Syrie: un convoi humanitaire interdit d'accès à une ville assiégée

  • Les forces gouvernementales syriennes inspectent une maison détruite lors des affrontements à Daraya, au sud-ouest de la capitale syrienne Damas le 24 février 2016
    Les forces gouvernementales syriennes inspectent une maison détruite lors des affrontements à Daraya, au sud-ouest de la capitale syrienne Damas le 24 février 2016 AFP/Archives - YOUSSEF KARWASHAN
  • Syrie: l'aide humanitaire aux civils piégés Syrie: l'aide humanitaire aux civils piégés
    Syrie: l'aide humanitaire aux civils piégés AFP - Philippe MOUCHE, Alain BOMMENEL
  • Riad Hijab, coordinateur de l'opposition syrienne, à Berlin le 4 mai 2016
    Riad Hijab, coordinateur de l'opposition syrienne, à Berlin le 4 mai 2016 AFP/Archives - Adam BERRY
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Centre Presse Aveyron

Un convoi d'aide humanitaire censé soulager la population "désespérée" de la ville syrienne de Daraya n'est pas entré comme prévu jeudi dans cette cité assiégée par les forces du régime depuis 2012.

Dans le nord-ouest du pays, au moins 16 jihadistes, dont un haut responsable du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, ont été tués dans des frappes aériennes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Malheureusement, notre convoi d'aide avec l'ONU et le Croissant rouge syrien s'est vu refuser l'entrée à Daraya malgré une autorisation préalable de toutes les parties", a indiqué sur Twitter le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

L'organisation avait présenté plus tôt cette aide comme la première depuis 2012 à la ville contrôlée par les rebelles et située au sud-ouest de Damas.

"Nous exhortons les autorités responsables de permettre l'accès à Daraya", a ajouté le CICR sans préciser la ou les parties qui ont empêché l'entrée du convoi.

La situation à Daraya est "désespérée", a déclaré dans un communiqué Marianne Gasser, chef de la délégation du CICR en Syrie, qui faisait partie du convoi.

Cinq camions préparés par le CICR, l'ONU et le Croissant Rouge syrien devaient notamment livrer du lait pour bébé, ainsi que des produits médicaux et scolaires.

Un porte-parole de l'ONU a affirmé pour sa part qu'il avait été décidé que le convoi ne poursuivrait pas sa route après que des "denrées alimentaires" eurent été prises du convoi.

L'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura et le coordinateur humanitaire sur place "ont décidé d'interrompre la mission à Daraya parce que des denrées alimentaires pour les enfants (...) ont été retirées du convoi au dernier barrage", a dit Stephane Dujarric, sans préciser qui les avait prises.

Dans une vidéo postée sur Facebook par le conseil de la ville, des habitants réclament de la nourriture et de l'eau.

- Ville symbole -

"Nous ne voulons pas des livres ou des crayons (...) Nous voulons manger. Nous voulons boire", lance d'une voix brisée une femme portant un bébé.

Daraya est un fief rebelle symbolique pour l'opposition car il échappe au régime depuis quatre ans. La ville était à la pointe de la révolte contre Bachar al-Assad quand celle-ci a éclaté en mars 2011.

Dans la ville, qui a perdu 90% de ses 80.000 habitants, ceux qui restent souffrent de graves pénuries et de malnutrition.

Ailleurs dans le pays, la guerre continuait de faire rage avec des frappes intenses du régime sur le fief rebelle de la Ghouta orientale près de Damas, une prise par Al-Qaïda et ses alliés d'un village alaouite, communauté dont est issu Bachar al-Assad, dans le centre, et des combats entre rebelles et jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans le sud.

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), l'OSDH a fait état de plus de 60 raids aériens visant l'aéroport militaire d'Abou Douhour, et faisant au moins 16 morts dans les rangs du Front Al-Nosra et de ses alliés islamistes qui s'étaient emparés de cette base en septembre.

L'ONG n'était pas en mesure de dire s'il s'agissait de raids de l'armée syrienne, l'aviation russe ou celle de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui combat les jihadistes.

Toujours dans le nord, à Alep, la deuxième ville du pays divisée entre quartiers gouvernementaux et rebelles, une trêve temporaire a expiré mercredi à minuit sans qu'elle ne soit prolongée.

- "Nous voulons des actes" -

Juste après son expiration, deux rebelles ont été tués dans une frappe sur le quartier al-Chaar, selon l'OSDH. Selon la défense civile, deux barils ont été largués par le régime sur un quartier rebelle, sans faire de victime.

Le 22 avril, des combats avaient fait voler en éclat un cessez-le-feu instauré fin février entre rebelles et forces gouvernementales sous l'égide de Moscou et Washington.

Les deux grandes puissances doivent co-présider une nouvelle réunion le 17 mai à Vienne du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) pour tenter de trouver une solution au conflit qui a fait plus de 270.000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.

Mais pour le coordinateur de l'opposition Riad Hijab, "cela fait cinq ans que le peuple syrien meurt. Nous voulons des actes, et non plus des paroles, de la part de nos amis".

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a prévenu jeudi qu'un règlement politique "pourrait prendre du temps".

Déclenché par la répression de manifestations contre le régime en mars 2011, le conflit est devenu très complexe avec une multiplication des acteurs, notamment étrangers.

Source : AFP

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