Rodez : Blandine Saint-Léger voit les lunettes sur mesure

«Il faut être fou pour s’installer, à notre époque et ouvrir une affaire comme la mienne !». C’est le jugement que Blandine Saint-Léger porte sur son «affaire», une boutique de fabrication de lunettes, sur mesure, qu’elle vient d’ouvrir passage des maçons. Elle est artisan lunetier. Un métier rare, autant dans le département qu’en France.

Les difficultés administratives n’ont pas découragé cette jeune femme de 30 ans, passionnée par son métier. Un métier qu’elle s’est créé sur mesure aussi et auquel elle n’hésite pas à consacrer 11 heures par jour.

Avant de passer à la fabrication proprement dite de la paire de lunettes, Blandine Saint-Léger reçoit sur rendez-vous. Un rendez-vous - « qui n’engage à rien » précise-t-elle. Durant cette rencontre, « je vais chercher à connaître le projet de la personne. Je vais me nourrir de ce que les gens me disent d’eux, de leurs envies d’être unique », confie l’artisan. L’opticienne (elle a un BTS dans le domaine) va ainsi collecter des informations et donner des conseils. Elle photographie son client et travaille la forme des lunettes avec cette image.

Plusieurs échanges peuvent être nécessaires avant de finaliser le projet.

Vient ensuite le choix des matériaux. Son atelier regorge de plaques de toutes les couleurs (dans diverses matières comme la corne, le plastique... et dans des tons harmonieux ou plus marqués).

C’est dans ces plaques que Blandine Saint-Léger va découper la forme des lunettes et des branches. Elle peut faire des montures élaborées en y intégrant des tissus. « J’adore travailler les matières et imaginer des compositions », explique-t-elle en montrant deux paires de lunettes aux couleurs du Tour de France (l’une intégralement jaune, la seconde avec des pois rouges, à l’effigie du maillot du meilleur grimpeur).

Dans son atelier, de nombreux outils de base (comme des ponceuses ou des meuleuses) côtoient des machines high-tech pour clipper ou incruster des matières. « Je peux tout faire sur mesure, y compris graver le nom de la personne ou autre, mettre des diamants », ajoute la professionnelle qui s’est associée avec l’entreprise de Max Capdebarthes pour proposer des étuis en cuir à ses clients.

Des partenariats, elle en a également noué avec Gille Ruiz. « Le photographe peut prendre le client avec ses lunettes en photo, s’il le souhaite. Moi, ça me permet de faire ma communication en mettant ces portraits sur le net et le client pourra partir avec une belle photo tirée par un professionnel d’art. Tout le monde est gagnant », ajoute-t-elle.

Par ailleurs, la boutique de la jeune femme sert de dépôt-vente à des collègues (hors du département), qui, comme elle, fabriquent des lunettes sur mesure, mais n’ont pas de lieu de vente. Comme, par exemple, la marque Les yeux du loup (sur le territoire du Pic-Saint-Loup).

Un parcours sans faute

Avant de s’installer et de créer son affaire, Blandine a fait un BTS d’où elle est sortie diplômée et spécialisée en lentilles de contact.

Elle a travaillé durant 7 ans (Mutualité de la Lozère, Afflelou et dans un magasin indépendant). « J’ai vu comment fonctionne les mutualistes et les indépendants, ainsi que les grandes marques. Ces trois façons de travailler m’ont montré le monde de l’optique dans sa globalité », dit la jeune femme.

Aujourd’hui, elle réalise que c’est son père, artisan maçon, qui l’a sans doute influencée. « Il fabrique beaucoup de choses avec presque rien et de la récup. C’est d’ailleurs lui qui m’a fabriqué les étagères, découpé les troncs de bouleau », explique-t-elle en montrant la décoration de la boutique.