C’était un bougnat de Florentin-La-Capelle, "monté" à Paris un sac de charbon sur l'épaule...

  • Henri Rouquette et son fils Régis au charbon.
    Henri Rouquette et son fils Régis au charbon.
Publié le
CORRESPONDANT

Quand les "cafés-charbon" de Paris parlaient occitan !

La 21e édition des marchés des pays de l’Aveyron vient d’avoir lieu à Paris. À cette occasion c’est chaque fois un peu de l’Aveyron qui s’installe dans la capitale avec de nombreux exposants aveyronnais et des animations de ce terroir.

Dès la fin du XIXe siècle et durant une bonne partie du siècle dernier, de nombreux Aveyronnais sont aussi "montés" là-haut mais pour trouver du travail et y vivre, ces exilés du département devenaient souvent des bougnats ou des cafetiers. Une partie de l’Aveyron est donc depuis longtemps implantée et enracinée à Paris.

À La Capelle, Henri Rouquette était parti là-haut pour travailler comme charbonnier chez Bessière, originaire de Colombez, près de St-Amans-des-Côts. C’était souvent grâce au bouche-à-oreille, entre "compatriotes", qu’on trouvait à "se placer".

C’est vers 1960 qu’Henri avec son épouse Gilberte et leurs deux enfants : Christiane et Régis, se sont installés et ont pris un café-charbon à Levallois-Perret. Levallois était alors un petit village, c’était un peu la capitale parisienne des Aveyronnais mais aussi des Cantaliens et des Lozériens.

Henri arpentait les rues, montait les étages, sacs de charbon ou sacs de bois sur l’épaule, pour livrer les particuliers et alimenter poêles et chaudières : un travail harassant, c’était ça le travail des bougnats. À Levallois, il y avait à l’époque une vingtaine de charbonniers. À l’aide d’un camion porteur, ils allaient chercher cette matière, en provenance de Pologne ou d’Allemagne, dans un grand dépôt situé dans le quartier des Batignolles à Paris.

Il n’y avait pas de concurrence entre eux, il y avait du travail pour tous, beaucoup de solidarité et ils se côtoyaient beaucoup. Gilberte tenait le café et prenait les commandes de charbon. On ne se parlait qu’en "patois", le couple parlait également cette langue à ses enfants, on peut parler de langue car en fait c’était de l’occitan. Des accordéonistes venaient de temps à autre y jouer, notamment l’accordéoniste d’Édith Piaf.

Les Rouquette avaient apprivoisé un coq nain que Gilberte avait refusé de tuer. Il restait dans le café ou le chantier de charbon, Henri mangeait toujours avec le coq sur ses genoux. Le volatile venait même "en vacances" à La Capelle avec ses maîtres, il s’appelait Philibert et a vécu 10 ans.

Le dimanche, le café était bondé, rempli d’Aveyronnais ou clients originaires du Cantal, de la Corrèze ou de la Lozère et pas un mot de français !... C’était Henri qui servait ce jour-là, il était au paradis dans cette ambiance dominicale. Les hommes buvaient des apéritifs et faisaient leur tiercé, les femmes allaient au marché et venaient attendre leur mari… Pendant ce temps, Gilberte cuisinait un poulet ou un lapin au "flambadou" : beaucoup de fumée pendant la cuisson mais quel bon goût avait cette viande !

Beaucoup de nostalgie de ce temps-là pour Régis, leur fils, qui a bien voulu nous raconter cette période qu’il a affectionnée particulièrement.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 2 années Le 12/10/2021 à 10:07

Ces gens étaient le sel de la terre !

Beaucoup de courage, de vaillance, de labeur, de valeurs, d'amitié, de chaleur humaine, de solidarité....

Respect à eux !