La place de la Cité a toute… sa place dans le cœur de Rodez

  • La place retrouveune configuration d’antan !
    La place retrouveune configuration d’antan ! JAT et Archives départementales pour les documents historiques -
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    La placede la Cité à l’époque… JAT et Archives départementales pour les documents historiques -
  • Le marché du samedi,place de la Cité…
    Le marché du samedi,place de la Cité… JAT et Archives départementales pour les documents historiques -
  • Un kiosque à journaux sur la place de la Cité.
    Un kiosque à journaux sur la place de la Cité. JAT et Archives départementales pour les documents historiques -
  • Lors de grands événements, des draps blancs étaient accrochés aux façades…
    Lors de grands événements, des draps blancs étaient accrochés aux façades… JAT et Archives départementales pour les documents historiques -
  • Les voitures ont longtemps eu pignonsur « place » danscet espace de la ville… Les voitures ont longtemps eu pignonsur « place » danscet espace de la ville…
    Les voitures ont longtemps eu pignonsur « place » danscet espace de la ville… JAT et Archives départementales pour les documents historiques -
  • JAT et Archives départementales pour les documents historiques -
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JDM

La place de la Cité va retrouver ce qui a toujours été sa vocation, un lieu d’échanges que l’on traverse. Ces dernières décennies, bien qu’accueillant une fois par semaine un des plus beaux et plus prisés marchés de la ville, elle était surtout devenue une sorte de grand rond-point entouré de places de parking. Aujourd’hui, elle redevient une place, et peut, à nouveau accueillir les plus belles manifestations de la ville. Le maire souhaitait en faire le théâtre du lancement des festivités de fin d’année, mais un peu de retard ne l’a pas permis. Mais qui sait, la place de la Cité accueillera-t-elle une fête symbolique du déconfinement ? En attendant, grâce à la Société des lettres et son bibliothécaire Pierre Lançon, retour sur l’histoire de cette place, la seule qui accueillit, à Rodez, un roi de France…
 

Au fil des jours, la place de la Cité, flambant neuve, va voir de plus en plus de monde la traverser, s’y arrêter, commercer. Redonner à cette place ce qui a toujours fait son histoire en somme !

La découverte, lors des derniers travaux effectués, du conduit qui permettait d’acheminer jusqu’à une fontaine située sur cette place les eaux de Vors, conduites, elles par le génie gallo-romain, laisse à penser que cet espace au cœur même de la cité fut de tout temps ou presque l’un des endroits les plus importants de la ville.

Peu avant que les mesures de confinement ne soit prises, la Société des lettres, par l’entremise de son bibliothécaire Pierre Lançon, prévoyait une communication sur l’histoire de cette place du Moyen-Âge à la Révolution.

Ce dernier, a gentiment voulu nous dévoiler les grandes lignes de cette communication. Et c’est forcément passionnant, tant cette place de la cité fut et reste un carrefour de la vie ruthénoise.

Au Moyen-Âge, la Cité et le Bourg sont deux cités urbaines à part entière, chacune ayant la particularité d’être équidistantes de la cathédrale et de leur maison de ville. Celle de la place de la cité se situant vers la rue de Bonald.

Mais avant de s’appeler place de la Cité, la place était appelée place du bois, al lenha en occitan. On devait vraisemblablement vendre du bois de chauffage à cet endroit-là.

Puis elle s’est appelée place du Mercat nau, du marché neuf. Preuve que la tradition du commerce y est importante. De nos jours encore, le samedi, cette place abrite le marché le plus important de la ville, voire du département…

À partir du XVIIe, elle sera plus communément appelée la place de la Cité. Si sa configuration a toujours été la même, desservie qu’elle est par six artères différentes, elle ne fut pas toujours aussi nue qu’aujourd’hui !

Aux XVIe et XVIIe siècles, étaient en effet érigés l’Officialité d’une part, une "grande maison comme une église" qui est le siège du tribunal ecclésiastique, côté cathédrale, et le poids public, qui traduit l’activité marchande de la place, côté rue de l’Embergue. Avec, pour ce dernier bâtiment, quatre petites maisons louées à des particuliers.

Ainsi, pouvoir religieux et pouvoir civil sont côte à côte, et la place, comme c’est toujours le cas au Moyen Âge, a avant tout un rôle utilitaire.

