Les vitraux de l’église de Réquista mis en lumière

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Centre Presse Aveyron

Historien de l’art, Daniel Laonet (*) vient de terminer une étude sur les vitraux de l’église de Réquista. 

La connaissance sur l’histoire des vitraux se perd vite, comme ceux de l’église de Réquista. Le nom de leur auteur n’était plus connu et il a fallu une conversation avec le frère Marie-François de l’abbaye tarnaise d’En Calcat, dans le civil Claude Bousquet originaire de Saint-Christophe-Vallon, pour qu’un peu d’histoire revienne. Parce qu’il est très inventif, on lui demanda d’aider les verriers pour l’installation des vitraux.

Le nom de l’auteur est François Bertrand, né en 1927, à Paris, où il a étudié à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts. La spécialité de cet artiste était de fournir des dessins dont la réalisation matérielle incombait à des verriers. Ici, le metteur au point technique a été Max Boutzen d’Arcueil. C’était en 1972.

Les vitraux sont sertis dans du ciment comme cela se faisait dans les années 1950-1980. Leur abstraction fait que la lecture est un peu incertaine. Toutes les fenêtres, hautes et étroites, imposent un mouvement ascensionnel. On le voit parfaitement dans celles de la nef où les lignes de ciment dessinent la montée jusqu’à l’ogive. Du côté sud, le dessin est onduleux ; du côté nord, il est plus aigu. Les couleurs traduisent les heures du jour. Le matin, à gauche de la nef, elles sont d’abord sombres : le mauve et le gris de la nuit finissante. Puis elles s’éclairent peu à peu quand le soleil monte. En face, en fin d’après-midi, le marron et le gris-bleu se substituent à celles de la lumière.

Mais, avant ce déclin, il y a les fenêtres du haut de l’église, celles de midi, quand le soleil est au plus haut. Les couleurs ont achevé le mouvement amorcé le matin.

Alors que les premiers vitraux sont presque monochromes, ici ils reçoivent de nombreuses couleurs, toutes de même importance : le rouge, le jaune, l’orangé, le vert, le marron. De même, les formes se sont tassées et ne montent plus. Sans doute que François Bertrand a voulu traduire ainsi l’arrêt à midi de la montée du soleil.

L’œuvre de cet artiste est mal connue. Cependant, dans la région il a créé d’autres vitraux, tout aussi beaux. En 1954, il a réalisé, avec les ateliers de Limoges, plus de cent fenêtres dans l’église Saint-Joseph Ouvrier, à Aurillac. La lumière qu’elles diffusent dans cette église sombre est un spectacle remarquable. En 1968, à Saint-Joseph-de-Laden, à Castres, avec En Calcat cette fois, il a réalisé deux très grandes verrières, l’une bleue pour la Vierge, l’autre rouge pour le Christ.

Comme à Réquista, ces couleurs symbolisent la nuit et le jour. Mais une autre lecture existe également : c’est celle de la mort et de la Résurrection.

(*) Depuis de nombreuses années, Daniel Laonet, féru de patrimoine des églises et de l’art religieux, installé dans le Tarn, s’intéresse aux travaux de l’atelier de verrerie de l’abbaye tarnaise d’En Calcat, créé vers 1950 par frère Ephrem Socard. Daniel Laonet a ainsi publié dans une revue une étude complète des réalisations de frère Ephrem avec une incursion en Aveyron, à Sénergues plus précisément, où il a réalisé, en 1965 et en 1970, les vitraux de l’église Saint-Martin.
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