Rodez. Aveyron : Antoine Maury, restaurateur d'art

Redonner vie à des œuvres usés par le temps, rendre ses couleurs à un paysage, redéfinir les traits d’un visage, d’un objet. Rendre toute sa beauté première à un tableau. Antoine Maury a bien conscience qu’il ne fait que passer. Mais que son travail est en même temps un maillon dans cette chaîne qui nous relie au passé.

À Avignon, où l’aura de la cité des Papes rayonne encore sur la ville, Antoine Maury a obtenu le diplôme de l’École supérieure d’art, dans l’une des quatre seules écoles de France délivrant un diplôme reconnu par les musées. Des professeurs inspirants lui ont légué un savoir-faire qui lui permet aujourd’hui de travailler sur de nombreux supports et d’utiliser des techniques aussi bien modernes qu’anciennes. "Nous sommes peu en France à savoir restaurer des tableaux de manière ancienne", glisse Antoine Maury. Installé depuis 2009 à Rodez, dans un atelier sous le musée Denys-Puech, il travaille sur des œuvres confiés par des particuliers, mais également des musées (Fenaille, Denys-Puech, Soulages à Rodez, de nombreux lieux en Aveyron, mais aussi à Béziers, Carpentras, etc.) ou d’autres institutions. Les restaurations sur un tableau, ou de cadres et des sculptures, dans une moindre mesure, peuvent prendre plusieurs semaines, plusieurs mois pour les plus importants.

"Un attachement particulier se créer avec l’œuvre, après de longues journées à travailler dessus", explique Antoine Maury. En quelque sorte, le restaurateur d’art ruthénois entre dans l’intimité de l’artiste. De sa création. Il travaille sur l’envers du décor et examine en détail la toile. "Pour restaurer certains tableaux, je suis obligé de mener une enquête pour connaître les techniques utilisées, analyse le type de toile utilisé, etc. C’est une tâche que je mène en parallèle de mon travail de restauration."

Et puis, il y a certaines découvertes. La patte d’autres restaurateurs peut apparaître alors, dissimulée sous des couches de vernis. "On peut alors penser à ceux qui ont déjà travaillé sur cette œuvre", sourit Antoine Maury. "Et il en sera de même pour moi lorsque d’autres restaurateurs travailleront sur les œuvres que j’ai eus entre les mains. Je veille à conserver l’esprit original du tableau. À n’être qu’un passeur finalement."

Mais il se peut également que le restaurateur décide de laisser les traces du temps qui a passé. "Il arrive que, compte tenu de la dégradation d’une partie d’un tableau, on prenne la décision de stabiliser l’œuvre quitte à laisser des parties plus ou moins abîmées." Finalement, aucune toile ne ressemble à une autre. Et la palette d’Antoine Maury n’en est que plus riche, pleine de variations, donnant à son métier une dimension infinie.

Antoine Maury utilise des techniques modernes mais également plus anciennes pour restaurer ses tableaux. La restauration d’une œuvre peut durer plusieurs semaines, plusieurs mois. Lorsque la toile est trop abîmée, il choisit

de laisser certaines zones du tableau à l’état brut, tout en ayant pris soin

de "consolider l’œuvre". Parfois, Antoine Maury peut tomber sur des traces d’anciennes restaurations. Un lien se créer forcément avec les générations passées. Le restaurateur d’art se sait être le maillon d’une chaîne qui le relie à ses prédécesseurs mais également à ses successeurs.

À côté de son travail de restauration des œuvres, Antoine Maury passe également de longues heures à enquêter sur les tableaux mais également à rédiger des comptes rendus détaillés qui permettent ensuite d’établir une assistance à maîtrise d’ouvrage, une étude avant projet, une analyse ou encore un constat d’état.

"J’aime beaucoup le côté manuel de ce métier, presque aussi l’aspect artistique, commente Antoine Maury. Mais il existe également un aspect intellectuel qui me plaît particulièrement." Le restaurateur d’art ruthénois est également membre de l’Association des conservateurs-restaurateurs de Midi-Pyrénées-Occitanie et de l’International council of museums, ancien délégué régional de la Fédération française des conservateurs-restaurateurs.