Chez Isabelle Vayssié, à Roissy ou au tir à l'arc, le contrôle est une seconde peau

Abonnés
  • Fonctionnaire à la Direction générale de l’aviation civile, née à Rodez et âgée de 35 ans, Isabelle Vayssié fait du contrôle aérien à l’aéroport de Roissy. 	Laurent Pagès
    Fonctionnaire à la Direction générale de l’aviation civile, née à Rodez et âgée de 35 ans, Isabelle Vayssié fait du contrôle aérien à l’aéroport de Roissy. Laurent Pagès
  • Isabelle Vayssié affiche un beau palmarès avec quatre médailles nationales individuelles, dont le titre de championne de France de tir campagne à Loudéac en 2017.
    Isabelle Vayssié affiche un beau palmarès avec quatre médailles nationales individuelles, dont le titre de championne de France de tir campagne à Loudéac en 2017. Julia Frizziero
Publié le
Rui DOS SANTOS

Fonctionnaire à la Direction générale de l'aviation civile, la trentenaire, née à Rodez et installée en Ile-de-France, est aussi une sportive talentueuse, championne de France de sa discipline.

Son grand frère Gilles était passionné par l’aviation et il a commencé à piloter aux Ailes ruthénoises quand elle avait 10 ans. "Je l’aidais à apprendre sa phraséologie en jouant le rôle du contrôleur et j’ai passé une bonne partie de mon adolescence avec lui à l’aéroclub, qui était un peu notre deuxième maison.Il a d’ailleurs représenté le club ruthénois au Tour de France aérien des jeunes pilotes en 2002". Isabelle Vayssié se souvient très bien de ses premiers pas dans les nuages.

Née le 24 juillet 1986 à Rodez, elle a énormément sillonné le département au gré des déménagements familiaux, mais elle a toutefois beaucoup vécu à Ruffepeyre, un hameau de la commune de Mayran. "J’aimais voler avec mon frère mais j’ai été assez vite attirée par l’autre côté du micro", poursuit-elle. Dès la fin du collège, elle avait donc en tête d’intégrer l’école nationale de l’aviation civile. "J’ai fait ma prépa à Toulouse, au lycée Déodat de Séverac, dans la filière physique, chimie et sciences de l’ingénieur, puis physique et sciences de l’ingénieur, uniquement dans cet objectif", précise Isabelle Vayssié.

Elle a ensuite passé, en 2006, les deux concours permettant d’accéder à du contrôle aérien : ingénieur du contrôle de la navigation aérienne, et technicien supérieur des études et de l’exploitation de l’aviation civile. Elle a été reçue aux deux mais déclarée inapte médicale pour l’Icna à cause "d’une myopie trop forte". "Au final, ça a été "un mal pour un bien", reconnaît Isabelle Vayssié. Le corps des TSEEAC est très polyvalent et offre une grande diversité de postes".

Dont, par exemple, celui qu’elle a rejoint en 2009 à l’aéroport de Roissy. Selon sa propre expression, la fonctionnaire à la Direction générale de l’aviation civile "murmure à l’oreille des avions". Elle est ainsi en charge de la vigie-trafic du Terminal 2, lequel compte environ 200 postes de stationnement. Ou plutôt était car, depuis un an, elle est détachée à la formation. "L’idée trottait depuis longtemps dans ma tête et j’avais déjà postulé une fois. C’est le résultat d’un souhait personnel combiné à une opportunité, se réjouit-elle. Je suis contente car cela faisait douze ans que j’étais là haut".

Travailler à Rodez ? "Je pourrais"

Isabelle Vayssié continue de rentrer au pays, souvent deux fois par an, l’été et à Noël. Elle pose alors ses valises à Salles-Curan, chez sa grand-mère maternelle. "C’est le point de ralliement", sourit-elle. Elle devient alors plus sérieuse quand il s’agit de parler du voyage : "C’est une expédition !". Elle n’a toutefois pas coupé le cordon : "Je revendique mes origines aveyronnaises, je suis très attachée à mes racines rouergates. Pour les gens d’ici, en banlieue parsienne, je suis une étrangère. Mon accent me trahit !". Pour autant, pas question pour elle d’être sectaire : "Je n’y attache pas une grande importance. Je préfère l’esprit d’ouverture, la tolérance". Et de conclure sur cette question d’appartenance : "Je me suis adaptée à la vie d’ici mais je ne suis pas francilienne. Je suis arrivée en 2008 et je devais rester cinq ans... J’ai arrêté de faire des plans sur la comète !".

Mais, elle n’a pas oublié qu’elle s’est projetée au cours de l’été 2017 : "A moyen terme, j’aimerais faire du contrôle aérien dans un petit terrain du sud de la France". Elle confirme : "Je ne passerai pas toute ma vie en Ile-de-France. Le contrôle d’aérodrome me tente bien en effet. Rodez ? Je pourrais. J’aime bien aussi Carcassonne". Mais, pour l’instant, elle goûte au plancher des vaches à Gagny (93), avec des travaux à la maison et 1 600 m2 de terrain à entretenir, et n’a pas formulé de demande de décollage à la tour de contrôle.

Isabelle Vayssié est aussi une sportive accomplie, depuis son plus jeune âge. Elle a ainsi goûté à la danse, classique et jazz, à Rignac, à Millau et à Rodez, s’adonnant même, durant une année, à la danse de salon. Curieuse, elle a découvert le badminton en UNSS. Mais, c’est pour le tir à l’arc qu’elle a tapé dans le mille ! "Je ne sais pas d’où ça vient, d’autant que le virus ne circulait pas dans la famille", s’interroge toujours l’intéressée. Peut-être un carnaval à l’école où elle était déguisée en indienne...

Quoiqu’il en soit, elle a pris une licence, adolescente, à la section tir à l’arc du Stade Rodez omnisports, chère au regretté Albert Pascal, jusqu’à ce qu’elle vise juste à l’épreuve du baccalauréat. Sociétaire ensuite de Chelles, de Bondy, puis aujourd’hui de Neuilly-sur-Marne, elle peut s’énorgueillir d’une très belle collection de médailles, dont un titre de championne de France de tir campagne décroché en 2017 à Loudéac. Et cinq participations à des compétitions internationales (9e à Marrakech et à Luxembourg).

Après sa médaille de bronze à la coupe de France à 70 mètres à Coutances , en Normandie, en août 2019, Isabelle Vayssié a rangé ses flèches. "J’ai lâché l’arc !, confirme-t-elle. Je n’avais plus la flamme". Mais, elle n’était pas femme à rester les bras croisés. Elle s’est donc lancée dans... le patinage artistique ! Elle n’a pas oublié : "Je passais tous les jours devant la patinoire et cette discipline me tentait depuis toujours. J’ai alors regardé s’il y avait des cours pour adultes débutants. J’ai eu une bonne surprise et je ne regrette pas".

En revanche, à cause de la crise sanitaire, elle a dû se contenter, au début, de quelques rares entraînements, mais la situation s’améliore depuis la rentrée. "Le plaisir est là !, se réjouit-elle. Les sensations sont différentes mais très agréables. Comme je suis partie de zéro, je ne peux que progresser... Pour l’instant, je soigne la technique. On verra plus tard pour l’artistique !". Elle ne devrait donc pas défendre les couleurs de la France aux Jeux olympiques d’hiver, à Pékin, du 4 au 20 février 2022.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?