Pourquoi ces quelque 25 % de Français qui sont asymptomatiques n'ont pas besoin de vaccination

  • Pour les asymptomatiques ayant été infectés, la vaccination pourrait n'être d'aucune utilité.
    Pour les asymptomatiques ayant été infectés, la vaccination pourrait n'être d'aucune utilité. Archives CP
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Environ un quart des personnes positives au coronavirus sont asymptomatiques, c'est-à-dire qu'elles ne développeront ni symptômes ni maladie. Que se passe-t-il si elles se font vacciner ?
 

Une vaste étude chinoise recensant 94 études réalisées sur un total de près de 30 millions de personnes a conclu récemment que 40,5 % des personnes étaient asymptomatiques face au Covid-19. Mais en réalité, révèle Futura Sciences, cette étude géante incluait les vrais asymptomatiques, qui ne développeront ni symptômes ni maladie, des pré-symptomatiques, qui eux développeront des symptômes après le dépistage.

La part des vrais asymptomatiques tourne en moyenne autour des 25 %, variable suivant les tranches d'âge. C'est ce que relevait déjà Santé publique France dès juillet 2020 (24,3 % plus précisément)

Quid de la personne asymptomatique ?

L'asymptomatique a un âge moyen de 37 ans, contre 56 ans pour un malade du Covid, selon une autre étude chinoise. Les deux tiers sont des femmes.  Et rare sont ceux présentant une autre maladie, susceptible d'être une comorbidité avec le Covid-19. Malgré l’absence de symptômes, le virus est toutefois identifiable dans l’organisme et peut laisser des traces. Mais la convalescence est plus rapide, en moyenne 9 jours contre 15 chez un symptomatique. Il semble également que les dommages subis par le système immunitaire soient moins importants que dans les infections symptomatiques.

De plus, une autre étude suisse datant de septembre 2020 relève que la contamination par les personnes asymptomatiques semble faible, avec un risque relatif d'infection diminué de 75 % suite à un contact avec une personne asymptomatique, par rapport à une personne symptomatique, indique encore Futura Sciences. Mais une étude ultérieure, en janvier 2021, suggère que les asymptomatiques seraient responsables de la moitié des transmissions du virus. Mais en tenant compte des pré-symptomatiques, qui vont développer les symtômes plus tard. Bref, contagieux certes, surtout en période pré-symptomatique, mais à un degré moindre : selon Le Monde citant une analyse publiée dans The Lancet, l'individu asymptomatique serait 3,85 fois moins contagieux que celui qui développe les symptômes.

Enfin, d'après Doctissimo, la personne asymptomatique présenterait un taux plus élevé de lymphocytes T, qui jouent un rôle essentiel dans la réponse immunitaire face aux virus, que chez une personne développant les symptômes du Covid-19. C'est pourquoi un simple rhume, qui déclenche la production de ces lymphocytes T, peut jouer un rôle protecteur face au coronavirus, selon une étude anglaise récente citée notamment par La Dépêche du Midi.

Comment savoir si l'on est asymptomatique ?

C'est là où le bât blesse. Au jour d'aujourd'hui, on peut uniquement savoir si l'on a été oui ou non infecté par le virus, grâce à une analyse sanguine, c’est-à-dire un test sérologique qui va identifier les anticorps sécrétés naturellement par le système immunitaire pour lutter contre le Covid, selon La Dépêche.

Le prix de ces tests varie de 19 à 45 € et ils ne sont remboursés qu'avec une prescription médicale.

Selon biron.com, un laboratoire, il n'existe actuellement aucun test permettant de s'assurer que la présence d'anticorps confère une immunité protectrice. Le niveau de ce taux d'anticorps peut néanmoins être un indicateur : faible, il peut être un signe d'immunodépression, fort, il est à même de lutter contre le virus voire il est déjà en action.

Est-il utile de vacciner un asymptomatique ?

D'abord, nous parlons de la personne asymptomatique qui ne développera pas la maladie, soit parce qu'il a déjà contracté la maladie, soit parce que son système immunitaire est éminemment efficace.

Ensuite, une vaccination sur ce type de personnes n'entraînera "pas d'effet délétère", d'après Jacqueline Marvel, immunologiste et directrice de recherche au CNRS, citée par Sciences et avenir. "Cela va contribuer à développer une réponse immunitaire plus rapide" chez une personne asymptomatique, ajoute-t-elle. Même son de cloche pour Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux, pour qui "il n'y aura aucune conséquence sur la santé, ce ne sera pas dangereux», dit-il au Figaro.

Donc, pas de risque pour un asymptomatique de se faire vacciner. Mais cela lui est-il vraiment utile ? Pour  Frédéric Altare, directeur du département d’immunologie au Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers, "la vaccination n’apporterait rien de plus aux sujets déjà infectés que ne leur a déjà induit le virus lui-même, aucun bénéfice a priori même pour les asymptomatiques", a-t-il tranché, toujours cité par Sciences et Avenir. Car le vaccin induit la même réaction immunitaire que l'infection. "Donc ça ne lui sert probablement à rien de se faire vacciner", ajoute le scientifique. Il participe également, comme un vacciné, à une possible immunité collective à venir.

Après une année 2021 presque entièrement dévolue à la vaccination, et où l'étude des cas asymptomatiques, souvent jugée comme "une donnée épidémiologique précieuse", n'était plus à l'ordre du jour (la majorité des études datent de l'année précédente, avant Delta et Omicron), une nouvelle prise en compte de ces quelque 25 % de personnes (et leur étude) pourrait libérer par exemple des créneaux de vaccination pour les personnes les plus exposées, ou encore avoir une quelconque utilité d'ordre scientifique, sanitaire, voire même économique.

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