Si l’on sait peu de choses sur le bâtiment de l’Officialité, on sait que l’évêque d’alors a choisi de le faire détruire en 1699. Et les consuls, sensibilisés par les propos de l’intendant Legendre (une sorte de préfet régional) remarquant l’embellissement de la place après la destruction de l’Officialité, décidèrent de détruire le poids public en 1713. Depuis, plus aucun bâtiment n’a jamais été construit sur cette place. Tout juste y a-t-on planté des arbres… comme aujourd’hui !

Pour autant, c’est bel et bien sur cette place que les grandes manifestations avaient lieu. Preuve en est, la venue du roi de France, François Ier, le 24 juillet 1533. Le seul Roi de France qui est venu à Rodez (lire par ailleurs). Accueilli en bas de la ville, c’est sur cette place qu’il a été emmené, où de grandes festivités avaient été préparées en son honneur.

Idem pour la venue du Dauphin Charles VII en 1420 ou du futur Dauphin Louis XI en 1439. C’était aussi le théâtre de grandes processions, dont celle, qui de 1351 à 1551 consistait à se rassembler, chaque année, en avril vraisemblablement, autour du reliquaire du saint-voile de la vierge.

En juillet 1416 et à la fin de l’année 1739, deux très importantes manifestations religieuses s’y sont également déroulées. La première avec la prédication d’un illustre Dominicain, Vincent Ferrier, et la seconde avec la venue du père Jacques Bridaine, un capucin, et pour lequel une croix en métal de 750 kilos avait été érigée sur la place. Et à chaque reprise, la place faisait l’objet d’un immense nettoyage pour être la plus accueillante possible.

Aujourd’hui, c’est plus souvent la place d’Armes qui accueille des manifestations d’envergure, voire l’esplanade des Rutènes. Mais, au Moyen-Âge, la ville est une forteresse, et c’est à l’intérieur de celle-ci que les évènements se déroulent.

Après la Révolution, elle restera une place forte de la ville. La première fontaine de la ville y sera inaugurée, avec à la clé une immense fête. Elle sera cernée par de belles bâtisses, comme l’hôtel des Princes où Chateaubriand est venu se reposer.

Aujourd’hui, entièrement refaite, la place de la Cité va sans nul doute occuper une autre place dans la vie des Ruthénois. Après le déconfinement…

Elle aurait pu s’appeler place des livres

On vante régulièrement la tradition du livre et du papier en Aveyron. En témoignent les nombreux quotidiens et autres revues locales qui ont pignon sur rue, les belles entreprises d’impression ou encore la rayonnante Maison du livre, les nombreux écrivains… Tout cela est peut-être le fruit d’une tradition ancestrale. Car imaginez-vous donc que, tout autour de cette place de la cité, au Moyen Âge, si l’on en croit les nombreux textes compulsés du côté de la Société des lettres, il existait un chapelet de petites échoppes dédiées… aux livres. " Rien à voir avec la Maison du livre ou les librairies d’aujourd’hui, sourit le bibliothécaire Pierre Lançon, mais il y avait trente ou quarante livres dans ces échoppes. Tous s’adressant au clergé. "

Le premier libraire s’appelait Vincent Borbo. Il commença son commerce en 1498. Rappelons que Gutenberg a inventé l’imprimerie en 1440… Comme lui, ils furent nombreux à venir d’un peu partout en France pour tenter de faire fortune sur cette place de la Cité.

L’impression y avait également une place importante. Avec même une spécificité remarquable. De 1624 à 1984, sur cette place, au débouché de la rue du Touat, soit durant près de 360 ans, il y a eu une imprimerie.

Créée par Amans Grandsaigne au XVIIe siècle, elle deviendra au XXe la célèbre Imprimerie Carrère. Pierre Lançon, qui étudia l’histoire du livre peut témoigner de ce fait insolite !

D’ailleurs, jusqu’au début des années 2000, la place abrita la librairie Noyé. Avant cela, il y eut même un kiosque à journaux au beau milieu.

