L’Aveyronnaise Marie Séguret sonde les fonds marins

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Centre Presse / Joel Born

Dès qu’elle en a la possibilité, Marie Séguret vient se ressourcer sur ses terres aveyronnaises. Auprès des siens, dans la propriété familiale de Cassagnettes. Sur les hauteurs de Cougousse. à quelques battements d’ailes du village de Fijaguet.

Enfant, cette jeune femme de 39 ans a fréquenté l’école de Nuces, en compagnie d’Audrey Dussautour. Hasard de la vie, toutes deux ont épousé une carrière scientifique. Et pendant qu’Audrey, la spécialiste du comportement des fourmis, se passionne pour le blob, un organisme unicellulaire vieux d’un milliard d’années (lire notre édition du 28 mai dernier), Marie, la biochimiste en milieu marin, parcourt de lointaines et sauvages contrées, sur les traces de certains métaux comme le fer.

Après sa scolarité au collège Kervallon de Marcillac et au lycée Foch de Rodez, Marie Séguret a décroché une licence puis une maîtrise en biologie marine, dans les universités de Toulouse et de Perpignan. Sa voie était tracée.

La fille de Cassagnettes a poursuivi ses études à l’université de Luminy à Marseille, en DEA, puis à l’université de Plymouth, en Angleterre, où elle a validé sa thèse en biogéochimie, sur la dissolution des particules ferriques dans l’eau de mer.

Dans le cadre du programme Geotraces et de missions post-doctorat, la jeune chercheuse aveyronnaise aux cheveux bouclés a effectué plusieurs campagnes en Antarctique et dans l’Arctique, sur les traces de métaux, notamment du fer, dont on apprécie aujourd’hui les vertus dans le développement du phytoplancton.

Rattachée à l’univesité du New Jersey, aux États-Unis, Marie Séguret a accompli ses deux premières missions, d’un mois, puis de deux mois, en Antarctique. Basée à la station Palmer, elle a mené plusieurs opérations scientifiques à bord du bateau brise-glace Le Gould. Une fois les prélèvements effectués, dans l’eau ou la glace, souvent très riche en fer, les échantillons sont analysés à terre ou dans le mini-laboratoire flottant.

Durant ses expéditions, Marie a eu, notamment, le plaisir de rencontrer Al Gore, l’ancien vice-président américain et prix Nobel de la paix, pour ses activités contre le réchauffement climatique, alors qu’il se trouvait à bord du bateau du National Geographic. L’Antarctique l’a particulièrement marquée. « Pour moi, c’est le meilleur endroit au monde », rigole cette fille de la nature vraiment... nature.

Dans le cadre d’une nouvelle mission post-doctorat auprès de l’université de Fairbanks en Alaska, qui l’a conduite à l’autre bout de la planète, la biochimiste a réalisé plusieurs campagnes dans l’Arctique et le golfe de l’Alaska, afin de recenser les zones ferrugineuses et mieux comprendre les évolutions de l’écosystème. Au cours de ses pérégrinations, Marie s’est parfois retrouvée confrontée à des situations extrêmes. En plein blizzard, à des températures de -43°.

Depuis deux ans et demi, elle a posé ses valises au Pays-Bas, à l’université d’Utrecht, pour laquelle elle mène de nouvelles campagnes sur les traces des métaux en Mer Noire et Mer Baltique. « Là, malheureusement, c’est mort. Il n’y a pas d’oxygène. La zone anoxique s’étend de plus en plus en plus. Dans 100 ans, la Mer Baltique sera complètement anoxique. »

Ces différentes expériences scientifiques l’ont amené à modifier ses comportements et à adopter une autre manière de penser. « Il faut vraiment se bouger », affirme celle qui rêve de se construire une maison passive, mais aussi et surtout de changer les choses et d’agir en faveur de la protection de l’environnement.

Fini les shampooings industriels et la lessive. Terminé ou presque les courses au supermarché. « Comprendre pour mieux protéger » est en quelque sorte devenu sa devise. Marie Séguret garde également un regard critique sur les milieux scientifiques et les disparités qui l’animent : « Les femmes sont peu nombreuses et beaucoup moins payées que les hommes. »

Désormais, elle envisage de contacter Nicolas Hulot et de se lancer, un jour, en politique, pour se rendre utile et servir la cause écologique, le renouvelable et la protection des milieux marins. Convaincue qu’il y a énormément à faire, la jeune femme se verrait bien, par exemple, impulser l’implantation d’éoliennes marines.

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