1914-1918, période faste pour l’industrie decazevilloise

  • Une ouvrière fabricant des obus. Une ouvrière fabricant des obus.
    Une ouvrière fabricant des obus. Collection particulière Vincent Besombes
Publié le
Joel Born

Pendant la Grande Guerre, l'industrie decazevilloise a tourné à plein régime. 

La période de la Grande Guerre a été une période faste pour l’industrie decazevilloise. Mais si la guerre a permis de développer l’activité économique, elle a aussi accru certaines difficultés, comme nous l’apprend l’historien decazevillois, Alain Boscus, dans sa thèse de doctorat consacrée au bassin industriel nord-aveyronnais durant la première moitié du XXe siècle. "La guerre qui éclate en août 1914 bouleverse les habitudes et les liaisons économiques antérieures. En multipliant les difficultés de tous ordres, elle oblige les houillères et les usines des territoires non occupés à pousser la production pour répondre aux besoins de la Défense nationale."

Réfugiés du Nord, de Belgique et ouvriers mobilisés

La mobilisation du 1er août 1944 paralysa pendant quelques jours les chantiers des houillères aveyronnaises mais aucune exploitation ne fut arrêtée. Seule la cokerie de Decazeville mit en veilleuse deux de ses trois batteries. Cependant, la saturation du réseau ferré, par le transport de troupes et de matériel de guerre, puis le défaut de main-d’œuvre ne furent véritablement surmontés qu’à la fin de l’année 1914. Avec l’arrivée des réfugiés du Nord et de la Belgique, des Polonais et des ouvriers mobilisés.

Les grands axes de la politique charbonnière du gouvernement furent définis dans les six premiers mois du conflit. La production devait, avant tout, répondre aux besoins des armées. D’où d’importantes réquisitions. à Aubin, par exemple, ces dernières passèrent de 710 t à 3 710 t en mars. Appelés à "coopérer", les industriels devaient obtempérer même s’ils jugeaient ces "livraisons" peu rémunératrices par rapport au commerce traditionnel. La contrainte pesait aussi sur les mineurs avec des conditions de travail plus dures.

Intense activité

En Aveyron, ces quatre années se caractérisent par une intense activité. La production de houille du Bassin atteignit son maximum historique en 1917, avec 1,2 Mt. Jamais l’activité n’avait été autant poussée. Ainsi que l’explique Alain Boscus, la performance n’avait cependant rien d’exceptionnelle. Pour des raisons à la fois structurelles et conjoncturelles, en raison notamment des contraintes matérielles des installations et du manque de main-d’œuvre, "incessant sujet de préoccupation." Les moindres départs provoquaient des chutes de production, les responsables d’exploitation intervenant sans cesse auprès des autorités compétentes pour recruter des Espagnols, des Polonais, des Italiens, des Chinois et des Kabyles, mais aussi pour demander des sursitaires et de réfugiés ou pour obtenir des contingents de prisonniers de guerre…

Prospérité sans égale

Ainsi que le rapporte Alain Boscus, 1914-1918 est dans l’histoire de l’industrie métallurgique de Decazeville, une "période de prospérité sans égale." Sur les 170 hauts-fourneaux en activité lors de la déclaration de guerre, 85 tombèrent entre les mains de l’ennemi. Le pays se retrouva ainsi privé de 64 % de la production de fonte et 62 % de la production d’acier. Tous les secteurs étaient touchés, mais sur le terrain, la réorganisation fut compliquée. En raison notamment du manque de bras. Ainsi, à Decazeville, dès le 1er août 1944, on enleva plus de deux tiers des ouvriers. Il n’en restait plus que 422 contre 1 355 auparavant. Mais déjà les commandes de l’armée affluaient : rails, traverses, ogives et corps d’obus. En 1915, Decazeville produisait plus de 10 % de la fonte nationale. Les livraisons d’obus atteignirent leur apogée en 1916-1917. Tous les records de production furent atteints et les hauts-fourneaux, d’ailleurs, en souffrirent… Le personnel ouvrir fut au plus haut en novembre 2017, avec 3 162 personnes, dont près d’un quart de travailleurs immigrés et près de 15 % de femmes. Une embellie économique de courte durée, conséquence directe de l’effort de guerre, qui sera suivie par des années difficiles, jusqu’à la terrible crise des années 30. La traduction de l’histoire sinueuse du Bassin de Decazeville. Une histoire industrielle faite de hauts et de bas.

 

Source : économie et société dans le bassin industriel nord-aveyronnais (1900-1950). Alain Boscus.

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