L'Aveyronnaise Sophie Lombard use de la désobéissance civile pour faire respecter ses droits

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  • Originaire d’Onet-le-Château,Sophie Lombard milite pour l’association Handisocial.
    Originaire d’Onet-le-Château,Sophie Lombard milite pour l’association Handisocial.
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CROS Lola

Née avec une infirmité motrice d’origine cérébrale, l’Aveyronnaise de 37 ans se bat depuis plusieurs années pour ses droits, son autonomie et sa mobilité. Jusqu’au tribunal de Toulouse où elle a été jugée cette semaine.

De tous les personnages de théâtre qu’elle a inventés, de tous les sketches qu’elle a écrits et publiés sur sa chaîne Youtube*, aucun ne semble aussi grotesque que ce procès – bien réel – que Sophie Lombard a vécu ce mardi 23 mars. Convoquée au tribunal de Toulouse parmi seize prévenus, la trentenaire comparaissait pour "entrave à la mise en circulation d’un TGV" en gare Matabiau, et "entrave au trafic aérien" à l’aéroport Toulouse-Blagnac. Ces deux manifestations, auxquelles elle a participé, remontent respectivement aux mois d’octobre et décembre 2018. Originaire d’Onet-le-Château, où elle a grandi avant de regagner la ville rose, Sophie Lombard est née avec une infirmité motrice d’origine cérébrale. Un manque d’oxygène à la naissance qui condamne la jeune femme à vivre avec une déficience de motricité, du tonus musculaire et de la posture. Âgée de 37 ans, Sophie Lombard a, depuis quelques années, choisi de se battre pour ses droits, sa mobilité et son autonomie. Pas question pour elle de "s’excuser" ni de "culpabiliser" de sa situation de handicap. "Dans le regard de la société, nous sommes des personnes forcément à charge, qui coûtent cher et qui ne servent à rien parce que nous ne sommes pas productifs, lâche-t-elle abruptement. Moi, j’ai envie de dire que ça me révolte. D’autres pays considèrent le handicap comme une différence parmi d’autres. La France est très en retard sur le sujet."

Depuis 1975, les lois dites d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite se sont succédé et, avec elles, leur lot de dérogations. En 2005, la loi promettant l’accessibilité de tous les établissements recevant du public avant le 1er janvier 2015 concentrait les espoirs des concernés. Constatant les retards accumulés, le gouvernement vote, fin 2014, des Agendas d’accessibilité programmée (AAP) permettant à ces mêmes lieux publics de jouir de 3 à 9 ans supplémentaires pour se mettre en conformité. L’inaccessibilité du tribunal de Toulouse pour accueillir ces seize prévenus mardi n’a fait que conforter Sophie Lombard et ses compagnons de lutte dans leur argumentaire.

"Nous demandons simplement à ce que ces lieux, y compris les lieux publics c’est la moindre des choses, respectent la loi, reprend Sophie Lombard. Et quand on lève le doigt gentiment pour dire : "S’il vous plaît, on voudrait vivre presque comme tout le monde", personne ne nous écoute. C’est pour ça qu’avec l’association Handisocial, on a choisi de faire des actions coups de poing." Comme celles qui les ont menés devant la justice cette semaine. Et la trentenaire de reprendre : "Quand je dis coup de poing, c’est sans tomber dans la violence. C’est simplement de la désobéissance civile pour faire réagir et que notre message soit médiatisé."

"Une démonstration flagrante du "validisme"

Convoqués dans une salle trop petite en temps de Covid-19 pour accueillir prévenus, avocats et public, la cour a délibérément demandé à la presse et aux soutiens de sortir. Cette audience, dont les prévenus voulaient faire une tribune, s’est ainsi déroulée dans un huis clos tendu pendant près de six heures. Six heures "éprouvantes" dont Sophie Lombard est sortie "dégoûtée". "Dégoûtée d’avoir été méprisée, de ne pas avoir été entendue et surtout écoutée, expliquait-elle à la sortie de l’audience, tard dans la nuit. On s’est pris en pleine face la violence que la société nous impose chaque jour, les mêmes humiliations. Rien n’avait été organisé pour nous recevoir, pour nous aider à aller régulièrement aux toilettes, pour permettre à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer d’avoir un interprète. C’est autant de maltraitances. On veut dénoncer le "validisme" de notre pays. Résultat : nous en avons eu une démonstration flagrante."

Le jugement a été mis en délibéré au 4 mai prochain. Des peines de prison avec sursis, de trois à huit mois, ont été requises ainsi que des amendes de 750 € – soit l’équivalent d’un mois d’allocation d’adulte handicapé. Chacun des prévenus s’était déjà acquitté, en 2018, d’une amende administrative de la même somme.

*Sur Youtube : chaîne "Sophie Lombard", fondatrice de la compagnie Full Light.

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