du «Nord-Aveyron» d’une direction monocéphale. «On peut en effet sans peine envisager que, une fois le GHT réalisé, Frédéric Bonnet qui s’implique bien dans ce projet, soit amené à diriger un CHU, poursuit Azouz Bédioui. Auquel cas, c’est un boulevard qui serait ouvert à Alain Nespoulous qui, lui, je le répète est loin de faire consensus».

En tout état de cause, la contre-offensive se met d’ores et déjà en place. La CME de Decazeville est en contact avec la députée Marie-Lou Marcel, et l’ensemble des élus du territoire, François Marty en premier chef, sont informés de la situation. Samedi, pour le rassemblement de soutien à la maternité, nul doute en tout cas que cette nouvelle problématique sera portée à la connaissance de la population. Une chose semble acquise, à l’avenir, toutes les parties en présence devront s’y prendre autrement pour, comme le disait hier Alain Nespoulous, «restaurer un climat de confiance qui, pour l’heure, manque cruellement».