Salon de l’agriculture. La race aubrac à un tournant de son histoire

  • L’aubrac est promis à un très bel avenir si les éleveurs se donnent les moyens de surfer sur l’effet «Salon».
    L’aubrac est promis à un très bel avenir si les éleveurs se donnent les moyens de surfer sur l’effet «Salon».
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Centre Presse / Jeremy Mouffok

Haute peut enfin souffler ! Durant une dizaine de jours, l’égérie du Salon de l’agriculture 2018 a vu défiler devant elle nombre de visiteurs. Pour la plupart, curieux de découvrir cette douce vache faussement maquillée.

Derrière l’effervescence autour de la star de ce Salon, les éleveurs se frottent les mains. Leur stand, placé en face de la vache de Thibaut Dijols, a permis aux 23 producteurs présents à Paris de faire la publicité de leur race. Et d’ouvrir un nouveau chapitre, alors que la race du sud du Massif central était promise à une disparition certaine au milieu des années 1970.

L’engouement a été palpable jusqu’à hier soir. Mais qu’en sera-t-il demain ? Sur cette question, les avis divergent. Si effet Haute il y a, il se ressentira d’abord en matière de débouchés pour la viande. « Le public connaissait déjà notre race. Grâce au Salon, il saura quelles en sont ses qualités», analyse laconiquement Jean-Pierre Besson, éleveur sur la commune de Sainte-Geneviève-sur-Argence. De l’avis général des producteurs dépêchés porte de Versailles, impact il y a eu et il est «inestimable». Non pas auprès des professionnels mais surtout envers les potentiels consommateurs.

« Ce sont eux que nous avons directement touché et qui achèteront peut-être demain de l’aubrac», avance Philippe Raynal, Cantalien d’Anterrieux. A quel moment les éleveurs tireront avantage de cette exposition médiatique ? Là encore, le doute plane. La plupart souhaiterait en bénéficier dès l’année prochaine. Sans y croire totalement. « Nous sommes venus à Paris pour faire la publicité de notre viande, rappelle Camille Granier, technicienne à l’union aubrac. Si elle s’est avérée positive, les exploitants n’en ressentiront les effets que sur le long terme.»

La vente de bétail, en revanche, pourrait connaître un sacré coup d’accélérateur. Via une amélioration de la reproduction, en incitant des agriculteurs à opter pour le développement de nouveaux élevages en France et ailleurs. Ou en facilitant les échanges avec les intermédiaires. « Le Salon m’aura permis de prendre contact avec un agriculteur belge, confirme Franck Canal, heureux propriétaire de Jacky, vainqueur du concours de Paris dans la catégorie race aubrac «taureaux jeunes». Et de potentiellement finaliser la vente.»

La vache aubrac, avenir de l’élevage français ? Potentiellement, si les bonnes décisions sont prises. C’est en substance ce qu’avance Thibaut Dijols. L’éleveur de Haute, de par son expérience, considère que ce 56e Salon de l’agriculture restera un «grand virage». «Ce qu’ont vu les gens durant dix jours, c’est le fruit du travail effectué sur le territoire depuis une quarantaine d’années. Il nous faut une prise de conscience. L’essai est à transformer. Tous les acteurs qui font le quotidien de l’Aubrac doivent se serrer les coudes pour que cette dynamique perdure.»

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