RAGT ou Faucheurs volontaires : qui a raison ?

  • RAGT ou Faucheurs volontaires : qui a raison ? « Mutagénèse égale OGM »
    RAGT ou Faucheurs volontaires : qui a raison ? « Mutagénèse égale OGM »
Publié le
Rachid Benarab

24 heures après la destruction d’une parcelle de la RAGT par les Faucheurs volontaires chaque partie défend ses arguments.

Mutagénèse, fusion cellulaire, OGM… Les termes sont scientifiques, mais c’est pourtant bien d’agriculture dont il s’agit. Ou plutôt d’une vision de l’agriculture, celle défendue notamment par les grands semenciers et certains agriculteurs.

Croiser des variétés pour créer une plante à fort potentiel de rendements, résistante aux maladies, ou encore peu gourmande en eau, bref une plante parfaitement adaptée à son environnement. La nature le fait très bien toute seule mais cela prend du temps.

Et le temps, c’est de l’argent. Du temps - 8 ans de recherche pour certains plants - et de l’argent - de 100 000 € à 10 millions d’euros, si l’issue des recherches avait conduit à une commercialisation des semences à grande échelle - ce sont deux des nombreux arguments mis en avant, hier matin, par la RAGT pour condamner l’action menée 24 heures plus tôt par les Faucheurs volontaires.

" Destruction aveugle "

Mercredi matin, donc, une cinquantaine d’entre eux se sont attaqué à une parcelle expérimentale de deux hectares de tournesols plantés par la RAGT sur les stations de recherche jouxtant le centre RAGT 2n de Druelle. " Une destruction aveugle qui réduit à néant des années de recherche et handicape la compétitivité de la recherche française ", a notamment rappelé le directeur général de RAGT Semences, Laurent Guerreiro qui a porté plainte à la gendarmerie.

D’autant qu’elle survient 15 jours après le fauchage, dans l’Hérault, d’une autre parcelle expérimentale du semencier. Passablement irrité, Laurent Guerreiro qui est également directeur général de la branche Recherche de la RAGT, dit " ne pas comprendre les motivations de cette minorité de voyous qui veulent imposer leur idéologie. Toutes les recherches menées par la RAGT sont conformes aux lois et à la législation en vigueur ", se défend le directeur en précisant que " la vocation de la RAGT est de développer et améliorer des semences partout en Europe. "

" Contrairement à ce que les Faucheurs volontaires avancent, il n’était pas question de cultures OGM, mais plutôt de mutagénèse ", indique Laurent Guerreiro. " De toute façons le tournesol est rebelle à la transformation génétique ".

" Entretenir la confusion "

Selon La RAGT, les recherches menées sur la parcelle détruite portaient sur une maladie qui affecte les tournesols (Scléroténia du capitule). Il s’agit d’inoculer la maladie à la plante, puis celle-ci est stressée de différentes manières pour l’inciter à se défendre et à résister à la maladie en faisant muter ses gènes.

Pour les Faucheur volontaires, " mutagène et OGM : les semenciers entretiennent la confusion. Les plantes de cette parcelle ne sont peut-être pas modifiées génétiquement, mais qu’en est-il de leur semence", interroge Jacky Berrahil. Le Faucheur volontaire étaye ses dires en nous renvoyant vers le catalogue 2018 de la RAGT.

" Parmi les 12 variétés de semences de tournesol inscrites, cinq au moins sont de variétés Clearfield développées par BASF, un autre géant de la semence. Utilisées sous licences par la RAGT, ces semences sont VrTH. C’est-à-dire qu’elles ont été rendues tolérantes aux herbicides. C’est peut-être cette variété qui a été plantée à Druelle. Impossible de le savoir. Or, ces variétés tolérantes aux herbicides viennent d’être reconnues OGM par la Cour de justice européenne. Elles sont donc interdites. D’où notre action ", conclut le militant anti-OGM.

« Mutagénèse égale OGM »

Pour la Confédération paysanne et les autres associations, l’utilisation de variétés de semences rendues résistantes à un herbicide comporte un risque de dommages importants pour l’environnement et la santé, au même titre que les OGM.

Le Conseil d’État a été invité à se pencher sur la question. S’estimant incompétent, ce dernier a invité la Cour de justice européenne à déterminer si les organismes obtenus par mutagenèse sont des OGM et s’ils sont soumis aux obligations prévues par la directive sur les OGM.

Par arrêt du 25 juillet 2018, la Cour a considéré que les organismes obtenus par mutagenèse sont des OGM au sens de la directive sur les OGM, dans la mesure où les techniques et méthodes de mutagenèse modifient le matériel génétique d’un organisme d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement.

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