Rodez : le message poignant de Latifa Ibn Ziaten aux lycéens

Abonnés
  • Une rencontre qui marque.
    Une rencontre qui marque. JAT
  • Une rencontre qui marque.
    Une rencontre qui marque. JAT
Publié le
Philippe Routhe

Une quarantaine de lycéens de Monteil ont vécu un échange exceptionnel avec la mère du soldat tué par Merah en mars 2012. Un moment d’une rare intensité.

Il y a des rencontres qui marquent incontestablement plus que d’autres. Celle de cette quarantaine d’élèves du lycée Monteil avec Latifa Ibn Ziaten, ce jeudi matin, en fait partie. Aujourd’hui encore, nombre de ces mots résonnent sans nul doute dans la tête de ces lycéens. Tout autant que dans celle des enseignants où des journalistes présents. La mère de Imad Ibn Ziaten, tué le 12 mars 2012 par Mohamed Merah, inspire un profond respect. S’il fallait inventer un mot pour nommer une mère qui a perdu un enfant, il n’y en a pas dans le dico, ce serait survivante.

"Je fais chacune de mes interventions debout. Car mon fils est mort debout" dit-elle en arrivant devant les élèves, qui viennent de voir un film sur l’action qu’elle mène depuis dix ans par le biais de son association Imad.

"Vous avez de l’espoir les jeunes ?" lance-t-elle. Réponse timide. "Il en faut. Il faut que je vous entende. Quand on a de l’espoir, on a de l’amour. Il faut démarrer votre moteur intérieur". Quelques sourires et une première question libéreront un peu les ados, à la fois intimidés et impressionnés. Elle parlera souvent de ce moteur intérieur. Car elle croit profondément en la bonté de chacun.

S’ensuivra un échange fort pendant près d’une heure. Latifa Ibn Ziaten parle avec le cœur. Se laisse gagner par l’émotion quand elle parle de celle qui, enfant, s’est retrouvée en France sans savoir lire ni écrire. De son fils, "Imad"… Dans un discours qui est tout sauf convenu, elle répond à toutes les questions, comme si elle avait en face d’elle "ses propres enfants".

Elle insiste sur l’importance de ne pas avoir de la haine. "On peut être en colère, c’est normal, mais la haine, ce n’est pas bon. Elle ne ramène rien. Si j’avais de la haine, je ne serai pas là. Je serai déjà morte". Sur l’importance d’aller à l’école. "Il vous faut apprendre, respecter vos enseignants, ce sera votre liberté". Elle le redira à plusieurs reprises. De respecter sa mère. "Embrassez-la le matin quand vous partez, embrassez-la le soir quand vous rentrez".

Entre quelques silences pesants, à ces "chers élèves", elle raconte comment elle a appris la mort de son fils. "Je ne croyais pas qu’il était possible d’être assassiné en France." Comment elle en veut plus à la mère de Mohamed Merah qu’à Mohamed Merah lui-même. "Je lui en voudrais toute ma vie pour ce qu’il a fait, mais pas pour ce qu’il était. C’est à sa mère que j’en veux. Je ne lui pardonnerai pas ce qu’elle a fait de ses enfants."

Elle parle librement de la laïcité. Des croyances de chacun, qui doivent rester personnelles. "La religion s’apprend avec de l’amour. Ce que Merah a fait, ce n’est dans aucune religion", dit-elle fermement.

Pendant une heure, c’est une flopée de messages forts qui sont envoyés. Des applaudissements respectueux claquent à l’issue de son intervention. Des remerciements chaleureux lui sont adressés. Un cadeau lui est remis. Puis, après une photo de famille, un adolescent s’approche pour lui parler. Puis un autre. Encore un autre. De façon apaisée, elle leur parle. Leur conseille " d’ouvrir leur cœur", en avocate du bien vivre ensemble. Elle leur parle comme une mère. Dix ans qu’elle fait cela. Debout.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?