Des médecins confirment le danger d'utiliser la clé d'étranglement lors des arrestations

  • La technique d'arrestation connue sous le nom de clé d'étranglement est encore enseignée dans certaines écoles de police, en dépit de son caractère dangereux, voire mortel.
    La technique d'arrestation connue sous le nom de clé d'étranglement est encore enseignée dans certaines écoles de police, en dépit de son caractère dangereux, voire mortel. Juanmonino/Istock.com
Publié le
Relaxnews

(ETX Studio) - La clé d'étranglement utilisée par les forces de l'ordre est au coeur des polémiques qui entourent les violences policières depuis ces derniers mois. Contrairement à une idée encore répandue, son utilisation est dangereuse et donc illégitime d'un point de vue médical, pointent des neurologues américains. 

Immobiliser une personne en exerçant une pression sur son cou. Cette image, à l'aune des violences policières relatées en cascades depuis la mort de l'Américain Georges Floyd cet été, est désormais restée gravée dans les esprits. 

Récemment soumise à des interdictions "sauf si l'agent est en danger" en France et aux États-Unis, cette technique d'arrestation connue sous le nom de clé d'étranglement est encore enseignée dans certaines écoles de police, en dépit de son caractère dangereux, voire mortel. C'est précisément cette méthode que pointent trois neurologues américains, auteurs d'un article paru lundi 28 décembre dans la revue JAMA Neurology

"Certains services de police aux États-Unis continuent d'enseigner aux agents que la pression sur les cervicales est une méthode sûre pour contrôler les personnes agitées ou agressives, mais c'est un mythe dangereux", tranchent d'emblée les auteurs du papier. 

Une clé d'étranglement, lorsqu'elle est réalisée par le biais d'une pression exercée sur la carotide, comprime les deux gros vaisseaux sanguins de chaque côté du cou, ce qui aurait pour effet de rendre l'individu interpellé temporairement inconscient, en raison de la baisse du flux sanguin. Une méthode qui fait froid dans le dos et qui ne repose, selon les auteurs du papier, sur aucun fondement médical solide. 

"Le plus choquant est qu'une grande partie de la littérature soutenant ces techniques se cache derrière le langage médical, mais manque d'une réelle compréhension de la physiopathologie des dommages importants qu'elles causent à un individu. En tant que neurologues, on nous enseigne que "le temps, c'est le cerveau", tant la perte de tissu nerveux humain est rapide lorsque le flux de sang et d'oxygène vers le cerveau est réduit ou arrêté", alerte la Dre Saadi, neurologue universitaire général à l'hôpital général du Massachusetts et co-autrice du papier. 

Les médecins à l'origine de cette publication rappellent en effet que la compression de la carotide peut entraîner un accident vasculaire cérébral, une crise d'épilepsie ou même la mort. Ces derniers encouragent la création d'un système permettant d'évaluer avec précision l'utilisation de la clé d'étranglement par les forces de l'ordre, notamment la fréquence d'utilisation de cette technique et dans quelle mesure elle risque d'entraîner la mort ou l'invalidité de la personne interpellée.

"Il est dans l'intérêt du public de disposer de ces données", estime la Dre Saadi, partant du postulat qu'une meilleure sensibilisation à l'impact de ces pratiques pourrait contribuer à en limiter l'utilisation. "Aucun argument médical ne justifie cette pratique au sein des forces de l'ordre", insiste la médecin. 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?