Meurtre d'un policier et sa compagne: l'enquête se concentre sur le passé du tueur

  • Photo prise le 14 juin 2016 sur Facebook de  Larossi Abballa
    Photo prise le 14 juin 2016 sur Facebook de Larossi Abballa FACEBOOK/AFP - STR
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Centre Presse Aveyron

Comment l'attaque a-t-elle été préparée? Quels liens avec la mouvance radicale? Y a-t-il eu des complicités ? Les enquêteurs tentent de reconstituer le drame qui s'est déroulé au domicile d'un policier et de sa compagne tués près de Paris par un homme de 25 ans se revendiquant du groupe Etat islamique (EI).

- Est-ce une attaque inédite ?

Les enquêteurs font face à une attaque jihadiste inédite en France, visant des cibles individuelles à leur domicile.

Lundi peu après 20H00, Larossi Abballa poignarde à mort un policier en civil devant chez lui avant de s'engouffrer dans la maison et d'égorger la compagne du fonctionnaire. Leur fils de 3 ans et demi en réchappe, indemne.

Avant d'être abattu, l'assaillant, calme et souriant, se met en scène dans une vidéo filmée en direct à l'intérieur de la maison, et diffusée sur Facebook. Il appelle à attaquer des policiers, des gardiens de prison, des journalistes, des rappeurs et autres personnalités publiques dans cette séquence, visionnée par l'AFP.

Une liste de cibles, mentionnant des personnalités ou des professions, est retrouvée au domicile des victimes ainsi que trois téléphones et trois couteaux, dont un ensanglanté.

Puis, vient la revendication par le canal de l'agence Amaq liée au groupe jihadiste, affirmant qu'un "combattant de l'Etat islamique" a tué le couple près de Paris.

Le 24 novembre 2015, les organes de presse de l'EI avaient diffusé une vidéo, dans laquelle des combattants francophones de l'EI menaçaient les Français de nouvelles attaques contre leurs maisons, leurs écoles, dans les rues, hôpitaux et lieux publics.

- Quels liens avec la sphère jihadiste ?

Larossi Abballa entretenait depuis plusieurs années des liens avec la mouvance radicale.

Originaire de Mantes-la-Jolie, le jeune homme de 25 ans, qui a lancé début 2016 son entreprise de livraison de sandwichs halal, est déjà connu des services antiterroristes: il avait été jugé avec sept autres prévenus et condamné en 2013 à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, pour participation à une filière d'envoi de candidats au jihad vers le Pakistan.

Au moment de son arrestation en mai 2011 pour ses liens avec Mohamed Niaz Abdul Rassed, un ressortissant indien considéré comme l'inspirateur de la filière, les policiers retrouvent lors d'une perquisition au domicile de ses parents un agenda avec une liste de commissariats, de mosquées et de lieux touristiques dans son département des Yvelines. "Des cibles potentielles", souligne alors une source proche de l'enquête.

- Quel suivi après sa condamnation de 2013 ?

Abballa a été libéré à l'issue de son procès en septembre 2013, ayant effectué l'intégralité de sa peine en détention provisoire. Son sursis était accompagné d'une mise à l'épreuve de deux ans qui s'est achevée le 30 novembre 2015. "Aucun incident n'a été relevé" pendant cette période, a noté le procureur de la République de Paris, François Molins, lors d'une conférence de presse.

Son nom réapparaît dans le cadre d'une information judiciaire, ouverte le 11 février 2016 et conduite par un magistrat antiterroriste, sur une filière de départs vers la Syrie.

Une trentaine de lignes téléphoniques sont alors mises sur écoutes, "dont plusieurs attribuées à Larossi Abballa", a relevé François Molins. Ces écoutes n'ont "pas permis à ce jour de déceler le moindre élément" sur "la préparation et un passage à l'acte violent", a-t-il ajouté.

Les évènements semblent s'être récemment accélérés.

Alors qu'il est retranché lundi soir au domicile de ses victimes, Abballa affirme aux policiers "avoir prêté allégeance trois semaines plus tôt au commandeur des croyants de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi", a rapporté le procureur. L'assaillant, qui savait que sa victime était policier, a expliqué avoir répondu à un appel du chef de l'EI "demandant de +tuer des mécréants, chez eux, avec leur famille+", a ajouté François Molins.

- A-t-il bénéficié de complicités ?

Les enquêteurs cherchent à déterminer si l'homme a pu bénéficier de complicités dans la préparation des meurtres. A ce stade, trois personnes, dans l'entourage du tueur, âgées de 27, 29 et 44 ans, ont été placées en garde à vue mardi. Deux des trois hommes figurent parmi les huit membres de la filière jihadiste, condamnés en 2013. Aucune arme, ni explosif n'ont été retrouvés au domicile de l'assaillant.

Source : AFP

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