Rodez. L'Aveyron de Jean-Gabriel Causse : "Grâce à Soulages, le noir est couleur"

UN LIEU EMBLéMATIQUE

Quand je ferme les yeux et que je pense à ma ville natale, mon point de vue est celui de la cathédrale Notre-Dame

de Rodez vue depuis la place d’Armes. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours été fasciné par l’asymétrie des deux tours latérales. Quand je les regarde, je ne peux m’empêcher "d’élever mentalement" celle de gauche à la même hauteur que sa voisine de droite. Je me dis que, s’il n’y avait pas ce décalage, ce ne serait plus "ma" cathédrale. Ce sont les imperfections qui créent le charme.

UN RITUEL

(Une habitude quand vous êtes en Aveyron)

Faire le marché de Marcillac le dimanche matin. C’est là que je trouve les meilleurs farçous !

Et je ne peux pas imaginer repartir à Paris sans mes petites crêpes aux herbes. J’adore l’ambiance paisible de ce marché, même s’il y a foule. J’adore discuter avec les commerçants toujours avenants et chaleureux. Et une fois les courses faites, avec mon beau-père, le peintre Guy Sounillac, nous allons goûter un vin de Marcillac "au Tonneau". Encore cet été, je suis retombé sur un copain d’enfance, que je n’avais pas vu depuis le lycée. Alors, derrière la fameuse phrase "Qu’est-ce que tu deviens ?", on a 30 ans de vie à se raconter. Et il n’y a rien de plus agréable que de le faire, un verre de marcillac à la main !

UNE CONVICTION

On se reconnait entre Aveyronnais ! J’habite Paris. Et nombre de fois où j’ai été intrigué par des personnes que j’ai pu rencontrer professionnellement et qui se sont avéré être d’origine aveyronnaise. On ne se reconnait pas forcément par notre accent qui s’estompe malheureusement avec le temps. Mais, il y a un petit quelque chose, une attitude indéfinissable, une droiture, une façon positive d’appréhender la vie qui nous est propre. J’en suis sûr et certain.

LA CARTE POSTALE 

La vue sur le Vallon depuis Cassagnes-Comtaux, juste après un orage. Je me rappelle des rayons du soleil perçant à travers un ciel noir de l’autre côté de la vallée pour sublimer le château de Panat, perché sur son piton. Un souvenir qui vous marque à vie.

UN PERSONNAGE MARQUANT

Ce n’est pas très original, mais en tant que designer, spécialiste des couleurs, la première personne qui me vient à l’esprit, c’est bien sûr Pierre Soulages. Il a démontré à travers son œuvre que le noir était bien une couleur. Je trouve formidable que, de son vivant, on lui ait consacré un musée, qui en plus est particulièrement beau. Et si vous m’autorisez une deuxième personne, je dirais mon instituteur de CM2 de l’école primaire Foch à Rodez, Jacques Delbos. Il m’a donné le goût d’apprendre. Et pour des enfants en construction, c’est formidable de rencontrer des enseignants de grande qualité qui aiment leur métier et qui vous élèvent dans tous les sens du terme. J’ai eu la chance de croiser ce grand monsieur à la Maison du Livre à Rodez, l’année dernière, lors de ma séance de dédicaces de "L’algorithme du cœur".

UN PLAT ET/OU UN VIN POUR LEQUEL VOUS CRAQUEZ

(Sans hésitation) Il y en a beaucoup ! J’ai déjà évoqué les farçous et le vin de Marcillac. Dans le coffre de ma voiture, quand je remonte à Paris, il y a aussi le fromage de Laguiole, les tripous de Naucelle, la viande d’Aubrac, la saucisse sèche, les gâteaux à la broche et les échaudés. Mais si je ne devais choisir qu’un seul mets, ce serait l’aligot, parce que je suis heureux de le cuisiner et de le faire découvrir à mes amis non aveyronnais. J’ai compris avec le temps, qu’il ne fallait pas trop chargé en ail pour s’adapter à tous les palais. Un aligot accompagné d’un magret de canard de l’Aveyron, pour moi, il n’y a pas meilleur. C’est le plat convivial par excellence.