Jean-Pierre Birot, de Saint-Affrique jusqu'au 36, quai des Orfèvres, à Paris

  • Jean-Pierre Birot a écrit, à quatre mains, avec son ami et ancien collègue Claude Cancès, le livre sur « L’affaire Hazan ». Jean-Pierre Birot a écrit, à quatre mains, avec son ami et ancien collègue Claude Cancès, le livre sur « L’affaire Hazan ».
    Jean-Pierre Birot a écrit, à quatre mains, avec son ami et ancien collègue Claude Cancès, le livre sur « L’affaire Hazan ».
Publié le , mis à jour
Rui Dos Santos

Originaire du Sud-Aveyron, âgé de 76 ans, l’ancien commissaire divisionnaire a travaillé à la brigade criminelle, à l’antigang..., terminant sa carrière dans la police au service de protection des hautes personnalités. Il est ensuite devenu directeur de la sécurité du groupe Lucien Barrière. Retraité depuis 1998, installé à Paris, il a accepté l’invitation de son ami Claude Cancès pour écrire, en 2020, un livre sur "L’affaire Hazan".

Dès les toutes premières secondes de la rencontre, il dégaine son humour. Et il en rit lui-même avec beaucoup de joie et une bonne humeur communicative. Il est tout heureux d’avoir décroché un rendez-vous pour "recevoir une dose contre le Covid-19" : "Je fais partie des personnes vulnérables à vacciner, celles qui ont plus de 75 ans et qui ne vivent pas en Ehpad". Le sujet est sérieux mais il trouve les mots pour en plaisanter : "Cela se passe dans le centre culturel de ma ville. Je vais donc associer culture et piqûre !". Un clin d’œil ponctué d’un grand éclat de rire. Mais, son actualité n’est toutefois pas seulement ces retrouvailles avec une seringue. Il vient en effet de publier un livre, avec son ami Claude Cancès.

"Je suis un contemplatif !"

Ancien commissaire divisionnaire, à la retraite depuis 1998, Jean-Pierre Birot est né à Saint-Affrique, en décembre 1944, dans une famille très ancrée sur ce territoire. Il a reconstitué l’arbre généalogique et il est remonté jusqu’en 1700. Sa sœur Jacotte vit toujours là et leurs parents sont enterrés dans le caveau familial. S’il se partage avec la baie de Somme, où il a une petite maison, lui-même n’a pas coupé le cordon avec sa terre natale : "Je me ressource régulièrement au pays de mes ancêtres. Dès que je peux mais, systématiquement, pour la Toussaint et en été. Il y a des paysages fabuleux. Ma femme est parisienne mais elle adore l’Aveyron. Soit on se pose chez ma sœur pour une semaine, soit on prend une location quand on reste plus longtemps. Du côté de Naucelle ou à Belmont, mais toujours au cœur de la nature, dans une maison de caractère avec une cheminée. Je suis un contemplatif ! J’aime la pêche et la marche". Avec sa fille, qui vit à Lille, ce grand-père d’une ado de 14 ans a d’ailleurs attaqué le GR65. Partis du Puy-en-Velay, ils ont cheminé ensemble, et en plusieurs séjours, jusqu’à Cahors. Il s’est promis de revenir bientôt sur cette Via Podiensis.

"Un fidèle du marché de Bercy"

Vivant dans le 12e arrondissement de Paris, Jean-Pierre Birot est un fidèle du marché des Pays de l’Aveyron, organisé chaque année en octobre, pendant trois jours dans le quartier de Bercy, au pied de L’Oustal, par la fédération des Aveyronnais d’ici et d’ailleurs. Et c’est peu dire qu’il a "mal vécu" l’annulation de l’édition 2020. Les produits "fait maison" et qui font ainsi la notoriété de l’Aveyron sont également pour lui un sujet de conversation avec... sa dentiste. Originaire de Saint-Chély-d’Aubrac (ça ne s’invente pas !), elle lui vante régulièrement les mérites des farçous et de la charcuterie nord-aveyronnaise, tandis que, de son côté, il lui a fait découvrir, notamment, la recette de la flaune. à chacun ses trésors culinaires !

