Le Guardian a réconcilié les internautes avec l'idée de payer pour les sites d'actualité

  • Près de la moitié du million de personnes qui payent pour le contenu numérique du Guardian ne viennent pas du Royaume-Uni.
    Près de la moitié du million de personnes qui payent pour le contenu numérique du Guardian ne viennent pas du Royaume-Uni. AFP PHOTO / ANDREW COWIE
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Le Guardian a récemment franchi le cap symbolique du million de lecteurs qui payent régulièrement pour consulter ses articles. Cette étape est particulièrement importante dans le développement du quotidien britannique, qui est l'un des rares dans le paysage médiatique à ne pas avoir de "paywall". Décryptage.


A la fin du mois de novembre, le Guardian a observé que plus d'un million de lecteurs ont dépensé de l'argent pour accéder à ses articles en ligne. Ils sont 419.541 à s'être abonnés au journal pour avoir accès à son application mobile et à ses contenus sans publicité, tandis que 580. 494 originaires de 180 pays ont préféré faire un don ponctuel.

Contrairement à de nombreux médias, le Guardian n'a pas opté pour un modèle payant pour son site d'actualité. Il encourage toutefois ses lecteurs à soutenir sa démarche journalistique en réalisant des dons, réguliers ou non. "Le modèle de gestion unique du Guardian signifie que la publication n'est pas contrôlée par un propriétaire milliardaire ou un groupe d'actionnaires exigeant des retours financiers- tous les bénéfices réalisés sont directement affectés à la production d'un journalisme indépendant et de qualité", affirme le journal dans un communiqué.

Des lecteurs de plus en plus internationaux

Autre fait notable : près de la moitié du million de personnes qui payent pour le contenu numérique du Guardian ne vient pas du Royaume-Uni. La plupart d'entre eux vivent aux États-Unis, en Australie ou au sein de l'Union Européenne. Le phénomène est tel que les revenus internationaux de la publication ont augmenté de 26% durant les années 2020-21, et représentent dorénavant plus de 30% de tous ses bénéfices.

Ces chiffres encourageants sont le résultat du lancement de deux éditions internationales du Guardian au début des années 2010, l'une américaine et l'autre australienne. Cette dernière est depuis devenue le cinquième site d'informations le plus consulté dans le pays océanien, avec une audience mensuelle de plus de 7 millions de personnes. Le lectorat de l'édition américaine du Guardian représente, lui, un tiers de l'audience mondiale de la publication.

"A l'avenir, le défi consistera à continuer à attirer et à fidéliser encore plus de lecteurs du monde entier, alors que nous prenons de plus en plus d'ampleur. Nous continuerons à investir afin de faire évoluer et d'élargir notre offre réservée à nos donateurs, pour suivre l'évolution des besoins et des habitudes de notre communauté mondiale de lecteurs", a déclaré Paul Kanareck, directeur commercial et relation client chez le groupe Guardian Media.

Encourager les lecteurs à mettre la main au porte-monnaie

Alors que beaucoup d'internautes se sont habitués à lire gratuitement des articles sur Internet, les médias multiplient les initiatives pour les encourager à payer pour le faire. Certains optent pour le "paywall", qui ne donne accès à aucun article gratuit ou seulement à un nombre limité de consultations, tandis que d'autres privilégient le "freemium". Ce modèle repose sur des contenus gratuits et d'autres réservés aux abonnés.

Selon l'institut Reuters, de plus en plus de médias s'inquiètent de la santé financière du secteur, qui repose, en grande partie, sur un modèle gratuit financé par la publicité. "Les recettes publicitaires vont de plus en plus à Google, Facebook et quelques autres grandes plateformes numériques qui ont encore perturbé un secteur déjà mis à mal par le passage au numérique. Si certains organes de presse continuent de générer d'importants revenus publicitaires hors ligne et en ligne, la part de la publicité destinée aux médias d'information est en baisse", note l'organisme dans son dernier rapport annuel.

Certaines publications comme le Guardian arrivent à se démarquer dans cet écosystème, et prouvent que les internautes peuvent s'accoutumer à l'idée de payer pour avoir accès à du journalisme de qualité.

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