Aveyron : "Le volontariat est un combat permanent"

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  • Le colonel Florian Souyris, directeur du Sdis.
    Le colonel Florian Souyris, directeur du Sdis. CPA
Publié le , mis à jour
Christophe Cathala

Ce soir vendredi, le Service départemental d’incendie et de secours organise sa grande cérémonie annuelle des vœux qui couronne douze mois d’interventions et jette les bases d’une nouvelle année d’activité. Rencontre avec son directeur, le colonel Florian Souyris.

Cela fait un peu plus d’un an désormais que le colonel Florian Souyris pilote le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de l’Aveyron, instance présidée par le vice-président du conseil départemental, Jean-Claude Anglars. à l’heure des vœux à l’ensemble des personnels et aux autorités départementales, ce vendredi soir, tour d’horizon d’une nouvelle année d’engagement pour cette institution très ancrée dans le cœur des Aveyronnais.

Quels seront cette année les axes prioritaires du Sdis ?

Tout d’abord, achever le déploiement du réseau Antares, ce programme de télécommunication numérique moderne, qui mobilisera quelques mois encore nos services techniques.

Et puis, encore et toujours, la poursuite de notre action autour du volontariat qui représente 93 % de nos effectifs. Le volontariat est un combat permanent car il n’est pas simple d’avoir des hommes et des femmes qui , en regard de leur activité économique, s’engagent sur tous les territoires. Et pas simple de trouver des entreprises et des collectivités qui rendent leurs personnels disponibles.

Les entreprises jouent-elles le jeu ?

C’est un peu plus compliqué pour elles que pour les collectivités, mais nous avons décerné le "label employeur partenaire" à plus d’une cinquantaine d’entre elles, de toutes tailles et tous secteurs, de l’usine Bosch à de petites PME. Et ce vendredi soir, de nouveaux employeurs seront labellisés au cours de la cérémonie annuelle.

Êtes-vous confiant pour assurer le renouvellement des effectifs volontaires ?

Oui, d’autant que ce renouvellement est déjà positif en Aveyron. Nous avons peu ou prou chaque année une centaine de départs, pour diverses raisons, contre quelque 120 recrutements. Le solde est positif… Mais pas uniforme sur le département. Le recrutement est plus faible sur les secteurs les moins peuplés mais où notre présence est nécessaire.

Pour ceux qui nous rejoignent, nous avons un vrai travail de fidélisation à conduire pour garder les effectifs dans les meilleures conditions possible. On se préoccupe de connaître la façon dont les volontaires vivent leur engagement, à travers un questionnaire qui leur est adressé au cours de leurs cinq premières années de sapeur-pompier.

Le gouvernement s’est engagé, au cours du dernier congrès des pompiers en juillet à Bourges, sur 37 mesures favorisant la promotion et la fidélisation du volontariat. Ce plan, avec ses mesures nationales et locales pour toucher toutes les formes de population, va dans le sens des actions que nous menons déjà. Par exemple, nous avons fait de gros efforts pour la féminisation des équipes qui représente 23 % des effectifs en Aveyron contre 18 % au plan national…

Et puis n’oublions pas, aux côtés des 1 463 volontaires, que 116 pompiers professionnels font également partie des effectifs et ont un rôle important sur le terrain et pour assurer l’encadrement. C’est un vrai travail collectif que nous menons, pour distribuer les secours dans les meilleures conditions.

Vous avez entrepris la tournée des 40 centres de secours depuis votre arrivée, quels problèmes reviennent régulièrement de la part des pompiers que vous rencontrez ?

Pas de problèmes majeurs en tout cas sur les 11 centres que j’ai visités. J’en ferai 15 à nouveau cette année. Jusqu’à présent, tant les conditions d’exercice que les équipements apparaissent satisfaisantes aux yeux de tous. Il faut dire aussi que le conseil départemental et les collectivités communales investissent toujours dans la rénovation et la modernisation des structures et des équipements.

Cela peut-il constituer un attrait pour le recrutement ?

Cet engagement associé à une organisation qui maille l’ensemble du département, contribue pleinement à l’attractivité sous toutes ses formes. La condition des volontaires ne cesse de s’améliorer, si l’on y ajoute, parmi les 37 mesures du gouvernement, celle qui est peut-être la plus attendue : la prise en compte des années de volontariat sous forme de bonification pour la retraite…

Qu’attendez-vous de 2019 ?

Sur des bases existantes solides, redonner un nouvel élan pour moderniser le service et assurer des secours de qualité. Il est important de faire, et si l’on se trompe, on corrige. Le pire, c’est l’immobilisme.

En chiffres

  • 14 551 interventions en 2018 en Aveyron. C’est près de 10 % de plus qu’en 2017.
  • 1 131 interventions pour des feux (bâtiments et environnement) soit à peine moins que pour les accidents de la route (1 157). Le nombre de feux a augmenté de 7,12 % au cours des cinq dernières années.
  • 1 579 sapeurs-pompiers en Aveyron. Dont 1 463 volontaires et 116 professionnels.
  • 64 médecins pompiers volontaires. Et un seul professionnel.
  • 112 infirmiers pompiers volontaires et deux professionnels.
  • 37 personnels administratifs et techniques.
  • 93 jeunes sapeurs-pompiers répartis en 8 sections en Aveyron.
  • 36 équipiers au Groupe de recherches en milieux périlleux (Grimp) mais aussi 37 sauveteurs nautiques, 44 sauveteurs-déblayeurs et 36 équipiers d’intervention face aux risques chimiques.
  • 153 véhicules dont 48 ambulances, 82 engins de lutte contre les incendies et feux de forêt, 16 engins de secours routier, 7 « moyens aériens » (échelles pivotantes et bras élévateurs).
     

 

Le secours à personnes est en perpétuelle augmentation. Un phénomène qui reste valable pour tous les départements de France.
Le secours à personnes est en perpétuelle augmentation. Un phénomène qui reste valable pour tous les départements de France. Archives JAT

Toujours plus d’interventions chaque année

L’année 2018 aura été caractérisée par une forte activité opérationnelle : 15 551 interventions, soit 9,98 % de plus qu’en 2017. Au cours des cinq dernières années, cette augmentation est de 10,58 %.
Sans surprise, c’est le secours à personne (dont les accidents de la route) qui représente 85 % du volume de l’activité et qui augmente d’année en année.
Si le nombre d’accidents de la route nécessitant l’action des pompiers a baissé de 4,54 % en un an, la prise en charge médicale de victimes dans tous les domaines a augmenté dans le même temps de 12,57 %.
Sursollicitation ?
Les Aveyronnais solliciteraient-ils trop les sapeurs-pompiers pour accomplir une tâche dont d’autres professionnels de la santé pourraient s’acquitter ? Le colonel Souyris le réfute : « Dans le ratio sur 10 000 habitants, l’Aveyron reste bien placé, et cette hausse des interventions pour secours à personne concerne cette année tous les départements de France. Il n’y a pas de sursollicitation des Aveyronnais. Tout au plus, le vieillissement de la population en milieu rural accroît le nombre d’interventions. À peine un tiers de celles-ci sont dues aux “carences” du réseau privé, c’est-à-dire quand les pompiers se déplacent là où une société d’ambulances aurait pu intervenir… Et cela ne concerne de toute façon que les cas les moins graves ».
 

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