Après une petite enfance passée  à Saint-Affrique, Jean-Pierre Birot a grandi à Béziers et à Limoges, avant de monter à la capitale. Il a trouvé un job au Pavillon de la marée sous les anciennes halles de Paris pour quelques mois. Faculté de droit, service militaire chez les parachutistes à Pau, il avait alors prévu de tenter le concours de secrétaire administratif, mais un copain l’a orienté vers celui de la police. « Ce n’était certes pas une vocation mais j’y ai fait toute ma carrière, explique-t-il. Et je m’y suis épanoui. C’est un métier d’action, où tout le monde peut trouver sa voie, avec un vrai esprit d’équipe, car on ne peut pas s’en sortir seul. Le commissaire Mégret, c’est chouette, mais ça n’existe pas ! La police, c’est plus qu’une deuxième famille, on y passe plus de temps qu’à la maison. On “chasse” le délinquant, on cherche toujours le flagrant délit. Mon cœur, c’est le 36 ! ». Montant ensuite les marches une à une en interne, il a fini commissaire divisionnaire, en ayant travaillé (presque) dans tous les services du 36, quai des Orfèvres à Paris (en particulier antigang et brigade criminelle, où il a été l’adjoint de Claude Cancès), puis au service de protection des hautes personnalités, devenu depuis
la direction de la protection, rattaché au ministère de l’Intérieur. La sécurité rapprochée n’avait pas de secret pour lui. Il s’est, notamment, occupé de celle de Charles de Gaulle, de François Mitterrand ou encore de Jacques Chirac.  
Quand il a quitté la police, atteint par la limite d’âge, Jean-Pierre Birot est alors devenu directeur
de la sécurité du groupe Lucien Barrière. S’il a consacré le premier confinement à l’écriture à quatre mains, avec son ami Claude Cancès, de « L’affaire Hazan », cette collaboration lui a donné des idées. « J’ai, en effet, toujours l’espoir de coucher noir sur blanc mes souvenirs dans la police, confirme le Saint-Affricain. Mais, plutôt les anecdotes ». Comme, par exemple, celle de l’enlèvement de la dépouille du maréchal Pétain ? à lire un de ces jours !...

Entre deux bonnes mains

Adjoint de Claude Cancès à la tête de la brigade criminelle au 36, quai des Orfèvres à Paris, Jean-Pierre Birot n’est pas le seul Aveyronnais à avoir fait ses armes dans cette maison du 1er arrondissement. La Crim a, en effet, été dirigée par deux ambassadeurs du département.
Né à Sénergues en 1907, Victor Adrien Georges Clot est devenu commissaire divisionnaire en avril 1954 et il a pris les rênes de la brigade criminelle le 20 octobre 1955. Alors que les effectifs placés sous ses ordres sont passés de 60 à plus de 120 inspecteurs, il a consacré une grande partie de son énergie à lutter contre le FLN (1958-1961), tandis que ses principales affaires ont été celle de l’Observatoire (1959), l’enlèvement d’éric Peugeot (1960) et les attentats de l’OAS (1961-1962). Il est décédé le 11 juillet 1972. Né à Rodez en 1938, mort l’année dernière, Jacques Genthial a été le patron de la Crim de 1982 à 1984. Grand spécialiste de la politique technique et scientifique, il a rejoint ensuite le cabinet du ministre de l’Intérieur Pierre Joxe. 

 

" L'affaire Hazan"

« L’affaire Hazan » date du 31 décembre 1975 avec le kidnapping de Louis Hazan, le PDG de la société de disques Phonogram (producteur de Johnny Hallyday, Charles Aznavour, Nana Mouskouri, Georges Brassens...). « Claude Cancès, dont j’ai été l’adjoint, est un frère pour moi et il ne m’a pas lâché, confirme Jean-Pierre Birot. On est passé à l’acte, à quatre mains, durant le premier confinement ». Et l’intéressé de poursuivre : « C’est une affaire qui a une place particulière dans ma carrière. On était dans une logique infernale avec six enlèvements en trois ans. La Crim et la BRI ont travaillé main dans la main, ne cédant pas au chantage des ravisseurs et en effectuant un formidable travail de fourmi. Cette stratégie a fait ses preuves, donnant raison à cette étroite et précieuse collaboration entre les services ».  
 

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