Aujourd’hui, point de livres autour de la place. En revanche, il est toujours possible de s’adonner au plaisir de la lecture sur un de ses bancs ou une de ses terrasses. Et puis, le poète Chateaubriand n’est-il pas venu faire une pause de quelques heures, le 17 juillet 1836, à l’hôtel des Princes. Où se situe aujourd’hui le Grand café. A cette occasion d’ailleurs, la Société des lettres le fit membre d’honneur de son association.

Preuve que cette place respire aussi le livre.

Quand le Roi de France était attendu place de la Cité

Le 24 juillet 1533, François Ier, roi de France, pénètre sur la place de la Cité. Imaginez l’effervescence. Jamais un roi n’est venu jusqu’à Rodez (d’ailleurs, il semble qu’après lui, plus un roi ne vint, et le premier président du pays à venir fut Albert Lebrun, plus de 400 ans après).

Pour cette visite, qui s’inscrivait dans une grande tournée du sud de la France, la ville, qui jusqu’alors n’avait accueilli que le dauphin ou futur dauphin, se mit en quatre (et s’endetta) pour accueillir le roi et tous ceux qui l’accompagnaient.

Une fierté semble alors planer sur la ville, parce qu’elle accueille le roi, certes. Mais aussi car elle a achevé il y a peu la reconstruction du clocher de la cathédrale qui, en 1510 fut la proie des flammes. Une réalisation en temps record sur l’impulsion de l’évêque François d’Estaing et l’architecte Antoine Salvan. L’ouvrage, qui semble protéger la place, ayant été achevé en 1526. D’importantes festivités sont donc organisées pour la venue du roi. On nettoie la place, on installe de grands draps blancs aux fenêtres pour orner les façades.

La veille, le roi a fait une halte à Lioujas. Il arrive. Il est accueilli à la porte qui est alors dressée en bas de la rue de l’Embergue. C’est à cette époque-là l’entrée principale de la ville. Il est guidé jusqu’à l’entrée de la place de la Cité où, de là, il peut apercevoir de près le fameux clocher.

Sur un chariot, une douzaine d’enfants brandissent des panneaux pour saluer l’arrivée du roi. Une dame s’approche et lui offre un coffret en forme de cœur à l’intérieur duquel se trouvent trois clés en or et une coupe d’argent. Un cadeau de 800 livres, une fortune !

Après cet accueil, il file de l’autre côté de la place, vers la cathédrale. Une pièce est jouée en son honneur, avec douze muses, les plus belles filles de la ville, et un faune.

Après ce spectacle, il se dirige vers la cathédrale, où il se recueille. La place de la Cité fait la fête jusque tard dans la nuit.

Monseigneur Affre y est et… il y reste

La statue de l’ancien archevêque, réalisée par le sculpteur Jean-Auguste Barre, est sur la place de la Cité depuis 1875, soit bientôt 150 ans. La Ville avait imaginé un temps la déplacer, mais à peine en fut-il question, que déjà des voix s’élevèrent pour s’y opposer. Comme un écho à l’histoire de cette statue, qui est avant tout une réplique de celle qui est érigée dans la ville natale de Mgr Affre, à Saint-Rome-de-Tarn. La statue a été offerte à la ville en 1860. Mais là aussi, des voix s’élevèrent pour le choix du lieu de son installation. Il fut imaginé un instant de l’ériger sur le portail nord de la cathédrale… Mais des voix s’élevèrent. La cathédrale ne pouvait être la seule à bénéficier de l’hommage rendu à cet archevêque mort sur les barricades le 27 juin 1848, alors qu’il essayait de ramener la paix durant la crise économique et sociale qui touchait le pays. Un accord fut trouvé pour la place de la Cité où elle fut inaugurée le 8 février 1875. photo JLB

Inauguration de la fontaine

Le 5 août 1857, tous les habitants du piton se sont massés vers la place de la Cité. C’était un grand jour : celui de l’inauguration de la première fontaine publique de la ville. Financée par un mécène dénommé Galy, et pour laquelle le sculpteur Denys Puech réalisa la Naïade de Vors, car les eaux alimentant cette fontaine provenaient de ce hameau situé une encablure de Baraqueville. C’est dire toute l’importance que revêtait cette fontaine. Reste que tout cela fut détruit deux ans à peine après son inauguration. Vraisemblablement car très rapidement à ce moment-là, les foyers furent raccordés à l’eau courante… et la fontaine n’avait plus vraiment sa place.

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