Joachim Trier, tête de pont d'un nouveau cinéma norvégien

  • Le dernier film de Joachim Trier, "Julie (en 12 chapitres)" sort le 13 octobre en salles.
    Le dernier film de Joachim Trier, "Julie (en 12 chapitres)" sort le 13 octobre en salles. Sameer Al-DOUMY / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Maestro de la mélancolie au cinéma et tête de pont d'un nouveau cinéma norvégien, le réalisateur Joachim Trier dont le dernier film "Julie (en 12 chapitres)" sort mercredi, a commencé à filmer avant même de savoir lire et écrire.

Un grand-père réalisateur - Erik Løchen - en compétition pour la Palme d'Or en 1960 à côté des Fellini, Bergman, Antonioni et autres Bunuel, un père ingénieur du son, une mère auteure de documentaires... Le destin de Joachim Trier, également lointain parent du Danois Lars von Trier, semble tout tracé.

A cinq ans, il bricole avec son père des films d'animation avec une caméra Super 8, avant de confectionner quelques années plus tard des vidéos de skateboard, sa passion d'adolescent.

Diplômé d'une école londonienne de cinéma, le réalisateur, né le 1er mars 1974, dépeint dans ses premiers films le mal-être, la redécouverte de soi et la désillusion porteuse d'un spleen suicidaire.

L'atmosphère, le recours à des acteurs amateurs ou inconnus... Les critiques relèvent chez lui l'influence de la Nouvelle Vague française.

"J'ai dans tous mes films exploré cette idée invraisemblable qu'on peut rencontrer quelqu'un au mauvais moment, que ce n'est pas la bonne personne (quand il le faut) et qu'au final une relation ne marche pas" pour cette raison, a expliqué Joachim Trier à Cannes, lors de la présentation de "Julie (en 12 chapitres)". "Il y a un potentiel existentiel lorsqu'on aborde l'évolution d'une relation amoureuse".

Avec ce film, le réalisateur, qui revendique de travailler en groupe, ponctue une trilogie commencée, sans le savoir, il y a 15 ans. Il y relate avec brio les tourments d'une jeune femme d'aujourd'hui, campée par Renate Reinsve, écartelée entre sa carrière, sa vie sentimentale et le rôle d'adulte.

- Bonheur impossible -

Avant cela, son premier long métrage "Nouvelle Donne" (2006) avait exploré les affres d'un auteur débutant qui essaie de se reconstruire après un séjour à l'hôpital psychiatrique.

Dans "Oslo, 31 août", adaptation du roman "Le feu follet" de Pierre Drieu La Rochelle, sélectionné à Cannes dans la section "Un Certain Regard" en 2011, c'est un toxicomane en fin de cure qui échoue à retrouver une place dans la société.

Les trois oeuvres ont en commun d'avoir été tournées en norvégien, à Oslo, avec le même acteur - Anders Danielsen Lie - dans le premier rôle masculin et le sentiment d'exclusion comme thème lancinant.

Comme si leurs personnages étaient frappés d'une sorte de malédiction, celle de rester à quai, incapables de connaître le bonheur dans une société qui, statistiquement, nage dedans.

"C'est souvent dans le malheur qu'il y a beaucoup de choses intéressantes", décrypte Camilla Laache, critique de cinéma chez TV2.

Joachim Trier "est doué pour brosser des portraits humains", dit-elle. "Il fait des films sur les êtres humains et les êtres humains, on en trouve de toutes sortes, même dans le pays le plus heureux au monde".

Le réalisateur n'est pas lui-même monocorde.

Avec "Louder than Bombs", il sort de son univers exclusivement norvégien: tournage en anglais et en français à New York, casting éclectique avec la Française Isabelle Huppert, l'Irlandais Gabriel Byrne et l'Américain Jesse Eisenberg, production multinationale... Ce drame familial a lui aussi été en lice pour la Palme d'Or l'année de sa sortie, en 2015.

Deux ans plus tard, le Scandinave s'attaque au thriller romantique rehaussé d'une touche de fantastique, avec "Thelma".

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