Dans les pays à faible ou moyen revenu, les jeunes n'associent pas automatiquement le travail au "bien-être"

  • Une étude réalisée auprès de 12.000 personnes dans des pays à faible ou revenu intermédiaire démontre comment les conditions de travail influent sur le bien-être des jeunes. C'est en Inde et au Pérou que les inégalités sont les plus importantes
    Une étude réalisée auprès de 12.000 personnes dans des pays à faible ou revenu intermédiaire démontre comment les conditions de travail influent sur le bien-être des jeunes. C'est en Inde et au Pérou que les inégalités sont les plus importantes Bhupi / Getty Images
Publié le
Relaxnews

(ETX Daily Up) - Une étude réalisée auprès de 12.000 personnes originaires de pays à faible ou moyen revenu démontre comment les conditions de travail influent sur le bien-être des jeunes. C'est en Inde et au Pérou que les inégalités en terme d'accès à l'emploi ou de salaires chez les jeunes sont les plus importantes. 

Si les études consacrées au bien-être au travail sont légion, plus rares sont celles qui portent sur des pays à faible ou à revenu intermédiaire. Une équipe d'économistes de l'université de Birmingham et d'East Anglia (Angleterre) a suivi 12.000 jeunes âgés de 8 à 22 ans et originaires d'Inde, d'Éthiopie, du Pérou et du Vietnam.

L'objectif de cette recherche publiée dans la revue Development Policy Review était de comprendre quels facteurs pouvaient influer sur le bien-être au travail : nature de l'emploi, conditions de son exercice, salaires, fierté sociale, obligations familiales, etc. Les résultats, qui se basent sur les données d'une enquête de cohorte longitudinale sur la pauvreté infantile, démontrent des disparités entre les quatre pays étudiés.

Au total, 78% des jeunes avaient un emploi à l'âge de 22 ans, en particulier les hommes (86% contre 71% des femmes). L'indice statistique d'inégalités de salaires Gini basés sur les revenus calculés pour les quatre pays montrent que, parmi les jeunes de cet échantillon, l'inégalité est la plus élevée en Inde (0,615) et au Pérou (0,537) et plus faible au Vietnam (0,387) et en Éthiopie (0,512).

Les estimations 2020 de la Banque mondiale concernant la part de revenu des 10% les plus riches indiquent par ailleurs que la distribution des revenus est la plus inégale au Pérou (32,1%) et en Inde (31,7%) et plus égale au Vietnam (27,5%). Le Vietnam est notamment le pays où le taux de jeunes occupant un emploi est le plus élevé.

"Le fait de ne pas avoir d'emploi peut refléter la nature fluctuante du travail informel ainsi que des circonstances personnelles telles que la prise en charge d'une famille où les rôles de genre sont importants", souligne par ailleurs l'étude.

Parmi les personnes sans emploi, 43% de femmes ont en effet déclaré qu'elles n'avaient pas cherché de travail pour s'occuper du foyer et/ou des enfants. Les jeunes femmes étaient également plus susceptibles de déclarer avoir des enfants (35% des femmes contre 9% des hommes).

Pas toujours de "bons emplois" 

Mais, même chez les jeunes actifs, travailler n'est pas toujours synonyme de bien-être. Dans l'ensemble des pays, travailler à son compte ou pour une tierce personne est associé à un bien-être moindre comparé au fait d'être employé par une entreprise privée, une coopérative ou encore une organisation publique et/ou gouvernementale. Le pouvoir d'achat occupe également une place prépondérante en termes de bien-être, notamment la possession de biens de consommation durables (télévisions, téléphones, vélos, voiture, etc.).

"Nos résultats soulignent l'importance de la qualité du travail pour le bien-être des jeunes dans les pays à faible ou à moyen revenu. Les résultats renforcent l'argument selon lequel tous les emplois ne sont pas de "bons emplois" censés procurer un plus grand bien-être aux personnes qui les occupent", soulignent les auteurs de l'étude.

L'étude note également l'impact fort et négatif dans des contextes nationaux où les vies, en particulier celles des enfants, peuvent être vulnérables en raison d'une protection sociale limitée, d'un accès inégal à la richesse et d'une exposition à des chocs extrêmes dus à la famine et aux conflits.

"Les politiques de l'emploi destinées aux jeunes doivent cibler ceux qui sont marginalisés par les structures du marché du travail qui tendent à renforcer les avantages des personnes les plus instruites et celles issues de milieux plus aisés. Des programmes d'emploi et de formation ciblés peuvent contribuer à fournir aux jeunes des compétences et une expérience qui améliorent leur productivité et leur employabilité", estime Fiona Carmichael, professeure d'économie du travail à l'université de Birmingham et co-autrice de l'étude.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?