Aveyron : face au Covid, les professeurs d'écoles en panne de remplaçants

Les cas de positivité au Covid ont longtemps concerné les élèves, priés de rester chez eux selon des protocoles sanitaires évolutifs en fonction de leur nombre au sein d’une classe. Désormais, le souci vient de plus en plus des enseignants, eux aussi impactés par la contamination. Et leur positivité révélée concerne alors directement la classe dans son entier. En tout cas dans le premier degré, où l’enseignant est seul devant son groupe d’élèves, par tranches d’âge. Seule solution dans ce cas, pouvoir le remplacer pour assurer la continuité des cours. Force est de constater qu’aujourd’hui, les « brigades » d’instituteurs mis à disposition depuis toujours par le rectorat pour assurer le remplacement de leurs collègues indisponibles, ne suffisent plus.

Exigence du recrutement et résultats décevants

L’Éducation nationale en Aveyron en a pris la juste mesure depuis plusieurs semaines déjà, en lançant une campagne de recrutement d’enseignants contractuels, sur candidatures. Sont concernés : les étudiants en formation de professeurs des écoles ayant les acquis nécessaires, les jeunes retraités, « des non-enseignants mais qui ont le souhait de l’être », indiquait Claudine Lajus, Directrice académique des services de l’Éducation nationale, en tout début d’année. Et de préciser aussitôt : « On ne va pas prendre n’importe qui, nous sommes garants de la qualité et de la probité des gens qui sont devant nos jeunes ». Un entretien solide avec les candidats est, dans ce cadre-là, essentiel.

Un mois après le lancement de cette campagne, le constat est amer : seuls deux professeurs contractuels ont pu être recrutés, constate Claudine Lajus. « L’exigence de ce recrutement s’ajoute à la pénurie de bonnes volontés, il est difficile en Aveyron de trouver un vivier, comme c’est aussi le cas dans d’autres secteurs économiques… », justifie-t-elle. Toujours est-il que le nombre de remplaçants est à ce jour carrément insuffisant. « On est face à la difficulté de pallier les absences», relève Stéphanie Massol, cosecrétaire départementale du SNUiPP-FSU, principal syndicat d’enseignants du premier degré. La situation semble un peu moins tendue pour les personnels administratifs : les besoins se situaient autour de six remplaçants, « quatre d’entre eux ont été recrutés à ce jour », précise Claudine Lajus.

Classes fermées  et parents démunis

« Certes, l’école reste ouverte, mais dans quelles conditions ?, déplore Stéphanie Massol. Beaucoup d’écoles ont tenu bon jusqu’alors mais avec le nombre d’adultes qui se révèlent positifs, la situation devient intenable ». Et parmi ces adultes, il faut relever bon nombre d’Atsem (relevant du recrutement des communes) et d’agents techniques, dont l’absence impacte la tenue des cantines et des garderies notamment.

S’ajoute au problème de remplacement des enseignants, la fermeture de classes liée directement aux élèves. « Non seulement on peut avoir des accueils suspendus faute de remplaçants, mais aussi faute d’élèves révélés positifs, et dont le nombre grimpe très vite, avance Claudine Lajus. On peut être amené alors à suspendre les cours pour sept jours, pour endiguer une progression très rapide de la contamination. Depuis le 10 janvier, nous faisons le point sur ce sujet presque quotidiennement avec la préfecture et l’ARS ».

Comment faire garder les enfants, invités à rester à la maison ? Au final, les parents se retrouvent de plus en plus démunis face à un volant d’une quarantaine de classes fermées chaque jour, actuellement, en Aveyron, comme le relève le SNUipp-FSU. Et le syndicat de craindre, rejoint par la Dasen Claudine Lajus, que la situation ne s’améliore pas aussi vite qu’on pourrait le souhaiter…