Affaire Grégory : « Plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime »

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Centre Presse

L’enquête sur la mort du petit Grégory en 1984, dans le cadre de laquelle trois membres de la famille Villemin sont en garde à vue, montre que «plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime», a affirmé jeudi le procureur général de Dijon.

«Quelques jours avant le passage à l’acte, des repérages et surveillances ont été réalisés, opérés par un homme portant une moustache et quelques fois accompagné d’une femme», a précisé Jean-Jacques Bosc, selon lequel l’enquête s’oriente vers la vérification des emplois du temps des suspects dans le cadre de leur garde à vue. Le procureur a néanmoins admis que l’affaire n’était pas résolue. «Je ne sais pas qui est l’auteur du crime», a dit le magistrat lors d’un point de presse, précisant que les trois membres de la famille Villemin en garde à vue avaient jusqu’à présent invoqué leur droit au silence.

M. Bosc a aussi révélé que de nouvelles expertises d’une lettre manuscrite anonyme de 1983 adressée à Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, orientaient les soupçons sur Jacqueline Jacob, la tante de Jean-Marie Villemin. «Les conclusions de cette expertise sont confondantes à l’encontre de Mme Jacqueline Turiot, épouse Jacob», a-t-il affirmé.

L’expertise d’une autre lettre de menaces de mort adressée en 1989 cette fois au juge Simon, qui était sur le point d’innocenter Christine Villemin, «implique également avec les mêmes réserves de prudence la grand-mère de Grégory». Ce qui a «justifié son audition» mercredi, a-t-il dit.

En revanche, la lettre «de revendication» postée à Lépanges le 16 octobre 1984, le jour du meurtre, «également soumise à une expertise, n’a pas permis à ce stade d’en déterminer l’auteur».

Il est cependant possible «d’observer une similitude importante des termes» entre ces deux lettres de 1983 et la lettre de revendication où l’on retrouve le mot le chef», a-t-il détaillé.

Le procureur devait tenir une autre conférence de presse vendredi.

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Anacrim, le logiciel au cœur de l’enquête

Anacrim, à l’origine de la spectaculaire relance de l’affaire Grégory, est un logiciel d’analyse criminelle qui traite toutes les données d’enquête pour en tirer des recoupements et de nouvelles hypothèses de travail, une aide pouvant s’avérer déterminante dans les «cold cases». Conçu au milieu des années 1990 par la gendarmerie, Anacrim apporte un regard neuf à des enquêteurs, souvent noyés par des milliers de procès-verbaux et des données techniques complexes à traiter (téléphonie, comptes bancaires, multiplicité des auditions de témoins...). A partir de toutes les données matérielles (lieux, modes opératoires, indices...) et humaines (suspects, témoins) toujours issues de la procédure judiciaire, cet outil permet d’effectuer des recoupements entre plusieurs affaires semblables, tester des hypothèses mais aussi de représenter visuellement l’enquête.

Il apporte «une vision globale de la procédure et permet de distinguer la logique qui se dessine au travers de la commission d’un fait criminel ou délictuel», explique le colonel Didier Berger, chef du Bureau des affaires criminelles (BAC) de la gendarmerie. Près de 400 analystes sont formés à ce logiciel.

L’objectif du logiciel: mettre en évidence des incohérences d’emploi du temps d’un témoin ou d’une personnes mise en cause, des contradictions entre certains témoignages et des constatations effectuées par les enquêteurs. Anacrim «a relancé l’enquête sur la mort du petit Grégory en offrant un regard neuf sur la procédure car sur le fond il n’y a pas d’éléments nouveaux», a expliqué une source proche du dossier.

«Comme les investigations récentes de police technique et scientifique sur des dizaines de scellés n’ont pu aboutir, les gendarmes ont décidé une remise à plat du dossier et Anacrim, sous sa dernière version, a permis de démontrer de nouvelles incohérences qui avaient jusque-là échappé aux enquêteurs», a-t-elle ajouté.

Le Service central du renseignement criminel (SCRC) de la gendarmerie a ainsi reconstitué la chronologie des jours précédant et suivant le crime, de façon à positionner dans l’espace et dans le temps l’ensemble des protagonistes et des éléments considérés comme intéressants.

Après ce minutieux travail de relecture et d’analyse, trois membres de la famille Villemin, en garde à vue depuis mercredi à Dijon, étaient interrogés et mis face à leurs contradictions. Anacrim permet notamment de «préparer des stratégies d’audition de témoins» et surtout «de ne pas passer à côté d’une piste», estime le colonel Berger.

Fréquemment utilisé pour résoudre les «cold cases» qui font l’objet d’une abondante procédure au fil des années, Anacrim a notamment aidé les gendarmes à prouver l’implication du tueur Michel Fourniret dans des faits qui ne lui étaient pas imputés jusqu’alors. Il a aussi aidé à arrêter Emile Louis dans l’enquête des disparues de l’Yonne. «Il est devenu un outil indispensable pour toutes les procédures complexes ou sensibles. Le cerveau humain a ses limites et n’est pas toujours capable d’analyser des faits parfois anodins. Toutefois, Anacrim reste une aide. Il ne fait qu’orienter les soupçons», explique M. Berger.

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