Malhourtet à Millau, fier de son histoire et de sa mixité sociale

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  • Jacqueline Benoit-d’Auriac a tenu l’épicerie du quartier pendant 23 ans, en face de l’école Jean-Henri Fabre.
    Jacqueline Benoit-d’Auriac a tenu l’épicerie du quartier pendant 23 ans, en face de l’école Jean-Henri Fabre. Midi Libre - LOIC BAILLES
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loïc bailles

À la rencontre des quartiers, les habitants de Malhourtet ont la solidarité dans la peau.

Quels que soient leurs origines, leurs âges, ou leurs statuts socioprofessionnels, les habitants de Malhourtet sont unanimes : ils ne déménageraient pour rien au monde. Ou pour une seule raison : l’âge qui les forcerait à se rapprocher du centre-ville par manque de transports en commun, pour ceux n’étant pas motorisés.

En ce début de mois de décembre, les barres d’immeubles aux noms d’arbres et de fleurs se réveillent groggy, et certains habitants regrettent la stigmatisation dont pâtit l’image de leur quartier. "Bien qu’on l’appelait Chicago à l’époque pour ses nombreuses bagarres, il y avait moins de drogues que maintenant", constate André Torres, 67 ans, dont une trentaine d’années aux Amandiers. "Il y a cette sempiternelle question de la drogue à Millau mais il ne faut pas faire qu’un focus sur Malhourtet", répond Katia Fersing, membre active d’associations pour défendre le patrimoine oral (lire ci-dessous). "J’ai longtemps œuvré à Myriade pour du soutien scolaire avec des jeunes dont les parents étaient illettrés, raconte Marie-Paule Barthelemy, 84 ans. Des liens d’amitié se sont noués et on m’a appris à faire le couscous ou le tajine. La diversité de ce quartier fait sa richesse mais il s’est ghettoïsé depuis quelques années, déplore-t-elle. Mais la philosophie du quartier demeure. Des petits voyous m’ont cambriolé et un des parents est venu me rapporter une partie du butin."

La solidarité au soleil

"C’est une ambiance populaire et sympathique, résume Jacqueline Benoit-d’Auriac qui a tenu l’épicerie de L’Oustalou, en face de l’école Jean-Henri Fabre, pendant 23 ans. Je n’ai jamais eu de problème. On tisse des liens avec les habitants et on voit aujourd’hui à quel point la proximité est importante."

Malhourtet, étymologiquement, le mauvais jardin, le pays maigre était jusque dans les années 60 une terre de vignes, d’où la légende du Drac et du cep. Le besoin de "sortir les gens des bas-fonds de Millau" et d’accueillir de nouvelles populations se fait ressentir. La mairie de l’époque achète les terrains et organise un plan d’urbanisation. Aujourd’hui, la topographie du quartier s’inspire encore de la légende du Drac, tournée vers le soleil, et le centre social Causse, "point névralgique du quartier" pour bon nombre d’habitants croisés. "Il n’y a plus de commerce depuis que L’Oustalou a fermé", souligne Hind Ahammad, mère de cinq enfants, tous passés par la Calandreta et l’école Jean-Henri Fabre. "Les gens sont sociables et la solidarité s’organise, avec ou sans confinement", plaisante celle qui vit ici depuis 16 ans, toujours à prendre des nouvelles de ses anciennes voisines pour qui elle fait quelques courses. Avec en toile de fond le viaduc ou la cascade de Creissels, l’alchimie qui règne entre les pavillons résidentiels et les barres d’immeubles fait les beaux jours de ses habitants.

Graines de Malhourtet fait des petits

Impulsé par le centre social Causse, l’association la Tortuga, les deux écoles du quartier et les collectivités, le projet de Graines de Malhourtet a commencé en 2017. "Il s’agissait de travailler autour d’une culture commune et de l’histoire des hommes de tous horizons pour mettre en valeur un quartier qui a longtemps souffert d’une stigmatisation", résume Katia Fersing, artisane du projet.

Les écoles travaillent sur le mapping de la légende projeté dans le cadre du festival Bonheurs d’Hiver. Un livre sur le projet devrait être édité d’ici le printemps.

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