Rodez. Nicolas Lacombe dessine avec du scotch, une technique artistique très originale
Le dessinateur ruthénois, âgé de 42 ans et installé à Toulouse, va bientôt sortir un livre, revenant sur ses créations, réalisées depuis 2012, en dessinant au ruban adhésif, créations produites en parallèle d’un travail d’illustration pour la jeunesse. Ouvrage rétrospectif, cet artbook va lui permettre de présenter, plus largement, la diversité de sa réflexion graphique.
Le dessin au scotch. Un véritable travail de fourmi. Une technique artistique également. Et avant tout d’ailleurs. Nicolas Lacombe la maîtrise à la perfection. Et pour cause, il en est le créateur. Peut-être même l’unique à l’utiliser ? Difficile de répondre. Une chose est sûre : il est parvenu à "dompter" ce nouveau médium et il se réclame "le seul à le défendre". Né à Paris (dans le 18e arrondissement) en 1977, originaire de Naucelle, dont son grand-père paternel, Jean Lacombe, à la tête de la quincaillerie du village, a été maire de 1971 à 1983, Nicolas Lacombe a grandi à Rodez dès l’âge de 3 ans. Le bac (littérature artistique) en poche, il aurait pu faire l’école d’architecture, comme son père, mais il a préféré goûter aux Beaux arts à Toulouse. Mais, l’expérience a été de courte durée car il a été "surpris par le cadre". Il a alors opté pour une faculté d’arts plastiques (avec une licence à la clé) dans la Ville Rose, avant de devenir animateur socio-culturel. Huit ans avec des jeunes de maternelle, sept avec d’autres du primaire. Scotchant tous ceux qui ont eu la curiosité de découvrir son travail, Nicolas Lacombe a été repéré en 2010 par des professionnels de l’édition jeunesse. Ils ont ainsi adhéré à sa technique du ruban adhésif et cette fructueuse collaboration a donné naissance à un premier album. Puis un deuxième, un troisième, un quatrième. Le Ruthénois a toujours été un travailleur acharné, tourné vers la recherche et l’expérimentation. "J’ai passé deux longues années à entrevoir les possibilités graphiques que pouvait offrir le scotch, explique le dessinateur. Ensuite, il m’a fallu trouver LE scotch, celui qui n’allait pas déchirer le papier. Et puis le papier lui-même, avec un encrage très particulier".
"Un travail qui demande respect !"
Alors qu’il avait fait une croix sur la création, Nicolas Lacombe reconnaît que "ce contact avec les enfants m’a nourri" : "Ça m’a reconnecté avec l’art !". Même s’il savait qu’il ne serait pas enseignant, il a aimé "cette école de la vie, ce bouillon de culture". Il est donc "reparti à la base". De la base même, mais avec un œil. Un (sacré) coup d’avance. Comme, avec les gamins, la peinture était "contraignante", ne serait-ce à cause du temps de séchage, le scotch s’est imposé "comme une évidence". Mais, comment allait-il le conjuguer ? "En tant qu’entrepreneur, dans le social ou dans l’univers artistique ?, s’est-il posé comme question. J’étais en effet au milieu du triangle et il me fallait choisir. Avec l’humain toujours en guise de moteur". Aujourd’hui âgé de 42 ans, Nicolas Lacombe est "reconnu internationalement". Il a beaucoup grandi ces dernières années : "Je regarde les choses avec plus de recul. J’ai appris la patience". Tout en restant "très lucide" : "Je veux arriver à dessiner comme j’écris. C’est ainsi que le scotch doit devenir un langage. Je n’ai pas encore cette maîtrise totale. Je saute dans le vide, pour sortir de ma zone de confort". Avant de s’agacer un peu : "Nul n’est prophète en son pays mais j’ai un travail qui demande respect. Je dessine, ce n’est pas du collage !".
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