"Jungle" de Calais: Cazeneuve réaffirme un démantèlement "rapide" mais avec "méthode"

  • Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la maire de Calais Natacha Bouchart, le 2 septembre 2016 à Calais
    Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la maire de Calais Natacha Bouchart, le 2 septembre 2016 à Calais AFP - FRANCOIS LO PRESTI
  • Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la maire de Calais Natacha Bouchart, le 2 septembre 2016 à Calais
    Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la maire de Calais Natacha Bouchart, le 2 septembre 2016 à Calais AFP - FRANCOIS LO PRESTI
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Centre Presse Aveyron

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a réaffirmé vendredi l'intention de l'Etat de démanteler la "Jungle" de Calais, mais avec "méthode" et avec "maîtrise", alors que de nombreux acteurs locaux le pressent face au nombre inédit de migrants.

"C'est en faisant preuve de persévérance, de méthode que nous dégagerons une solution efficace... et ce jusqu'à la fermeture définitive du campement, que je souhaite la plus rapide possible", a déclaré le ministre dans un discours devant les forces de l'ordre réunies dans une caserne de gendarmerie de Calais.

"Nous avançons avec méthode" pour le "démantèlement progressif et maîtrisé du campement de la Lande", a-t-il ajouté, sans donner de date. Dans un communiqué envoyé vendredi soir la maire de Calais Natacha Bouchart (LR) précise de son côté que le ministre lui aurait assuré que le démantèlement de la zone nord allait survenir "avant la fin de l’année".

Il s'agit concrètement d'obtenir d'abord gain de cause devant le Conseil d'Etat sur la fermeture des commerces informels du camp situés dans la zone nord, invalidée par le tribunal administratif de Lille le 12 août, tout en accélérant la création de Centre d’accueil et d'orientation (CAO) et de Centres d’accueil pour demandeurs d'asile (CADA), et enfin de démanteler le camp à proprement parler, a précisé à l'AFP l'entourage du ministre quant aux "étapes" évoquées par le ministre la veille dans un entretien à Nord-Littoral.

Le Centre d'accueil de jour Jules Ferry (douches, repas et 400 places la nuit pour femmes et enfants) et le Centre d'accueil provisoire (CAP), 1.500 places de dortoir dans des conteneurs, ne seraient pas concernés dans l'immédiat, selon une source proche du dossier.

La population du camp a atteint cet été des records: 6.900 selon l'Etat, 9.000 selon des associations, provoquant des appels à démantèlement multiples de la part d'acteurs économiques et politiques locaux.

Bernard Cazeneuve a qualifié les CAO et les CADA de "noeud" de la politique gouvernementale sur le thème migratoire: "Depuis le 27 octobre dernier, 5.528 personnes ont ainsi été prises en charge; 80% d'entre elles ont demandé l'asile en France", a-t-il chiffré.

- 'Rien de nouveau' -

Afin de "procéder au démantèlement dans les meilleurs délais et dans des conditions dignes", "nous allons encore amplifier cet effort avec la création d'ici la fin de l'année de 2.000 nouvelles places en CAO et de 6.000 places en CADA", a promis le ministre, confirmant ses déclarations de la veille.

En tout, 18.500 places en CADA auront été créées au cours du quinquennat, prévoit le ministre.

"La politique du gouvernement est de ne pas laisser les situations de détresse s'agglomérer aux situations de détresse", a scandé M. Cazeneuve.

En outre, il a confirmé les renforts de forces de l'ordre: 140 CRS, 54 policiers de la Police aux frontières, ainsi que 28 gendarmes supplémentaires seront mobilisés dans le Calaisis, portant le total des effectifs mobilisés dans ce secteur à "plus de 2.000", "un effort considérable".

Ces annonces n'ont pas changé les plans des associations de commerçants et agriculteurs du Calaisis, qui ont affirmé devant la presse maintenir leur action lundi matin, prévoyant une double opération escargot sur l'autoroute autour de Calais et la formation d'une chaîne humaine près du port pour réclamer le démantèlement de la "Jungle" accusée de fragiliser l'économie.

"Le ministre a bien reçu notre désarroi, mais cela ressemble à +je botte en touche+. Plus on rajoute de policiers plus on a de migrants", a ainsi déclaré le porte-parole du collectif des entreprises et commerces du Calaisis, Frédéric Van Gansbeke à l'issue de leur entretien avec M. Cazeneuve. Le ministre leur a pourtant promis un nouveau "dispositif national de soutien et de solidarité".

Mme Bouchart a confié, elle, sa satisfaction d'avoir entendu le ministre s'engager au "démantèlement total de la zone nord en une étape".

"C'est plus qu'un soulagement, nous sommes dans la souffrance complète", a-t-elle affirmé pour qui l'entretien avec le ministre de l'Intérieur était "le message que nous avions besoin d'entendre".

"Rien de nouveau sous le soleil calaisien", a pour sa part estimé le président de l'Auberge des migrants, Christian Salomé pour qui "les nouvelles places d'hébergement proposées sont largement insuffisantes car elle le sont à un niveau national". Il a en outre critiqué l'absence d'allusion aux renégociations des accords du Touquet instituant la frontière britannique en France.

Source : AFP

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