La chapelle Saint-Roch "veille" sur Decazeville

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Patrice Lemoux

La Fondation du patrimoine vous fait découvrir aujourd’hui un lieu attachant à l’écart des grands axes actuels, reflet s’il en est de l’impact de l’évolution de nos modes de vie. Quand on y est, on y est bien ! Les habitants de ce quartier discret de Decazeville se mobilisent pour en entretenir le charme et en cultiver la mémoire du lieu.

Entre la ville et le Lot, sur son promontoire, la chapelle Saint-Roch semble observer, protéger et veiller sur la vallée et le Bassin decazevillois. C’est vers 1510 qu’une chapelle a été édifiée et vouée à saint Roch, à l’emplacement, même, d’un ancien sanctuaire sur le puech de Born. Connue de tous, "la Capèla" a été un lieu de dévotions contre toutes les épidémies, certaines maladies infantiles et même celles des animaux des fermes avoisinantes. Elle est également, depuis toujours, un lieu de passage et de culte pour les pèlerins "romius" et de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Un peu d’histoire…

La paroisse de Livinhac-le-Haut était très étendue. Elle était coupée en deux par la rivière Lot. Les habitants de la rive gauche, de Saint-Roch, de Bouquiès et des Estaques devaient la traverser, parfois au péril de leur vie, pour se rendre à l’église de Livinhac alors qu’ils disposaient d’une chapelle. Après plusieurs tentatives au cours des siècles, c’est en 1782 que l’évêque de Rodez accepta la création de la nouvelle paroisse de Saint-Roch et nomma curé l’abbé Antoine Garric vicaire à Livinhac. Celui-ci s’investit rapidement et met en place les structures d’une paroisse avec l’aide enthousiaste de la population.

La Révolution de 1789 perturbe un temps les élans et les projets. Le calme relatif retrouvé, la jeune paroisse doit composer avec Livinhac-le-Haut dont elle en est de nouveau dépendante.

Les différents prêtres nommés à Saint-Roch se sont mobilisés auprès de la population pour trouver un fonctionnement satisfaisant et conquérir une certaine autonomie par rapport aux paroisses voisines. C’est dans la plaine de Bouquiès que, dès le Moyen Âge, les habitants ont commencé à extraire (la pèira négra), le charbon. Et encore au XIXe siècle, dans des conditions très rudimentaires. Ces exploitations familiales se sont transformées ensuite en concessions minières.

Avec l’arrivée de l’industrialisation et le développement des mines de Bouquiès, les mentalités ont évolué. À partir de 1835, le petit village est intégré dans la nouvelle commune de Decazeville et devient un quartier de cette cité. Il conserve cependant son caractère de village et ses particularités, comme siège d’une paroisse, comme lieu de pèlerinage et de passage pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, ainsi que pour les voyageurs faisant une halte aux Estaques.

En 1888, une croix monumentale est érigée sur le point le plus haut de la contrée : le puech de Milhagues, avec une vue circulaire sur toute la paroisse, à 400 mètres d’altitude. Les habitants des hameaux de la colline Saint-Roch l’ont façonnée à travers le temps pour en faire ce site remarquable pour l’histoire de la vallée du Lot et du Bassin et incontournable pour les pèlerins.

Ils veulent créer, ainsi, un nouveau lieu de pèlerinage pour mettre le pays sous la protection divine car le phylloxéra fait des ravages, des maladies déciment les troupeaux, les conflits sociaux sont présents dans les usines et les mines et le chômage sévit.

Le pèlerinage se tient le 16 août, fête de saint Roch, avec l’accord de l’Évêché. Les paroissiens prennent l’habitude de chômer ce jour-là.

Les fidèles et toute la population se mobilisent pour aménager ce nouveau lieu de pèlerinage. Des dons et des aides permettent de dresser une grande croix faite avec le bois d’un grand chêne offerte par la famille Lagarde de la Réclusie. Après avoir subi les assauts d’une tempête en 1913, la statue du Christ est réparée à la fonderie de la Vitarelle (Lagarrigue). Cette réparation est exécutée gratuitement selon le principe que l’"on ne fait pas payer pour réparer le Bon Dieu". Plus tard, une nouvelle croix en fer de plus de onze mètres, fabriquée par les frères Clots, de la Vitarelle, est érigée à l’emplacement de l’ancienne. En 1948, une statue de la Vierge est ajoutée sur le piédestal. Très abîmée, elle a été remplacée en 1984 par une nouvelle statue, œuvre d’Hervé Vernhes, sculpteur à Peyrusse-le-Roc.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, le numéro 139 de la revue Sauvegarde du Rouergue dans laquelle l’auteur André Romiguière relate l’histoire intégrale de la paroisse, sera bientôt disponible en différents points de ventes et au siège de l’association union sauvegarde du rouergue, www.unionsauvegardedurouergue.fr

Les dernières restaurations

La chapelle. En 2004, les habitants de Saint-Roch, dans un bel élan, ont rénové l’intérieur de la chapelle. Après avoir fait réviser la toiture, ils procèdent à la réfection intégrale du plafond qui menaçait ruine en lui donnant la forme d’une carène de bateau renversée. Il est réalisé en lambris et poutres apparentes.

À l’intérieur, les murs, débarrassés du crépi et avec les pierres apparentes, donnent à l’édifice un air plus accueillant, avec une corniche sur laquelle apparaissent des coquilles de saint Jacques. Deux demi-colonnes sculptées inscrivent la décoration intérieure dans l’esprit du "Camino".

La croix de Milhagues. Les affres du temps ayant mis à mal ce monument, c’est avec la même ardeur que des bénévoles se lancent dans sa rénovation. Une souscription est ouverte, car une telle opération doit faire appel à des professionnels pour soutenir l’enthousiasme et compléter l’investissement des bénévoles

Association et vie de quartier

L’association "foyer populaire Saint-Roch", très active, propose toujours des animations comme l’Estacada, pour favoriser les retrouvailles, le théâtre, avec la compagnie locale "du Loup, du renard et de la belette", le spectacle "Chemin de Roch, son, lumière et geste" qui s’est produit une trentaine de fois à travers la France et même en Italie depuis sa création en 1988.

Aujourd’hui, après une mise en sommeil due en partie à l’actuelle crise sanitaire, les habitants de Saint-Roch et des alentours ont le projet de relancer toutes ces activités, pour renouer le lien humain et social.

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