Spectacle à Rieupeyroux : "Improviser, ça ne s’improvise pas !"

  • Didier Landucci improvisant avec les plus jeunes spectateurs montés sur scène.
    Didier Landucci improvisant avec les plus jeunes spectateurs montés sur scène.
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CORRESPONDANT

Vendredi 1er février, s’est ouverte la saison théâtrale du centre culturel de Rieupeyroux, avec Là maintenant tout de suite, ou l’art d’improviser, un spectacle de Didier Landucci, artiste que Rieupeyroux avait déjà accueilli pour Les bonimenteurs et Au bout du rouleau.

"Improviser, ça ne s’improvise pas", lance le comédien en ouverture du spectacle. Pour nous le prouver, son spectacle explicite la formule détaillée de "cette mécanique d’horlogerie" qu’est l’art de l’improvisation.

Tout d’abord, explique Didier Landucci, il faut un thème : pour pouvoir broder autour de ce thème, il faut laisser venir les idées, faire confiance à son inconscient, et quand une image arrive, construire, c’est-à-dire créer un contexte.

Pour cela, donner quatre informations : où ça se passe, à qui on a affaire, qu’est-ce qui se passe et pourquoi. Il précise ses propos en tirant au sort un premier thème, "étoile".

Puis il faut tenir en haleine le spectateur, le faire vibrer ; pour cela, il faut injecter des ressorts dramatiques, donc jalonner l’histoire de problèmes pour casser le postulat de base, créer de la tension, susciter de l’empathie avec le héros : plus il a de problèmes, plus on a envie qu’il s’en sorte.

Toutes les histoires fonctionnent sur ce modèle, que ce soit les contes pour enfants (Blanche-Neige), les pièces de Molière ou de Shakespeare, les séries TV (à commencer par "La petite maison dans la prairie"). Pourquoi faut-il partager ces problèmes avec les héros ? Pour éprouver des émotions. C’est l’effet cathartique du théâtre.

Pour étoffer, il faut utiliser des effets : la pantomime, le ralenti, le rêve, les bruitages… Comme en impro on ne dispose ni de décor, ni de costumes, les bruitages viennent renforcer l’image. Les spectateurs sont amenés à illustrer le propos en imitant des bruits : une porte qui grince, des pas sur le parquet, le chat quand on lui marche sur la queue…

Quand on dispose du thème, du contexte, des problèmes, des bruitages, on peut enfin commencer à improviser. Car de l’imagination, on en a tous !

Les enfants en débordent, et si les adultes ont appris à se contrôler, à se verrouiller, le regard des autres étant un frein à leur lâcher prise, il leur faut réapprendre à créer la magie. "L’homme descend du songe", a écrit Antoine Blondin dans "Mes petits papiers" : Didier Landucci lui rend hommage en le citant et recommande au passage la lecture de Un singe en hiver, avant de poursuivre. Dépassant le cadre de l’espace scénique, les qualités requises pour faire de l’impro, multiples, font partie de notre développement personnel et sont à développer en chacun de nous pour apprendre à "savoir être" : sens de la répartie, écoute, éloquence, discipline, don de soi, créativité, confiance, plaisir, audace…

Six spectateurs volontaires sont invités à monter sur scène

Pour improviser à plusieurs, il est indispensable de s’appuyer sur les trois piliers que sont l’attention, l’acceptation, et l’adaptation : toujours accepter les propositions du partenaire, adapter son jeu et ses propositions pour tenir compte de l’autre.

Six spectateurs volontaires sont invités à monter sur scène pour tirer chacun un thème, et le spectacle se termine sur un marathon de courtes improvisations utilisant les thèmes déposés par les spectateurs avant le début du spectacle.

Leçon d’improvisation, spectacle chaleureux et interactif qui se conclut sur une anecdote familiale touchante, le spectacle de Didier Landucci est un moment de partage théâtral bien sympathique.

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