En Occitanie, les défis d’un vaste territoire aux 6 millions d’habitants

  • Un territoire très attractif, sur le littoral et dans les grandes villes tout particulièrement.
    Un territoire très attractif, sur le littoral et dans les grandes villes tout particulièrement. jean-michelmart
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COSTE Vincent

Une Région aussi grande que l’Irlande et peuplée comme le Danemark, elle aussi frappée par la crise, mais qui ne manque pas d’atouts. Portrait en coupe et revue de détails.

À quels enjeux majeurs et à quels défis principaux la majorité élue le 27 juin prochain sera-t-elle confrontée ?

À quelles priorités doit répondre une collectivité qui a en charge, dans le respect des attributions que l’État lui a déléguées, la responsabilité d’une Région de près de 6 millions d’habitants (soit l’équivalent de la population du Danemark), et qui se déploie sur un territoire de 72 724 km2 ? Et qui attire chaque année 50 000 habitants de plus, tout particulièrement sur le littoral (attractif bien que marqué par la pauvreté), et les zones à forte urbanisation.

Autrement dit, un véritable petit pays d’une surface à peu près égale à celle de l’Irlande, et plus importante que celle de douze autres nations de l’Union européenne (deux fois plus que la Belgique, par exemple).

Ceci posé, une Région, quelle qu’elle soit, doit d’abord, bien sûr, répondre aux devoirs liés à ses compétences obligatoires (lire page précédente).

Affronter une triple crise

Chacune reste aussi dans l’obligation, en cette année 2021 à nulle autre pareille, de se montrer proactive pour riposter dans un contexte de triple crise (sanitaire, économique, sociale) surgie en 2020, voire quadruple si l’on considère la question environnementale et écologique (dont l’urgence reste d’actualité, mais qui n’a pas été révélée par la pandémie). Des crises à affronter, pour en accompagner la sortie et préparer la relance. Une entreprise d’importance, à laquelle la Région prend toute sa part, à l’instar d’autres collectivités (communes, Départements), et en renfort des décisions et interventions de l’État.

Enfin, la collectivité régionale peut aussi aller de sa propre initiative sur des champs qui ne relèvent pas du domaine de ses compétences obligatoires, via des financements dédiés (en matière de sécurité, aux abords des lycées, par exemple).

Mais ces actions se déploient, et cela n’est évidemment pas neutre, depuis un mandat, celui en cours, le premier, dans la configuration de la nouvelle Région Occitanie, née de la fusion des anciennes Régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, en vertu de la réforme territoriale de 2015.

"On parle de deux Régions qui étaient gouvernées depuis plusieurs mandats par la même majorité, appartenant à une entité historique globalement commune, marquées par un développement moyen voire faible avec des poches de prospérité et un monde rural assez important. Donc tout était là pour désigner une fusion relativement aisée, entre deux entités équivalentes avec chacune une métropole au milieu. Mais ce n’est jamais facile de fusionner", remarque ainsi le politologue et directeur de recherches au Centre d’études politiques et sociales de Montpellier, Emmanuel Négrier.

L’aéronautique, principal moteur économique

Mais cette nouvelle Région existe désormais avec ses atouts et ses handicaps. L’immensité de son territoire lui offre ainsi l’avantage d’une variété géographique quasiment unique, entre littoral méditerranéen et haute montagne pyrénéenne, et quelques-uns des arrière-pays les plus prisés de l’Hexagone (en Lozère, en Aveyron, notamment).

Une tendance observée pendant les périodes de confinement, et alors que les ventes de maisons secondaires s’envolent depuis le début de la crise sanitaire.

Logiquement, le tourisme fait donc office de poumon économique de cette région (seize milliards d’euros de retombées économiques annuelles, 10,3 % du PIB), avec, suivant les zones, le bâtiment, la viticulture, l’agroalimentaire en général, l’université et la recherche.

Une région dont le principal moteur reste cependant le secteur aéronautique pour lequel travaillent 800 entreprises qui emploient plus de 100 000 salariés. Un secteur durement touché par la crise, les commandes de son principal donneur d’ordres, Airbus, s’effondrant brutalement, ce qui a eu pour effet d’impacter les fournisseurs et sous-traitants installés dans la région. Quelque 4 000 emplois seraient ainsi menacés à terme dans cette filière selon diverses études, alors que la région comptait 598 250 demandeurs d’emploi en mars 2021, repassant pour la première fois depuis septembre 2020 sous la barre des 600 000 chômeurs. Car la pandémie a mis un brutal coup d’arrêt à une dynamique positive relevée jusqu’à mars 2020.

Reste la question des moyens, recettes et dotations dont bénéficie l’Occitanie, chiches en comparaison avec ceux des grandes régions d’Allemagne ou d’Espagne, par exemple.

En France, rappelait-on récemment dans les colonnes du Monde, les Régions n’ont que 35 milliards à dépenser chaque année, soit 1,5 % de la richesse nationale. Et deux fois moins que les Départements….

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