Patrick Pelloux : « Parler de la santé, c’est parler politique »

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    Patrick Pelloux : « Parler de la santé, c’est parler politique »
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Centre Presse / Christophe Cathala

C’est un vrai militant de la santé publique qu’a invité hier soir le Dr Franck Becker, chef d’orchestre de la partie médicale du salon : le Dr Patrick Pelloux président de l’Association des médecins urgentistes de France, bien connu du grand public, a ouvert le temps fort inaugural du salon en tenant conférence hier soir sur la thématique des urgences. Mais pas seulement.

Dans un avant-propos préalable à sa rencontre avec un important auditoire massé à la salle des fêtes, Patrick Pelloux a rappelé combien la sollicitation des services d’urgences ne cessait d’augmenter au fil des ans.

« 21 millions de personnes sont venues dans les services d’urgence en 2016, elles étaient 8 millions en 1995. Que s’est-il passé en vingt ans ? On assiste à une explosion des compteurs et, pour autant le projet de loi de la Sécurité sociale prévoit un énième plan d’économies pour les hôpitaux ! ». Mais où faire ces économies ? « On ne sait pas. Vous ne pouvez pas savoir à quel point on est au taquet. Pour les personnels, c’est le désenchantement, ils n’y croient plus. Ils font ce qu’ils peuvent et cela ne fait même plus scandale ».

Et voilà longtemps que les gouvernements ne font plus de la santé une priorité : « Lors du deuxième quinquennat de Jacques Chirac, les libéraux ont pris la main. La santé n’est plus l’affaire de l’état mais de la responsabilité des citoyens priés de cotiser sous l’angoisse de la maladie car la santé est devenue un risque. La loi Bachelot est narcissique et perverse : il faut être le meilleur parmi les médecins, en compétition avec les autres. La tarification à l’activité en témoigne. Les socialistes plus tard ont privilégié le progrès social et n’ont pas abrogé le système Bachelot ». Et d’insister : « Le budget actuel fait entrer définitivement les hôpitaux dans la récession économique. Et s’il y a un système qui crée des emplois, c’est bien le sanitaire et social avec, notamment, le vieillissement de la population et la dépendance ».

Mais alors que proposer ? « Que ce début de millénaire fixe la coopération entre les systèmes. Il faut réfléchir à des plateformes de régulation entre pompiers, Samu, police... comme l’impose un nécessaire maillage du territoire. Et aussi changer les règles, par une taxation sur les échanges boursiers pour alimenter la Sécu ». Bâton de pèlerin en main, Patrick Pelloux en est convaincu : « Parler de la santé c’est parler politique ».

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