Un Bozoulais ramène un long métrage de son expédition en Patagonie

« Au fond d’une cavité, que l’on soit en Aveyron ou là-bas, c’est la même déconnexion. On perd la notion du temps », confie Cédric Azémar. L’enfant de Gillorgues, commune de Bozouls, a ses racines et son cœur entre ciel et mer. C’est sans doute pour cela qu’il pratique l’escalade depuis l’âge de 11 ans au club de la MJC de Rodez, et est devenu spéléologue avec l’association Centre Terre pour découvrir les contrées encore vierges. Un homme, non pas à tout faire, mais à tout explorer, découvrir. Et quand on a mis un pas dans l’inconnu, le pouvoir d’attractivité de Dame Nature équivaut à celui de la séduction. Ou comme dirait Oscar Wilde : « Le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder ».

Parti en mission dénommée Ultima Patagonia en 2010 avec l’association Centre Terre après avoir rencontré le chef d’expédition à Toulouse qui lui a dit - « il reste deux places » - Cédric est reparti cette année encore au bout du monde, au Chili, en Patagonie sur l’île de Madre de Dios. Tel Robert Louis Stevenson cherchant son île au trésor, Cédric n’a pas la fibre scientifique mais l’adrénaline sportive et cultive le mystère. Celui qui attire tous les voyageurs comme au temps des grandes découvertes. Des noms devenus mythiques mais gardant leur part d’inconnu comme une inaccessible étoile. Pour cette mission, l’équipe pluridisciplinaire (géologue, botaniste, chercheur du CNRS, archéologue, etc.) composée d’une trentaine de spéléologues aguerris, a implanté une base scientifique qui pourra être réutilisée et tenter de répondre à l’une des questions : est-ce que des espèces de la dernière glaciation remontant à 20 000 ans ont survécu ?

Cédric garde, pour l’heure, le mystère mais le dévoilera en avant-première à Bozouls vendredi 13 octobre, à 20 heures, dans la nouvelle galerie qui sera inaugurée pour l’occasion en lieu et place de la trésorerie. Comme un clin d’œil à son île au trésor finalement... Il sera possible de voir le long-métrage tourné par Gilles Santantonio, l’un des réalisateurs d’Ushuaïa Nature avant que celui-ci ne soit diffusé en fin d’année pendant les fêtes de Noël sur France 5. Peut-être verra-t-on Cédric découvrant des ossements de baleine ou sur un canot pneumatique accompagné à la nuit tombée par les dauphins et les traces fluorescentes du planton ? Du quotidien d’un explorateur à la beauté de paysages giflés par le vent et l’eau du Pacifique entre les 40e et 50e rugissants, Cédric retient aussi et surtout l’aventure humaine. « C’est passionnant d’échanger et de voir par exemple Richard Maire, scientifique au CNRS, garder son regard d’enfant. On part aussi pour l’ambiance, l’entraide qui se noue. Les conditions de vie te sortent du quotidien. Il n’y a pas les contraintes de notre société avec sa frénésie. Le but est de survivre, se mettre en sécurité et manger. On va à l’essentiel ». Il s’apprête à son tour à transmettre cet essentiel, l’essence même de la vie en cherchant des traces d’humanité, aux deux écoles de Bozouls.